Année B : samedi 27e semaine ordinaire (litbo27s.15)
Luc 11, 27-28 : Y-a-t-il erreur sur la personne ?
Quelle admirable compréhension de qui est Jésus que cette déclaration de cette femme qui élève la voix au milieu de la foule ! Quelle étonnante et belle réponse de Jésus qui projette sur nos vies le même regard qu’il a sur sa mère !
Ce matin, cette déclaration de Jésus, heureux plutôt ceux qui écoutent, devrait susciter en nous une parole de louange (Ps 65, 8) tant son regard sur nous nous donne vie (Ps 65, 9). Elle devrait aussi faire entendre notre gratitude pour ce Jésus qui dans sa réplique nous fait voir les entrailles de miséricorde [de son] Père à notre endroit. Cette femme anonyme a reconnu Jésus comme l’Incarnation de la miséricorde du Père. Très profond comme regard sur Jésus. Jésus lui retourne avec une hauteur inégalée qu’elle ressemble à sa mère.
Jésus reconnaît que le regard de cette femme sans nom porte sur lui est authentique. À cette femme qui vibrait de tout son être en se régalant de ses paroles, qui intuitionnait dans son être de femme que Jésus venait de Dieu (Joseph Moingt) tant émanait chez ce thaumaturge une profondeur humaine inégalée, Jésus lui fait le cadeau de lui révéler qu’elle dit vrai. Comment ne pas ici nous souvenir de cette autre parole de Jésus : Père, je te rends grâce d’avoir révélé cela aux petits (Mt 11, 25).
Cette femme, perdue dans la foule, a vu Dieu en Jésus et Jésus confirme cela. Lui qui a refusé aux grands de ce monde qui ne cessent de l’interroger, de le harceler sur qui il est, il le révèle aux petits de ce monde. En déclarant heureux ceux et celles qui comme sa mère, reconnaissent qu’il élève les humbles, Jésus leur redonne toute leur dignité.
Heureux ceux qui entendent la Parole de Dieu! Déclaration-restauration de notre dignité. Déclaration qui suggère que Jésus voit la beauté des cœurs qui entendent la Parole de Dieu. Déclaration qui nous réintroduit dans la maison de Dieu. Qui nous refait fils retrouvé perdu que nous étions (cf. Lc 15). Ce regard de dignité traverse les siècles jusqu’à nous. Ce regard est une réponse subtile à la question que Jésus posait à ses disciples, pour vous qui suis-je ? Jésus vient de Dieu pour nous sortir de notre trou noir.
Le psaume (Ps 96), ce matin, nous indique un chemin pour entrer dans la joie que cette femme de la foule éprouve en écoutant Jésus. Celui de nous donner un cœur simple capable de s’émerveiller, de pénétrer l’être Jésus. Mais qu’est-ce qu’un cœur simple ?
C’est un cœur qui ne renonce pas malgré ses failles à s’approcher d’une vie ressemblance à celle de Jésus. Un cœur qui ne veut pas connaître la méchanceté malgré ses failles, ses blessures ontologiques. Un cœur qui ne désespère pas malgré les creux et méandres de la vie, devant ses abîmes intérieurs, à s’ouvrir à la miséricorde de Dieu. C’est un cœur qui garde la joie de se savoir regarder par Dieu.
Heureux ! Que personne nous volent cette joie d’entendre la Parole de Dieu ! Heureux ceux qui entendent cela devrait nous éviter l’anesthésie du cœur ou que l’accoutumance s’empare de nos vie (Pape François, homélie à Washington, 23 sept. 2015). Heureux d’entendre, cette parole est une nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle (Jn 6, 27)! Heureux qui dans un dialogue personnel et quotidien avec Jésus est capable de rendre grâce à Dieu, de faire mémoire de Lui, en voyant avec le même regard de Jésus cette foule assoiffée de voir poser sur elle un regard qui sauve. Un regard de miséricorde.
Comme Marie, comme cette femme, nous sommes les mères de Dieu quand nous accueillons, protégeons et prenons soin de la Parole de Dieu. AMEN.
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