Année C : Mardi 31e semaine ordinaire (litco31m.13)
Lc 14, 15-24) invités remplacés par des pauvres: le grand souper
Aujourd’hui, peut-être plus encore que dans le passé, on peut se laisser distraire par les préoccupations et les problèmes de ce monde, et se laisser fasciner par des fausses idoles. Ces paroles, François les adressait récemment aux Carmes lors de leur chapitre général. Il ajoutait notre monde éclaté a besoin d'un regard intérieur et contemplatif. Un tel regard et qui manquait aux invités dont parle Luc, nous fait voir des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont pas montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment (1 Co 2, 9)
Le drame de notre monde obnubilé par l'avoir, ne semble ne plus percevoir la richesse qui se cache sous cette invitation au repas. Si nous contemplons cette parole, cette belle image parabolique que Jésus nous offre, nous découvrirons que notre Dieu est en recherche de convives, que notre Dieu est un Dieu mendiant en recherche de mendiants capables de recevoir les bonnes choses qu'il veut bien donner.
Cette parabole nous parle, ou devrait nous parler d'une invitation à entrer dans une grande intimité avec Dieu, ce Dieu qui exprimait François dans son entrevue avec le journaliste Scalfari n'est pas un Dieu catholique car il n'existe pas de Dieu catholique, il existe un Dieu. En Jésus, ce Dieu a tout fait pour nous faire part de son désir de nous voir près de lui. Nombreux sont les passages de l'Évangile où Jésus cherche la proximité avec les gens, parce qu'il n'accepte pas de prendre son repas tout seul. Il s'invite à des tables. Il salue un cortège de mort. Dans notre texte, ce matin, il remplace des invités d'honneur par des invités initialement non invités.
Venez, maintenant le repas est prêt (Lc 14,17). Dieu, notre Père, veut que nous soyons avec Lui; il veut tous les hommes et toutes les femmes du monde à ses côtés, chacun et chacune d'entre nous. Ce mot venez est l'un des plus doux de la bible. Il caractérise Dieu et la chaleur de son invitation. Peut-être que certains n'aiment pas entendre cela mais ceux qui sont le plus proche du cœur de Jésus sont les pêcheurs car Il va les chercher, il les appelle tous : « Venez, venez ! ». N'est-il pas d'abord venu pour les malades ?
Mais une question surgit : avons-nous envie d'y aller ? D'être des invités de Dieu ? Bien que l'on sache que cette table est la meilleure possible, la plus riche en miséricorde (Ep 2, 4), qu'elle est non négociable même si nous la trouvons trop généreuse pour nous, nous sommes capable de laisser passer la meilleure offre que Dieu puisse nous faire: partager sa maison, entrer dans son intimité, son éternité. Quelle grande responsabilité que cette invitation à prendre ou la laisser !
Nous sommes, malheureusement, capables d'échanger Dieu pour toute autre chose. C'est le drame du refus de Dieu qui traverse l'histoire. Luc parle d'urgence d'aller au champ, de nourrir ses boeufs ou c'est le verset suivant notre texte, si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère et sa femme, il ne peut pas être mon disciple (Lc 14,26).
Et nous, contre quoi sommes-nous capables d'échanger l'invitation de Dieu ? À l'heure où la laïcité s'érige en nouvelle religion, à l'heure où une chartre des valeurs questionne la valeur de croire, Dieu vaut-il si peu pour que nous le substituions ou sa croix par n'importe quelle autre chose ? Avons-nous le désir de vivre dans la dépendance de Jésus comme l'exprime la règle du Carmel ?
L'avidité porte nos regards sur le sensible, sur ce que nous pourrions avoir de plus. Venez, une invitation à vivre non sans rien mais en créature nouvelle. À nous donner un art de vivre qui respecte notre être profond. À nous habiller d'un vêtement nouveau (Col 3, 10), en nous dépouillant du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses (Eph 4, 22). L’Apôtre précise : il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence (Eph 4, 23), en nous débarrassant de tout ce qui nous englue dans des comportements humainement questionnables comme colère, irritation, méchanceté, injures, grossièreté sortie de vos lèvres (Col 3, 8-9). Ce sont là des «modes tendances» très actuelles.
À vous, ici ce matin, heureux les invités au repas du Seigneur. Amen
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