Année B : samedi de la 25ème semaine ORDINAIRE (litbo25s.24) 28 sept.
Lc 9, 43b-45 : annonciation-révélation du chrétien de toujours.
Intranquillité, c’est le titre que je donnerais à ce passage. Jésus annonce à ses disciples ce que sera leur vie : une irréductible intranquillité. Il ne leur promet pas une vie paisible, une vie sans risque. Il n’y a plus de chrétiens tranquilles, observait Péguy il y a un siècle, en référence à la mort du christianisme bourgeois, installé, conforme aux exigences sociales, qui n’était pas un christianisme authentique. Avec l’Évangile, comme avec toute naissance, commence l’irréductible intranquillité.
Déjà le livre de l’ecclésiaste rapportait que ceux qui veulent suivre le Maître doivent se préparer à affronter des épreuves, des difficultés et des souffrances. Tout ce qui t’advient, accepte-le et, dans les vicissitudes de ta pauvre condition, montre-toi patient, l’or est éprouvé dans le feu, les élus dans la fournaise de l’humiliation (2,4-5).
En réalité, il n’y a jamais eu et n’existera jamais des chrétiens tranquilles. Les croyants tranquilles ne sont pas de vrais chrétiens. L’intranquillité n’est plus un titre réservé à des chercheurs plus sujets que d’autres au doute. Elle est une pandémie qui affecte tous les chrétiens. Elle affecte notre vie personnelle avec Dieu, votre vie communautaire. Comment vivre individuellement et en Église l’intranquillité actuelle ?
Jésus prévient ses disciples, tout disciple qu’ils auront à vivre sur une mer houleuse, allez au large, qu’ils ne pourront pas contourner. Il leur annonce une vie de foi hors des sentiers sécurisants d’une pratique extérieure. Il ne s’agit pas de revêtir des vêtements d’une religiosité extérieurement parfaite, de faire des choses extraordinaires ou de s’engager dans des entreprises grandioses[1]. Annonciation d’un scandale qui nous sort d’une vie tranquille où tout est réglé d’avance.
Être tranquille devant cette annonce de Jésus, c’est oublier vite ce qu’écrivait saint Jacques, montre-moi ta foi. Montre-moi tes œuvres (Jc 2, 18). C’est en prenant soin des autres que nous sommes vraiment disciples. Des pauvres, il y en aura toujours (Mc 14, 4). Jésus annonce un chemin inséparable d’une vie évangélique. Je précise de toute vie. L’épreuve est inséparable de toute vie.
On ne marchande pas avec l’exigence évangélique suprême de ce chemin. Montrer Jésus par sa vie ne sera jamais quelque chose de tout repos. Déjà l’évêque à la bouche d’or, Jean Chrysostome, rappelait que Dieu n’a condamné personne pour n’avoir pas enrichi nos temples de ces ornements superbes ; mais il menace ceux qui ne le feront pas, allusion à la parabole du riche et du pauvre (Lc 16, 19-31).
Bien loin de devoir nous effrayer, cette « annonciation » présente l’itinéraire de tout chrétien : demeurer amoureux de Jésus, fascinés par sa vie et son chemin. Il y a un temps pour chaque chose. La vie est faite de soubresaut, de moment d’enthousiasme, de moment aussi de déception, de tristesse. Descendons de la montagne, dit Jésus aux siens après un moment de gloire.
Et l’évangile se termine par une affirmation qui devrait nous interpeller : mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, elle leur était voilée. Serait-ce vanité des vanités que de ne pas comprendre cette parole ?
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