ANNÉE B : SAMEDI DE LA 5E SEMAINE DU CARÊME (litbc05v.06)
Jn 11, 45-57 Devenir offrande au Père
« Renonce à ta sagesse, si tu veux être dans Ma sagesse ». Voilà qui résume tout le sens de cette journée qui commence. Tout le sens profond du Service. En d`autre mot, « choisis pour servir en Sa présence », c`est librement renoncer à nous-même, consentir à sortir de nous-mêmes, à nous refuser nous-mêmes, à « consentir à n`être rien » pour adhérer totalement à Jésus. « Nul ne peut servir deux maîtres » (Mt6, 24). Cet appel répond à notre nature humaine « originelle » qui veut qu`une vie «service » « donnée » soit une vie « offrande » de soi.
Entrer dans cette Sagesse de servir comme Jésus, c’est éprouver la joie d’une vie vécue en « union au Père » plutôt qu’une vie vécue par manière de ressemblance, de similitude à Jésus. Toute sa vie, Jésus a menée d’union à son Père, une vie cachée en son Père, une vie enfouissement, « non ma volonté mais la tienne», une vie « sacerdoce », une vie « offrande » à son Père. Une telle manière de vivre n’a en rien diminué ce qu’il était.
Jésus n’a pas seulement « offert » sa vie. Il est devenu « offrande » au Père. (Je peux offrir sans devenir offrande). Tout au long de sa vie, Jésus a connu une progression constante, une immolation permanente de tout son « MOI », de tout son être pour faire la Volonté de son Père. Toute la vie de Jésus fut une vie « d’adoration » d’« adorateur du Père ». Il a été tellement en extase devant son Père qu’il ne s’appartenait plus. Il n’a eu d’autres soucis que de posséder, d’entrer, de s’enfoncer, s’effacer dans le Père. Plus Jésus disparaissait, s’enfouissait dans le Père, plus cela le conduisait à accomplir sa Volonté d’aller au plus bas de notre humanité pour nous enfouir à notre tour dans le Père. Mystère inouï.
Choisis pour servir. Choisis pour être effacement. Choisis pour mener une vie « sacerdoce », qu’elle soit baptismale, diaconale ou sacerdotale. Voilà le sens de notre séjour ici. « Toi sers moi par manière d’union alors que d’autres servent par manière de similitude » (Marie de la Trinité)
La qualité d’un fleuve dépend de sa source. La source qui alimente le grand fleuve de notre monde, c’est nous. Et notre « nous », c’est le Christ. À quoi nous servirait d’annoncer Jésus aux non-croyants, si nous croyants vivons comme des non-croyants ? (Gal 4, 3). Servir comme le Christ, c’est entrer chaque jour plus profondément – et ces jours saints nous le redisent- dans son sacerdoce. C’est Le choisir plutôt que de se choisir.
Saints hommes, saintes femmes, comme je voudrais durant ces heures de grande intensité spirituelle que nous sachions qu’une vie de service est une vie d’union dans le sacerdoce de Jésus. Oui nous pouvons servir sans devenir service. Comme je souhaiterais que nous vivions ces heures en restant dans son sacerdoce de Gloire que sont ces jours saints qui commencent.
Nous pouvons offrir sans devenir « offrande ». Nous pouvons servir sans devenir « service ». Nous pouvons adorer le Père, faire des actes d’adoration, sans devenir « adoration », sans nous perdre en Lui, sans pratiquer ce sacerdoce baptismal d’une vie « offrande » toute consacrée au service du Père et du prochain. Il ne suffit pas d’offrir, se servir, d’adorer, de faire du bien, ni de faire le bien. Il faut aller d’offrande de soi à offrande de soi. D’adoration en adoration. De souffrance en souffrance. « Il ne faut pas nous arrêter là, il faut aller plus loin » (Angelus Silesius)
Ce que Jean nous laisse entrevoir ce matin, c’est qu’une vie dédiée à la faire la volonté d’un autre ne diminue en rien la nôtre. Elle la rend seulement conforme à la grâce de nos origines. Nous sommes « conjugalités », service. Jean nous dit que servir comme Jésus entrant sans sa Passion, c’est nous tenir en état permanent d’offrande, permanent d’immolation, dans un état sacerdotal permanent.
A votre contemplation : des heures pour perfectionner notre « offrande » au Père. « Choisis pour te servir ». Choisis pour mener une vie « offrande ». Servir est une mission – la première de toutes les missions – qui ne consiste pas à continuer le travail de Jésus, ni son Incarnation. Nous sommes choisis pour vivre une union intime avec le Père comme le Fils l’a fait et nous l’a montré. Laissons-nous choisir. Laissons-nous élire. Laissons-nous conduire par Celui qui nous a choisis pour que nous devenions eucharistie, « pain livré ». AMEN
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