Année A : dimanche de la 17e semaine ORDINAIRE (litao17D.23)
Mt 14, 23-33 : la marche sur les eaux
Quelque chose a attiré mon attention pour la première fois en lisant cet évangile. Pourquoi Pierre a-t-il crié vers Jésus de lui venir en aide ? Il a senti la force du vent. Il eut peur. Il a commencé à couler. Sauve-moi, je suis perdu. La mer était agitée, mais Pierre en avait vu bien d’autres, lui dont le métier était justement de se tenir sur la mer. Et comme tout pêcheur, Pierre savait certainement nager. Sur le point de couler, lui, expert des tempêtes sur la mer, n’a même pas essayé de se sauver en nageant. Il me semble que son premier réflexe aurait dû être de se débattre, de nager vers le rivage.
Pourtant, malgré ce peu de foi dont Jésus lui reproche, Pierre a appelé Jésus à l’aide plutôt que de nager vers le rivage. Comment expliquer son attitude, son cri, sauve-moi ? J’offre cette réponse. Pierre ne pensait plus à lui, il posait sa main dans celle de Jésus.
Depuis sa première rencontre avec Jésus sur le bord du Lac, Pierre vivait tellement dans un grand silence intérieur, a tellement été séduit par cet appel de Jésus à l’accompagner qu’il ne voyait que Jésus, ne pensait qu’à Jésus, ne vivait que pour Jésus. Son cri confirme qu’il a vraiment tout quitté, quitté son expertise de pécheur aguerri jusqu’à, pour un instant, oublier qu’il savait nager. Le centre de sa vie n’était plus sa personne. Jésus était devenu le centre de sa vie. Sa confiance en Jésus était inébranlable.
Matthieu décrit bien la situation que nous vivons comme chrétiens. Nous sommes ballottés par des vents contraires, submergés par des forces contraires. Nous vivons dans une sorte de nuit obscure. Nous ne voyons plus se lever à l’horizon un arc-en-ciel annonciateur du beau temps.
Comme croyants, nous avons perdu nos sécurités religieuses d’autrefois. Tout est devenu sombre et douteux. La religion fait l’objet de toutes sortes d’accusations et de suspicions. On parle du christianisme comme d’une religion terminale, en fin de vie qui appartient au passé. On parle ouvertement d’une ère post-chrétienne. Pour certains, la religion est un mythe naïf destiné à disparaître. Nous ne savons plus si Jésus est un fantôme ou quelqu’un de réel et vivant, ressuscité d’entre les morts.
Pour affronter cette tempête, la première lecture parle de l’urgence d’un grand silence intérieur, de vivre intérieurement un murmure de paix en saisissant avec confiance la main que Jésus nous tend. Ne nous reprochons pas notre peu de foi. Faisons confiance à cette main, à cette alliance de Jésus à nous accompagner sur nos routes. Sur la mer, Jésus s’engage à ne pas nous voir couler dans l’anéantissement.
Le message est simple : en temps de crise comme en temps de paix, faire confiance à celui qui nous dit : courage, n’ayez pas peur. Cela devrait susciter en nous une grande confiance jusqu’à passer à travers le trou d’une aiguille (Mt 19,24), une confiance qui remet debout, en marche, à consentir à s’en remettre à lui. Faire confiance, s’en remettre à un autre, cela aujourd’hui est un vrai défi.
Demandons-nous pourquoi nous avons toujours besoin d'une mer agitée pour nous laisser saisir par la main de Jésus ? Pourquoi ce beau geste d’une main, la Sienne, tendue vers nous, ne devient-il pas notre manière quotidienne de vivre notre foi ? Crions vers Jésus en temps de crise comme en temps de paix. Vivons attaché à Jésus sans pour autant nous déresponsabiliser de nos tâches quotidiennes. AMEN.
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