Année C: Lundi 5e semaine ORDINAIRE (litco05l.13)
Marc 6, 53-56 : pourquoi Jésus guérit-il ? Journée mondiale des malades
En cette journée des malades, que signifient les guérisons dans l'Évangile ? Pourquoi les évangélistes - et là dessus, ils font (enfin!) consensus - rapportent-ils que Jésus a multiplié les guérisons jusqu'en en faire son activité quotidienne ? Pourquoi a-t-il guéri la femme hémorroïsse (Mt 9, 20), ressuscité la fille de Jaïre (Mc 5, 22), délivré un possédé d'un esprit mauvais (Mc 5, 1), relevé le paralysé de son grabat (Lc 5, 24) ? Simple : pour nous montrer qu'il a pris nos infirmités et [qu'il] s'est chargé de nos maladies (Is 53, 4). Pour confirmer en acte l'arrivée d'une terre neuve. Pour nous indiquer qu'humains, nous sommes en état de cheminement (Thomas d'Aquin) vers quelque chose de meilleur, en état de devenir créatures nouvelles (Ga 6, 15). Tout cela dégage un parfum de bonté, et c’est merveilleux !
Une évidence souvent mentionnée comme raison pour ne pas croire, c'est que Jésus n'a pas détruit la souffrance, quelle soit physique, mentale, sociale, culturelle. Il s'est seulement chargé de faire sien ce chemin. Le théologien Adolphe Gesché a une formule très parlante quand il écritquedans la souffrance et la maladie c'est mon combat que Dieu mène, et c'est le combat de Dieu que je mène (in Le Mal, Cerf. p.36). Ineffable !
Par son souci de se faire proche des malades, Jésus nous montre, et on le perçoit dans cette foule qui voulait le toucher, son grand humanisme. Un humanisme qui évangélise notre souffrance; un humanisme qui vient lui donner de la profondeur. L’humanité du Christ n’est pas seulement un ensemble de qualités exceptionnelles, mais d’abord une sensibilité immédiate à toutes les souffrances humaines. Jésus démontre une sensibilité jusqu'à la perfection à notre condition humaine.
Il vient chez les siens (Jn 1, 11). Ce n’est plus une alliance de promesse, c’est une alliance d’accomplissement. Il vient donner de la consistance à nos vies souvent vécues en état de mort. Il vient proposer à nos vies marquées par toutes sortes de détresses physiques, mentales, un parcours qui énergise notre quotidien, qui l'évangélise. La mesure de l'humanité de Jésus, de la nôtre aussi, se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre (Spes Salvi, Benoît XVI, # 38).
En étant proactif auprès des malades en les touchant (Mc 5, 28), les écoutant (Dt 6, 4-9), leur manifestant une très grande attention (Mc 6, 53), le pape malade qu'était Jean-Paul II déclarait dans sa lettre apostolique sur la souffrance ((Salvifici doloris, #30) et cela rejoint ce qu'exprimait Benoît XVI, que son sens profond est double : on peut faire du bien en étant souffrant mais on peut aussi faire du bien à celui qui souffre.
Nous ne perdons jamais la paix intérieure même au milieu de nos maladies ou souffrances si nous ne voulons que ce que Dieu veut. Délivre-nous de ce mal de vouloir autre chose que sa volonté, demandons-nous chaque jour.
Saintetés, aujourd'hui la souffrance est omniprésente. Notre monde est un calvaire à ciel ouvert (Mère Térésa)que Jésus, par chacun et chacune d'entre nous, vient toucher. Nos yeux doivent pénétrer le mystère de Dieu, du Dieu souffrant qui se cache dans toute personne malade. Devant eux et pour eux, nous sommes sa bonne odeur (2 Co 2, 15). Sa lettre écrite (1 Pi 4, 11) que peut lire les souffrants. Ses mains qui apaisent la douleur. Ses yeux qui dégagent compassion. Ses oreilles qui offrent une écoute qui rassure. La profondeur de notre humanisme se vérifie à notre capacité de nous faire proche d'un souffrant, d'une compagne malade.
Si nous ne pouvons pas oser une Église neuve sans les contemplatifs et les orants, nous ne pouvons pas non plus espérer cette Église sans les malades et les souffrants. Ils sont des prédestinés, des élus, pour élever le monde au-dessus des jouissances immédiates vers une lumière toujours plus haute. Dans leur corps affaibli, se cache une belle tâche : celle de faire respirer que la résurrection est déjà réalisée. Que les temps nouveaux se réalisent maintenant.
Oui, aujourd'hui, se réalise la genèse d'un monde nouveau. Se réalise ce que vous avez entendu (Lc 1, 4, 1). AMEN.
Commentaires
Bonjour,
Soumis par Raphaël Pasquier le sam, 02/23/2019 - 04:58Bonjour,
Puis-je savoir qui a signé cette prédication ? Je souhaite en prendre un extrait pour le
Calendrier Saint-Paul 2020.
Avec mon cordial merci ! Raphaël Pasquier <raphael.pasquier@bluewin.ch>
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