Année B : samedi de la 17e semaine ordinaire (litbo17s.21) 31 juillet
Mt 14, 1-12 : Lv 25, 1.8-17 : avoir à cœur le bien des autres.
Le récit d’Hérodiade montre que les évangélistes n’ont pas eu peur de la transparence. Les Caïn et les Abel sont de toutes les époques. Les récits bibliques ne cachent pas les scènes d’horreur qui jalonnent l’histoire du peuple élu, la vie de Jésus, incluant sa mort en Croix.
Cet épisode sanglant est de toutes les époques. Des scènes comme celle-là font partie de notre condition humaine. Jalousie, violence, convoitise, vengeance sont des composantes de cœurs. Elles naissent aussi de l'injustice, de l'humiliation, de la frustration, de la misère et du désespoir.
S'il est une chose dont nous avons absolument à nous sauver, c'est bien de ce que Maurice Bellet appelle l’en-bas dont cette scène de l’évangile confirme qu’elle nous colle bien à la peau. La rancœur est de toujours. Elle est comme une bête, tapie derrière la porte, prête à bondir, et qu'il s'agit de maîtriser (Cf. Gn 4-7).
Antithèse de l'amour, l’en-bas qui est en nous à différents degrés est un obstacle au projet évangélique que Paul résume aux Galates : Il n’y a plus ni juifs, ni grecs, ni esclave, ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ (Cf. Ga 3, 28). Il appelle les Galates à la « résurrection » de l’humain dont l’ADN est de vivre ensemble.
Cette page fait frémir d’horreur devant la rancune d’une personne blessée par les remarques de Jean-Baptiste. Aujourd’hui, les occasions ne manquent pas de frémir d’horreur : les moines de Tibhirine, les vingt et un chrétiens coptes d’Algérie, la mort atroce du père Jacques Hamel. Au Mexique, c’est presque quotidiennement que des têtes sont coupées par les barons de la drogue.
Nous sommes entourés par les ombres d’un monde fermé sur lui-même (Andrea Tornielli). Le magazine Forbes d’avril 2021 montre une autre forme très subtile d’horreur quand l’homme est un loup pour l’homme. Il rapporte que la crise sanitaire mondiale a permis à des ultra-riches d’accroître leur fortune de 40 % simplement parce qu’ils rivalisent d’ingéniosité pour bénéficier d’une aide gouvernementale qu’ils n’ont pas besoin.
Si nous voulons éviter de descendre davantage dans l’en-bas et nous retrouver ensemble dans la clairière d’une terre fraternelle, habitable, il faut travailler notre humanisation. L’évangile présente à chaque page un Jésus soucieux de nous voir « travailler » notre vivre ensemble. Nous sommes tous frères à condition de changer de paradigme social de couper les têtes pour celui du bon samaritain, comme l’indique la lettre sur la fraternité.
Cette scène de l’évangile est un exemple qu’une personne envieuse est incapable de bonne entente, de fraternité. Elle se tourne plutôt des comportements de l’en-bas jusqu’à tuer. C’est un mal chronique, dit le pape François. Il précise qu’une personne envieuse a du vinaigre au lieu du sang dans ses veines[1].
Attention, ne voyons pas seulement les en-bas de notre société. Observons que les Jean-Baptiste sont nombreux aujourd’hui. Ils ont le visage de ceux qui désirent, cherchent et ont à cœur le bien des autres (Cf. EG n.178), qui travaillent à l’instauration d’un monde que Jésus appelle le royaume de Dieu (Cf.EG n. 180). Cela exige une déprise de soi afin de conserver l’émerveillement, la fascination, l’enthousiasme de décroître pour qu’Il croisse.
Cette déprise se retrouve aussi dans tous ces petits gestes anodins que le monde entier ne pourrait contenir dans un livre (cf. Jn 21, 25). Elle ouvre sur un temps de jubilation dont parle la lecture. Si nous posions tous les jours des petits gestes de libération de nos tendances d’en-bas, nous ferions un petit pas d’oie vers une vie jubilaire. AMEN.
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