Année C : mercredi de la 5e semaine du carême (litcc05me.19)
Jn 8, 31-42 : la louange au cœur de la passion
Un vieil adage chrétien dit : donnons aux autres le fruit de notre contemplation. Que contemplons-nous dans les lectures entendues ? Qu’est-ce qui nous brûle le cœur à l’écoute du récit des jeunes gens dans la fournaise et celui de Jésus au milieu d’une autre fournaise ? Au moment d’entrer dans la semaine sainte, la liturgie nous présente une double bénédiction, celle d’un roi foudroyé par la confiance de jeunes gens en leur Dieu, celle de Jésus qui louange sa relation filiale avec le Père et qui soulève tant d’incroyance chez des croyants.
Ne quittons pas des yeux ce que nous contemplons : la louange. La louange des jeunes dans la fournaise. Béni soit Dieu, à toi, la louange et la gloire éternellement, chantent-ils. Béni soit Dieu, qui m’en envoyé vers vous, répond Jésus. Les jeunes gens dans la fournaise n’ont pas une idée abstraite du Dieu en qui ils croient. Pour eux, le Dieu de leurs pères est d’abord une expérience de confiance, une expérience qui ouvre sur l’espérance. Jésus porte ce même regard filial sur son Père. Celui qui m’a envoyé est avec moi, il ne me laisse pas seul (Jn 8, 29).
Ces jeunes gens nous lancent le défi de la louange au milieu des turbulences que nous vivons dans nos vies personnelles comme dans celle de l’Église; c’est un point d’ancrage pour nous aujourd’hui. Jésus oblige au même regard. Lui, alors qu'il vit en état d’arrestation permanent, dégage un état d’admiration, de louange pour l’œuvre de son Père et qui remonte bien avant l’existence d’Abraham.
Autant les jeunes gens que Jésus dégagent une surprenante vitalité au milieu de tant d’adversité. Aucune attitude défaitiste dans nos lectures ce matin. Les jeunes gens ont trouvé leur force dans la louange. Ils savaient leur Dieu avec eux dans l’épreuve, avec eux dans la tempête. Pas uniquement avant. Pas uniquement après.
Pour eux, la louange n’était pas seulement une attitude intérieure, une attitude qui démontrait leur foi, mais ils la rayonnaient à l’extérieur. Quand les jeunes gens chantaient à toi la louange, cela signifiait pour eux la nécessité de faire briller le Dieu de leur foi, de le faire rayonner aussi.
Cette attitude de louange a tellement impressionné le roi, pourtant résolu à faire respecter son injonction, adorer la statue d’or que j’ai fait ériger, qu’il s’est fait à son tour louange pour la confiance et l’audace des jeunes gens à défier son autorité. La louange pulvérise la méchanceté des cœurs et les transforme en admiration. Elle est une manière de vivre. Je bénirai le Seigneur en tout temps. Sa louange sera toujours en ma bouche (Ps 33). En tout temps : cela se réalise quand la vie elle-même devient louange, quelles que soient ses rigueurs. Un chemin qui atteste une vie dans le Seigneur.
Et nous, qu’en est-il de notre capacité de demeurer en état de louange même aux heures les plus agitées ? Avons-nous plutôt en ces heures un regard assombri, défaitiste qui obstrue notre quotidien, notre vie de prière et de contemplative ? Ne nous contentons pas de chanter que toujours sa louange est dans ma bouche (Ps 33). Tu nous as fait pour toi, écrit Saint-Augustin ouvrant ses confessions, qui ajoute : te louer, voilà ce que veut tout homme.
Pour avoir, durant les jours saints qui approchent, les mêmes sentiments qui furent ceux de Jésus (Ep 2,5) ne perdons pas de vue le cap de la louange. Jésus a vécu sa passion dans un état de louange. Un état de sacrifice de louange.
À votre contemplation: ces mots de la préface de Pâques qu’anticipaient les jeunes gens dans la fournaise et que Jésus a chantés en menant une vie louange et gloire : Vraiment, il est juste et il est bon de te glorifier, Seigneur, en tout temps, mais plus encore en ces jours où le Christ, notre Pâque, a été immolé. Car il est l’Agneau véritable qui a enlevé le péché du monde : en mourant, il a détruit notre mort ; en ressuscitant, il nous a rendu la vie. C’est pourquoi le peuple des baptisés, rayonnant de la joie pascale, exulte par toute la terre, tandis que les anges dans le ciel chantent sans fin l’hymne de ta gloire.
Devenons louange et gloire. AMEN.
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