Année C : samedi de la 29e semaine ORDINAIRE (litco29s.22) 22oct
Lc 13, 1-9; Ep 4, 7-16 : une Église au péril de ses lois.
Le qui es-tu, Seigneur (cf. Ac 9,3-5) de Paul sur la route de Damas est la question d'une vie, à poser et à expérimenter encore et encore. Savoir que nous ne savons pas est l’attitude première de tout priant, de tout mystique. Et le mystique est celui qui regarde le cœur, son cœur, plutôt que de s’arrêter au visible.
La réponse de Jésus à ceux qui viennent l’informer des terribles événements surprend. Elle peut choquer tant elle semble indiquer qu’il vit dans un autre monde, sur une autre planète, qu’il n’a pas les deux pieds sur terre, qu’il est complètement aveugle ou qu’il se « foute » de ce qui se passe.
La réponse de Jésus pose les fondations d’un autre Dieu qu’un Dieu punitif. Il appelle à sortir de nos habitudes de toujours nous déresponsabiliser. Le temps n’est pas, dit Jésus dans sa réponse, à nous plaindre, nous lamenter, mais à travailler pour que son rêve d’une terre nouvelle se réalise.
Jésus propose un chemin. Son attitude devant le figuier, devant notre monde d’aujourd’hui tel qu’il est, révèle l’immense compassion nécessaire pour changer de vision sur les événements, pour éviter de sombrer dans le désespoir, le découragement à la vue de ce que les nouvelles nous présentent. Ailleurs, il a donné l’image de travailler le sol, là où nous ne voyons plus d’espoir.
Nous avons besoin d’un second regard, moins spontané, moins naturel, pour voir comme Jésus. Sinon, la plupart de nos actions ne sont que des réactions et ne peuvent pas porter des fruits qui durent (cf. Jn 15, 16).
Une question, sommes-nous éveilleurs de vie ? Pour le devenir, il faut un second regard sinon le découragement sera notre quotidien. Se convertir à l’esprit de Jésus qui porte son regard sur les gens, sur le peuple de Dieu plutôt que sur leur manière d’observer les lois. Pas facile. Vatican 11 fut un concile qui a mis à jour un esprit nouveau. Sa vision a dérapé. Nos regards se crispent plutôt sur l’institution plutôt que sur l’esprit nouveau. Nous citons plus souvent le code de 1983, le catéchisme de plus de 800 pages que les textes du Concile.
Son attitude devant la tour qui tombe, devant le figuier stérile, nous plonge dans la profondeur de Dieu. Dieu sera toujours au-delà du Dieu que nous imaginons, d’un Dieu surplombant qui organise tout, qui suspend l’univers à sa volonté. Cette vision de Dieu est encore très présente aujourd’hui. Elle naît dans les cœurs incapables de se pencher, dit Bonaventure, assez bas pour le rencontrer. Tant que nous tiendrons ce langage sur Dieu, nous souffrirons d’un déficit de crédibilité.
Chaque prise de parole de Jésus, chaque image qu’il utilise invite à penser autrement, nous oblige à sortir de nos habitudes de toujours nous déresponsabiliser. Son attitude propose plutôt de libérer notre capacité d’être et de penser.
Cette tour qui tombe pose les fondations d’une nouvelle culture, celle de la vie. Si nous ne visons pas haut, si nous ne risquons pas, si nous nous contentons d’une foi à l’eau de rose, nous sommes comme celui qui veut construire une tour, mais ignore la solidité de ses fondations (cf. Lc 14,29), ne calcule pas bien les moyens pour le faire (cf, Lc 14, 29)
À votre contemplation, notre regard apocalyptique, qui ne voit que des ossements desséchés (cf. Ez 37, 1-14) révèle un grand vide intérieur. Il y a quelque chose d’incomparablement plus précieux que ce que nous voyons dehors. Il est très important que nous ne nous imaginions pas vides intérieurement. [ Si nous réalisions] que nous portons en nous un tel hôte […] nous verrions combien nos visions sont basses en comparaison de celles que nous possédons en nous (cf. Thérèse d’Avila, Chemin de la perfection # 48,2). AMEN.
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