Année B : samedi de la 10e semaine ordinaire (litbo10s.21)
Lc 2, 41-51 ; 2 Co 5, 14-21 : l’émerveillement ouvre ce qui est fermé.
Pourquoi me cherchez-vous ? C’est une question semblable que Jésus pose à Marie-Madeleine pleurant devant le tombeau vide : qui cherches-tu (Cf. Jn 20, 15) ? Les anges posent à nouveau la question aux femmes au matin de Pâques : pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? (Cf. Lc 24, 5). Il est question de disparition. Jésus échappe à Marie et Joseph. Il nous échappe. Il nous file comme l’eau entre les doigts. Il nous passe sous le nez et l’instant après, il n’est plus là.
Il est facile de comprendre le lien entre ces trois jours de recherche de Marie et Joseph et les trois jours précédents le matin de Pâques. Trois jours d'angoisse (v. 48) pour Joseph et Marie. Trois jours pendant lesquels Jésus est mort pour ses parents. Les retrouvailles au 3e jour préfigurent la joie de la résurrection.
Cette question de Jésus s’adresse à chacun d’entre nous. Qui cherchons-nous et non que cherchons-nous ? Cherchons-nous Jésus-Christ ou autre chose ? Où le cherchons-nous ? Il est facile de remplacer le Christ par quelque chose. On le remplace par une doctrine, une tradition, des rites, un lieu qui sont autant d'éléments figés, fixés dans le temps, alors que Jésus est vivant. Les femmes au matin de Pâques en savent quelque chose, elles qui ont remplacé leur recherche de Jésus par un tombeau vide, lieu d’immobilité par excellence. Il n’est pas ici.
Qu’est-ce que nous faisons quand nous cherchons quelque chose ou une personne ? Nous demandons à notre entourage, contactons des amis, collectons des informations à gauche et à droite. Nous sommes aux aguets des moindres signes ou indices, demeurons en mouvement, souvent agité et angoissé, prêt à nous déplacer, à délester bien des choses. Nous mettons la maison à l’envers, comme la femme qui a perdu une drachme (Cf. Lc 15, 8-10). Marie et Joseph se sont donnés de peine pour trouver Jésus.
Ils n’ont pas trouvé dans leur entourage. Ils ont dû délaisser leurs amis, leurs familles. Jésus n’était pas où le gros bon sens pouvait leur laisser croire. Jésus n’est jamais là où l’on pense qu’il est. Aujourd’hui, Jésus n’est pas là où on espère le trouver, dans nos églises, nos traditions. Il est dehors dans le temple de la Galilée, assis avec toutes sortes de gens, intellectuels comme ignorants, croyants comme incroyants.
Où, ici, cherchons-nous Jésus ? Dans le tombeau de nos redites, de nos principes qui nous valorisent aux yeux de Dieu et des autres ? Dans le cycle de vos vies répétitives ? Dans l'hyperactivité ? Dans l'angoisse comparable à celle de Marie et de Joseph qui parcourent tout Jérusalem pour retrouver Jésus ?
Et nous pour quelle raison le recherchons-nous ? C’est la question de Jésus à ses parents. Ils le cherchent pour calmer leur angoisse. Ils se sentent responsables de la sécurité de cet enfant. Le cherche-t-il pour en prendre possession ? Ne se sentent-ils pas « possesseurs » de Jésus ?
Pourquoi cherchons-nous Jésus ? Marie et Joseph nous donnent leur réponse. Pour vivre l’étonnement de la présence de Jésus en nous, pour ressusciter comme les femmes du matin de Pâques qui délaissant parfum et aromates, courent annoncer qu’ils ont vu le Seigneur.
Évitons le reproche de Jésus à la foule : vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain au désert (Cf. Jn 6, 26). Il faut se dépendre d’un Jésus recherché souvent pour quelque chose plutôt que pour lui-même. Dès que quelqu’un est uni au Christ, il est un être nouveau.
En ce lendemain de la fête du Sacré-Cœur, les retrouvailles avec Jésus furent pour ses parents tout un événement et non pas un fait qui, après coup, va transformer leur présence à ses côtés. Cet événement va transformer leur quotidien. Ils comprennent en le voyant grandir que Jésus ne sera plus seulement à eux tout seul.
Chercher Jésus ne signifie pas nécessairement le trouver. Généralement, nous cherchons ce qui est perdu ou ce que nous ne possédons pas encore. Jésus n’est jamais totalement loin. Il n’est jamais totalement proche non plus. Plus j'y cherche et plus je te trouve ; plus je trouve et plus je te cherche (Catherine de Sienne).
Ouvrons nos journées avec l’étonnement de retrouver Jésus dès le réveil. L’étonnement est différent de l’admiration qui elle peut être mondaine, pousse à la recherche de ses propres goûts. L’étonnement nous ouvre à la nouveauté[1]. Aujourd’hui, beaucoup admirent Jésus, mais cela ne change en rien leur vie. Passons comme Marie et Joseph de l’admiration pour Jésus à l’étonnement de le savoir avec nous. Plus nous nous approchons de lui et plus il s’approchera de nous (Cf. Jc 4, 8). AMEN
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