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2021-B-Mc 6, 45-52 - mercredi après l'Épiphanie- on se sauve ensemble

Année B: mercredi après l’épiphanie (litbn03me.21)  

Mc 6, 45-52 ; 1 Jn 4, 11-18 : on se sauve ensemble.      

En plein confinement mondial, le 27 mars dernier, le pape François lance ce cri : nous sommes tous dans la même barque. Dans son encyclique sur la fraternité (Fratelli tutti, no 32), le pape écrit que personne ne se sauve tout seul, qu’il n’est possible de se sauver qu’ensemble. Aux prêtres de Rome, il précise (2020-05-30) que personne ne peut penser à s’en sortir seul. Nous sommes tous frappés et impliqués. Marguerite Yourcenar fait remarquer que rien ne rapproche les êtres humains comme d’avoir peur ensemble.

La peur soude les gens ensemble. Elle crée une solidarité. On l’a vu dans le cénacle au lendemain de la mort de Jésus. Les apôtres étaient unis dans la peur. Les portes du lieu étaient verrouillées par peur (cf. Jn 20, 19).  Même réalité dans la barque, au milieu d’une mer agitée, voilà des disciples soudainement soudés les uns aux autres. Ils oublient qu’ils sont de droite ou de gauche, placés à la table d’honneur ou pas. Ils sont ensemble, luttant, se débattant.

La tempête, toute tempête, nous embarque dans une même barque comme la pandémie l’a démontré. Elle nous rend frères.  On se sauve ensemble (Fratelli tutti, no 32).  Nous aussi, écrit le pape dans son encyclique, sommes invités à nous mobiliser et à nous retrouver dans un «nous» qui soit plus fort que la somme de petites individualités (no 78). Plus loin, il écrit : ou bien nous nous sauvons tous ou bien personne ne se sauve (no 137). En s’adressant à des jésuites en 2018, le pape, répondant à une question, disait : si tu entres seul dans le chaos, tu finiras mal. […] Il faut toujours avancer en communauté et en fraternité[1].

Dans la tempête, les murs de l’isolement tombent et l’homme ne devient plus un loup pour son voisin. Il cesse d’être un ennemi pour son semblable. Il espère voir surgir la main tendue d’un bon samaritain. Au cœur d’une tempête, l’entraide, la solidarité et l’amour que nous avons les uns pour les autres (cf. Jn 13, 35) sont premiers. Tous rament ensemble dans la barque, et dans la même direction.

On perçoit difficilement que, même s’ils se sentent abandonnés, les apôtres ne sont pas seuls. Jésus est au milieu d’eux, ramant avec eux ; mais, pour eux, Jésus n’est pas là. Jésus est avec eux, mais eux ne sont pas avec lui. Voilà le drame des apôtres. Est-ce aussi le nôtre ?

Marc entraine notre regard sur un élément déterminant. Même absent, en prière auprès du Père, Jésus est présent à ses disciples. En priant, il les voit. En les voyant lutter contre les intempéries, il marche vers eux. Même à l’écart, Jésus ne perd pas de vue ses compagnons de route comme s’il leur disait : ce n’est pas vous qui me suivez; c’est plutôt moi qui vous suis et vous accompagne. Je suis avec vous tous les jours (cf. Mt 28, 20). Les disciples ne voient pas une lueur de résurrection vu que la tempête fait rage.

En marchant vers eux, Jésus fait sienne l’attitude des nageurs qui savent que la meilleure façon de combattre les vagues est de plonger dedans plutôt que de surfer dessus ou d’attendre que la tempête soit passée. Il indique un chemin pour nos vies, pour notre Église : plonger dedans et non attendre qu’elle passe. La peur prend naissance en nous quand nous appréhendons des événements. Une fois dedans, la peur cède la place au courage, à la lutte.

Notre vie ressemble à cette barque battue par les vagues à cause du vent contraire. La barque est notre Église, notre famille, notre mariage, nos affaires, notre santé. Le vent contraire a visage de l'hostilité, de l'incompréhension des personnes, des revers financiers, du chômage, etc. Plus la tempête persiste, moins nous avons l’énergie pour l’affronter. Un soubresaut de la vie se transforme en épreuve. C'est le moment d’entendre une parole qui m’est adressée personnellement : confiance ! C’est moi, n’ayez pas peur.

Au jardin des oliviers et sur la croix, Jésus lui-même, nous l’oublions, a connu la peur. Qu’a-t-il fait ? Il a lancé ce cri, ce cri de foi qui est le nôtre : Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Comme Église, nous vivons une longue saison agitée. Elle n’est pas pire aujourd’hui qu’hier. La différence c’est que nous sommes dans la tempête. Pour vérifier si nous sommes seuls à lutter quand la tempête fait rage, demandons-nous avec qui nous luttons; et si nous gardons intérieurement un grand calme et qu’une grande paix nous habite ? 

C’est, selon la lecture, en s’armant d’un amour mutuel que nous vaincrons toutes les tempêtes parce que,  si nous luttons ensemble, Dieu demeure au milieu de nous. Il n’y a pas de crainte dans l’amour, parce que l’entraide bannit la crainte. AMEN.

 

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Date: 
Dimanche, 27 décembre, 2020

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