2020 - A- Jn 1, 35-42 -samedi 1iere semaine NOËL - interroger les interrogeants

Année A : samedi de la semaine de Noël (litan01s.20)  

 Jn 1, 35-42 ; 1 Jn 3, 7-10 : interroger les interrogeants

Jean vient de nous présenter un chemin pour annoncer Jésus.  L’archevêque émérite et théologien Mgr Rouet traduit ce chemin par une question : comment rejoindre ceux qui, au-delà de l’opposition entre croire et ne pas croire, donc sécularisés, cherchent confusément quelque chose qui les rejoigne[1] ? Il précise que Jésus se démarque des gardiens de la transmission de la loi en refusant de leur faire un beau discours. Il se laisse approcher et s’approche lui-même des chercheurs de sens.

Que fait Jésus devant ces deux disciples épris de curiosité ? Il ne part pas du principe que la curiosité est quelque chose de malsain. Il les accueille en piquant davantage leur curiosité par une question. Jésus s’émerveille devant la curiosité des deux disciples à son endroit. Il trouve belle leur curiosité. N’est-ce pas l’attitude qui ouvre sur un chant nouveau, qui fait merveille dans les cœurs!   

Il ne commence pas par leur dire que Dieu est un pur esprit, infiniment bon, infiniment aimable, créateur de toutes choses. Il ne leur demande pas de répondre à la question: qu’est-ce que Dieu, question de nos catéchismes et des catéchètes, à laquelle même des mystiques n’ont pas voulu apporter des réponses. Un tel discours ne fait pas très emballant pour des chercheurs de sens. Jésus entre en conversation en profondeur avec eux. Il ne se publicise pas et ne fait pas de la propagande sur son projet de Royaume. Il engage une bonne conversation.

Jésus se fait chercheur comme eux.  Dans le concret de cette rencontre surprenante, décrite en quelques mots essentiels, nous retrouvons l’origine de tout parcours de foi, de toute attitude missionnaire. Jésus ne désarme pas ceux qui le cherchent en leur proposant, avant qu’ils ne s’expriment, des réponses très scolastiques. Il détourne tous les chercheurs de sens de réponses toutes faites. Il se fait chercheur comme eux. En les interrogeant, il s’interroge. En présence de Jésus, en interrogeant l'autre, on devient interrogés, de « chercheurs », on se découvre « recherchés ». Voilà le chemin de toute évangélisation. Interroger les interrogeant avant de donner de bonnes réponses.

Jésus veut d’abord recevoir leur  interrogation sur Dieu. Il les écoute. La mission exige de prendre le même chemin. Les gens nous parlent, s’expriment. Nous devons les écouter et arrêter de « causer religion » avec le vocabulaire classique. Quand Jésus envoie les soixante-douze disciples devant lui, il ne leur dit pas quoi dire. Il les invite à n’emporter rien, même pas de bonnes réponses. Il les envoie se laisser accueillir par les gens et s’ils ne sont pas capables, eh bien, ils coucheront dehors, dans la rue. Luc dit la même chose autrement. Avant de discourir, il faut se faire accueillir[2]. Sans un minimum d’échange presque banal, nous ne pourrons jamais annoncer Jésus. Toute autre attitude est stérile.

Le pape François, rencontrant les membres du dicastère de la communication, leur dit que leur travail n’est pas de faire de la publicité, ça endort les gens. Si vous communiquez seulement une vérité sans la bonté et la beauté, arrêtez-vous […]. Si vous communiquez une vérité plus ou moins, mais sans vous impliquer, sans témoigner de cette vérité avec votre propre vie et votre propre chair, arrêtez-vous, ne le faites pas[3].

Deux dangers nous guettent aujourd’hui : désirer trouver Jésus tout de suite. C’est dans la persévérance que Jésus se trouve.  L’autre danger : trouver Jésus par soi-même.  Jésus se découvre par l’intermédiaire d’un autre. Et pour conclure une question qui rejoint l’évangile de ce matin: dans ma vie, qui est cet autre qui m’a montré Jésus ?

Autre réflexion sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2002-vendredi-1e-semaine-noel-jn-1-35-42-nous-avons-trouve-le-messie