2022-C-Lc 20, 27-40-samedi de la 33e semaine ORDINAIRE- un insondable avenir

 Année C : samedi de la 33^e semaine ORDINAIRE (litco33s.22)    

Lc 20, 27-40 : notre avenir, un insondable océan.      

J’ouvre cette réflexion sur l’au-delà de la mort par ce commentaire d’un mystique juif : la pensée ne peut pas saisir la nature divine. En d’autres mots, on ne peut pas faire le tour de Dieu. Devant cet au-delà de la mort, la sagesse humaine appelle à demeurer dans le « non-savoir » plutôt que de tout savoir. Un grand penseur et croyant, Maître Eckhart, dit que la raison ne peut jamais saisir l’océan insondable de Dieu.

Le projet de notre avenir en Dieu est insondable. Tout ce que nous entrevoyons ou pensons sur l’au-delà de la vie, ne dira jamais ce qu’est cet au-delà. Aujourd’hui, nous découvrons avec le dernier télescope James Webb que l’univers spatial est au-delà de tout ce que nous avons pu imaginer. Notre avenir est bien au-delà de notre univers spatial. Maître Eckhart reconnaît que quoique vous affirmiez de Dieu, n’est pas ce que Dieu est. Dieu n’est jamais ce que l’on dit de lui. Il est ce que l’on ne dit pas de lui.  

Cette page des sept frères appelle à plonger dans la profondeur (Jean de la Croix), à ne pas rester sur le rivage, à plonger dans les eaux profondes du mystère de notre avenir. Notre seule connaissance est celle de l’obscurité de notre foi qui implique d’abandonner bien des habitudes sécurisantes. De qui sera-t-elle l’épouse ?

Plonger dans l’océan insondable, nous détourner d’affirmations religieuses à bon marché, entrer dans une véritable profondeur, est impossible sans la contemplation et l’émerveillement devant l’étincelle d’une autre vie qui s’offre à nous et qui donne sens à notre quotidien.

Thomas d’Acquin disait que la cause de notre joie (en cette vie) nous est cachée. Cette table de l’au-delà au centre de notre foi est et demeurera toujours inconnue. Son secret n’appartient qu’à Dieu seul.

Notre plus grande joie est de prendre conscience que cette promesse d’une vie éternelle est bien au-delà de tout ce que nous pensons. Le summum de la connaissance humaine est de savoir que nous n’en savons rien. Nous sommes devant quelque chose qui transcende tout ce que l’esprit humain peut atteindre.

Cette histoire des sept maris appelle à nous familiariser avec le non-savoir, à remplacer la certitude du savoir par celle du non-savoir, dit la psychologue et mystique juive Estelle Frankel. Elle évoque un avenir si grand et si beau que nous ne parvenons même pas à les imaginer. Nous sommes en chemin vers quelque chose de beau. Ne perdons pas de vue ce chemin, la destination du voyage, l'infini auquel nous tendons. J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir.

Nous avons du mal à vivre ce que nous confessons. Les choses d’en bas nous séduisent. Ils ne pensent qu’aux choses de la terre […] mais nous avons notre citoyenneté dans les cieux (Cf. Phil. 3, 20). La question posée à Jésus n’est pas théorique. Elle va au-delà d’une simple question de salon. C’est une question de vie ou de mort dont la réponse ouvre sur un « autre » monde.  Jésus transformera nos corps à l’image de son corps glorieux (cf. Phil 3, 21).

Jésus est venu nous apprendre comment marcher à travers ce grand mystère d’un « autre » monde, à ne pas avoir honte d’y croire. Cette vie « autre » n’est pas le prolongement de notre vie. Elle n’est pas une simple survie. C’est une existence radicalement nouvelle, déjà commencée. Ce que personne n'avait vu de ses yeux, ni entendu de ses oreilles, ce que le coeur de l'homme n'avait pas imaginé, Dieu l’a préparé pour ceux qui l’aiment Dieu (cf. 1 Co 2, 9). Allons dans la joie à la maison du Seigneur (Ps 121).

 Je termine par ces mots d’un moine de Tibhrine,  je peux mourir, car je suis déjà ressuscité.  AMEN.