Année C : mercredi de la 30e semaine ORDINAIRE(litco30me.22) 26 oct.
Lc 13, 22-30 ; Ep 6, 1-9 : programme d’amaigrissement.
L’intimité avec Jésus n’appartient pas aux seuls croyants. Elle est accessible à tout humain. C’est un droit acquis depuis notre naissance. Nous sommes nés pour entrer en relation avec le Dieu de notre foi. On viendra de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi prendre place au festin dans le royaume de Dieu….et ceux qui se croyaient élus et choisis seront jetés dehors.
Il n’est pas nécessaire, ou tout au moins, il n’est pas suffisant, d’appartenir à un peuple particulier, à en race, à une culture déterminée, à une institution, à une religion, même si cette religion, ce peuple, cette culture sont celles de Jésus lui-même.
Ce n’est pas important de savoir s’il n’y aura que peu de gens à être sauvés (Lc 13, 23). Ce n’est pas l’appartenance à une religion qui est importante, c’est une manière de vivre. La porte se tient fermée pour ceux qui vivent une humanité endormie. Elle se tient fermée pour ceux qui n’ont aucune ressemblance avec une humanité éveillée aux autres. Elle se ferme pour ceux qui vivent dans la rivalité, la confrontation, la lutte de pouvoir, dans une religion sans âme, sans bonté, sans respect, sans tolérance. À eux, le maître dira : je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui vivez mal votre vie. Nous vivons dans une boite fermée, hermétiquement scellée contre ce qui pourrait déranger nos tranquillités. Ce n'est pas la porte qui est étroite, mais c'est nous, qui sommes trop gros, trop larges.
Pour passer par la porte étroite, il faut être des éveillés. Je vous ai donné l’exemple (cf. Jn. 13,15). Avec Jésus, on change de religion. On passe de celle où la loi est priorisée à celle de l’amour, même de nos opposants. Un jour, Matthieu nous a décrit à sa manière cette porte : j’ai eu faim, et tu m’as donné à manger (cf. Mt 25, 35). La porte s’ouvre devant tous gestes élémentaires, donner à manger, à boire, aider les migrants, ouvrir son foyer aux sans- abris.
Jésus nous indique le chemin : recréer des tissus relationnels brisés 77 fois 7 fois ; refuser d’être « trop gros » pour passer par le trou d’une serrure (Mt 19, 23-30). La porte est un passage d’une manière de vivre à une autre, d’un monde aux mœurs néolibérales à un monde qui s’ouvre à toute sorte de différence. Elle exige un régime minceur qui court tout au long de l’Évangile. Le seul critère qui rend possible, riches ou pauvres, de passer par cette porte étroite est de cesser de vivre uniquement pour soi.
L’écrivain prolifique Hyacinthe Vulliez, dans une petite parabole, écrit : impossible pour les gens de s’installer dans une porte étroite avec leurs meubles et leurs bagages. Comment pourraient-ils entrer dans le palais avec tous leurs biens, alors que lui, le roi, leur offre tout à l’intérieur ? Comment celui qui veut tout garder pourrait-il tout recevoir ? L’argent, disait quelqu’un, n’a de valeur spirituelle que s’il sert au partage.
Une autre image me vient en mémoire. Quand un objet est tombé dans un endroit difficile à atteindre parce que trop petit pour nos grosses mains, on demande alors à une petite main, celle d’un enfant, d’aller le chercher. Ça correspond bien au message de Jésus : celui qui ne devient pas petit n’entrera pas dans le royaume. Seuls peuvent passer par la porte étroite ceux qui ont suivi un régime minceur, celui de l’évangile. À une lointaine époque, Evagre parlait de la nécessité de fondre nos graisses. Entendre, de fondre nos désirs de grandeur, de gloire, de rechercher la renommée, etc.
La porte est étroite, mais l’entrée n’est pas réservée à une élite d’initiés. La question à se poser : comment avoir une vie pas trop encombrée pour pouvoir emprunter ce passage étroit ?
À votre contemplation : De quel côté sommes-nous ? De quel côté voulons-nous être ? Préférons-nous la facilité de ne penser qu'à nous-mêmes ou choisissons-nous la porte étroite de l'évangile qui sape notre égoïsme, mais nous permet d'accueillir la vraie vie qui vient de Dieu et qui nous rend heureux ? Nous sommes des attendus sur l’autre rive dans un palais plus richement meublé que tout ce que nous possédons maintenant. AMEN.
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