Accueil : Peu importe le nom que nous donnons à cette journée, fête de la rencontre pour les chrétiens d’Orient, fête de la lumière pour les chrétiens de l’Occident, fête de la chandeleur, fête de la purification de la Vierge au Temple avant la réforme liturgique et maintenant fête de la présentation de Jésus au Temple, allons à la rencontre du Seigneur, vénérons son mystère, entrons dans sa Lumière.
Année C : Présentation de Jésus au Temple (2019)
Lc 2, 22-40 : l’aube de toute histoire de foi
Quelle belle image à contempler que cette rencontre de deux jeunes parents avec celle de deux vieillards. Ne regardons pas sans intérêt cette rencontre. Ne passons pas outre non plus parce qu’elle y cache l’aube de toute histoire de foi. Le jeune couple voit leur mission se dessiner et les anciens réalisent leurs rêves. L’Orient chrétien appelle ce jour, la fête de la rencontre.
Ne passons pas sous silence que cette rencontre fut reconnue non pas par les prêtres et les docteurs de la Loi, mais par deux pauvres de Yahvé. Syméon n'appartient pas à la caste sacerdotale. Il était simplement un homme juste et religieux qui attendait la Consolation d'Israël. Anne était une veuve qui avait passé toute sa vie dans le Temple à louer Dieu. Ils sont des pauvres, mais ont des yeux qui voient.
Cette visite de Dieu dans son temple sera suivie d’une autre à l’âge de douze ans, puis de plusieurs autres. Chaque fois, elles seront reconnues par des rejetés de la société, ceux-là qui gisent sur le bord des routes, ceux-là dont l’étable est leur seule demeure. Chaque fois, elles apporteront des transformations radicales et soulèveront des confrontations fracassantes avec les agents de la loi et du culte. Depuis cette entrée dans le temple, l’essentiel n’est plus le respect d’une loi, mais la rencontre avec celui dont Syméon et Anne ont reconnu comme lumière des nations.
Rencontre : il y a dans ce mot l’aube de toute l’histoire de la foi, l’aube de votre venue ici que ce jour souligne. Cette journée offre à voir non pas des professionnels du sacré ni des activistes de la foi, mais des croyants et croyantes enflammés par une rencontre de Jésus dans leur vie. Cette journée nous conduit à faire mémoire des belles choses que Dieu fait pour nous, pour chacun de nous. Dans une audience récente[1], le pape suggérait à la foule sur la place Saint-Pierre un petit exercice : combien de belles choses Dieu a-t-il faites pour moi ? Faisons cet exercice aujourd’hui.
Vous souvenir de votre entrée dans la vie religieuse pour maintenir en alerte l’enthousiasme de ce jour où vos yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël (Lc 2, 30-32). Vous souvenir que le jeune couple ne pouvait pas offrir grand-chose. Il présente l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Ne laissez pas, dit Saint Basile, tomber ce souvenir dans l’oubli parce qu’il oriente toute une vie (Règles brèves, 56). Vous souvenir que vous n'avez pas offert deux petites tourterelles ou colombes, mais vos personnes. Vous souvenir que vous ne vivez pas en permanence dans cette église abbatiale, mais en permanence dans le Temple de vos cœurs.
Comme la prophétesse Anne, vos pensées sont orientées vers les choses divines. Comme Syméon, vous agissez sous l’influence de l’Esprit de Dieu. Comme Marie et Joseph, vous n’avez rien d’autre à offrir que la simplicité et la pauvreté de votre vie. Comme Jésus, votre cœur non partagé, vous fait dire : Je suis venu faire ta volonté ou comme Marie vous dites : Je suis la servante du Seigneur.
Heureuse Église qui voit en vous de belles choses! Par principe, de belles choses sont rarissimes à trouver. Être des consacrés, disait le pape François dans son discours à la curie en décembre dernier, ne veut pas dire nous comporter comme un cercle de privilégiés qui croient avoir Dieu dans la poche, mais comme des personnes qui savent qu’elles sont aimées par le Seigneur bien que pécheresses et indignes. Les personnes consacrées ne sont rien que des serviteurs qui doivent donner en temps voulu le beau fruit de la vigne (cf. Mt 20, 1-6). Une journée pour ne pas tomber dans la lassitude de l’espérance (Pape à Panama) qui rend nos rencontres avec Jésus ennuyeuses.
À votre contemplation : qui est aveugle à ce beau geste de parents offrant leur premier né au Seigneur l’est à toutes choses. Qui contemple la beauté de ce geste regarde de la même manière les hommes et femmes. Qui entre dans le temple pour accomplir une loi de reconnaissance en ressort voyant par le cœur et avec des yeux de charité, des yeux de foi et d’espérance. Je vous souhaite de voir avec les yeux du cœur votre vie de consacrée. AMEN.
Ajouter un commentaire