Année B : samedi de la 4e semaine du temps ordinaire (litba04s.21)
Mc 6, 30-34 ; He 13, 15-17.20-21 : attirés par Jésus.
Vous connaissez l’expression «à quelle heure, la messe?». Dans notre culture autant religieuse que civile, la messe est un passe-partout qui encadre les principaux événements de la vie privée : naissance, mariage, mort. Notre vie publique aussi : Noël, Pâques, jours fériés qui étaient jusqu’à récemment des fêtes religieuses.
Aller à la messe, l’expression ne soulève guère d’enthousiasme. Elle fait partie de notre culture. Elle signifie : participer à un rituel millénaire qui n’offre que peu de place à l’expression spontanée.
Ce matin, Marc nous présente deux catégories de personnes, les disciples et la foule, qui ne cherchent pas «aller à la messe», qui ne désirent aucunement accomplir un rituel quelconque. Il nous présente des disciples et une foule qui cherchent à rencontrer Jésus. La personnalité de Jésus est si forte qu’il est recherché. Ne serait-il pas plus dynamisant de dire: je m’en vais rencontrer quelqu’un et non pas je m’en vais à la messe?
Marc nous rapporte l’essentiel. Les disciples et la foule se soucient de rencontrer Jésus. Il est plus juste de dire que Jésus les attire. Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire (cf. Jn 6, 44). Une foule, des disciples attirés par Jésus qui invite les uns à l’écart pour jaser avec eux et qui se rend aussi disponible à la foule qui le cherche. L’essentiel du message de Marc : Jésus attire et fascine. En est-il ainsi pour nous?
Jésus attire parce que les gens savent qu’ils ne seront pas questionnés sur leur capacité d’éligibilité, sur leur dignité à le rencontrer. Jésus ne s’occupe pas de cela. Il ne pose pas des questions pour enquêter sur la vie des gens. Il ne s’entoure pas aussi d’une équipe d’enquêteurs chevronnés pour mieux identifier les candidats aptes à s’approcher de lui. Jésus ne nous demande pas où nous avons été, il ne nous pose pas de questions sur ce que nous avons fait, il vient nous rencontrer, pour pouvoir restaurer notre dignité d’enfants de Dieu[1].
En lançant son programme pastoral, au débuts de son pontificat, le pape François écrit dans La joie de l’évangile (no 3) : j’invite chaque chrétien, en quelque lieu, ou situation ou il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ, ou au moins de prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur.
En participant à cette eucharistie, sommes-nous attirés par Jésus ? Nous avons le devoir, écrit le pape Jean-Paul II dans sa lettre ouvrant le millénaire, de montrer à quelles profondeurs peut porter [notre] relation avec Jésus. Cette profondeur ne se retrouve pas dans les réseaux sociaux. L’invitation à l’écart, à délaisser notre fixation sur les Instagram, les Facebook, les Tweeter, les Telegram de ce monde, est un appel à garder contact avec notre être profond. Le repos, dit un Chartreux, c’est l’oubli lucide de soi.
Marc précise que Jésus fut pris d’émotion devant ses disciples qui reviennent de mission et devant cette foule qui a marché des kilomètres pour être avec lui et tressaillir profondément devant cette parole qui les libère d’un lourd fardeau. Venez à moi vous qui peinez.
À la lecture de ce passage de Marc se dégage une forte impression que ni les disciples ni la foule ne dérangent Jésus. Il ne leur fait pas sentir qu’il est fatigué, qu’il veut la paix. Ils ne sont pas des gêneurs, des empêcheurs qui détournent Jésus de prendre un peu de repos avec les siens. Jésus leur manifeste beaucoup de compassion en lui donnant de son temps. Dans son sens le plus fort, la compassion signifie: bye-bye l’égoïsme, bonjour l’altruisme. Il leur offrira de s’asseoir et leur servira «un petit remontant», un peu de pain avant de les renvoyer chez eux.
En conclusion, une question : quel itinéraire empruntons-nous pour rattraper Jésus de l’autre côté du lac ? Les chemins sont multiples. Chacun de nous doit trouver SON itinéraire pour rejoindre Jésus de l’autre côté du lac. AMEN.
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