Année B: Mardi 5e semaine CARÊME (Litbc05m.12)
Jn 8, 21- 30 : l'élévation du Fils de l'homme comme chemin d'émerveillement
L'émerveillement est la source de tout savoir. Cela est particulièrement vrai pour tout croyant qui se prépare à vivre la pâque de Jésus. Le chemin du Oui et de l’Amen de Jésus, dont Jean nous présente le profil ce matin, est extraordinaire et merveilleux. Il y a du sens dans le non-sens apparent du chemin de son élévation qu'annonce Jésus et qui devrait nous émerveiller.
Voir un Dieu consentir, comme la liturgie nous le fera revivre ces prochains jours, à goûter la mort (Heb 2, 9)pour nous redonner toute notre dignité ; voir un Dieu - ne nous habituons pas à entendre cela !- entrer dans le jardin du Sens (Bertrand Vergeley, Essais clés, Albin Michel, p. 37), le jardin de Gethsémani, c'est nous situer devant le geste le plus merveilleux du monde. Le plus étonnant du monde.
Ce jardin est un «jardin d'émerveillement», la merveille des merveilles, la plus grande des merveilles du monde. Oui, un Dieu - le Je Suis du début du monde, l'Incréé - accepte d'entrer dans ce jardin du sens en portant sur lui toutes les ignominies du monde. Là, dans ce jardin, s'est déroulé la «catastrophe» la plus incroyable qui soit, le versement des sueurs de sang d'un Dieu; les catastrophes actuelles sont bien «insignifiantes» tant l'extraordinaire beauté du geste dépasse notre capacité d'entendement.
Comme l'affirme saint John Fisher (vers 1469-1535), évêque, martyr, il est particulièrement extraordinaire et merveilleux que le Fils de Dieu, par amour pour l'homme, ait consenti à être crucifié et à mourir sur la croix. N'est-il pas étonnant que celui qui donne la vie à toute créature ait enduré une mort si ignoble, cruelle et douloureuse ?
Saintetés, cette montée pascale de Jésus nous fait entrevoir quelque chose de sa divinité, quelque chose aussi de notre grandeur aux yeux de Jésus. Jésus nous a tellement voulu heureux qu'il prend tous les moyens pour nous le prouver.
Oui, nous émerveiller de son OUI et de son AMEN pour que nous conservions la vie en Le regardant, hier on regardait le serpent de bronze (Nm 21, 9); le regarder est un acte plein de sens, plein de foi. L'émerveillement, c'est reconnaître que notre vie souvent au comportement moins qu'humain, puisse se transformer en vie pleine conquise par un Autre au bord de l'abime. Il nous faut longuement contempler ce OUI à la gloire, la nôtre, celle de vivre désormais en créature nouvelle, en ressuscité, et cet Amen à la Croix, la sienne, qui nous montre ses entrailles de miséricorde (Os 11, 4).
Jésus, le je Suis, a ensemencé, dans notre mort, la vie en prenant sur lui notre mort. Un Oui et un Amen divins où la compassion l'emporte afin que nous ressentions en nous la compassion de Dieu pour notre salut. Un Oui et un Amen qui parlent d'union nuptiale où Jésus consommera par son corps livré et son sang répandu notre union parfaite avec lui (Divo Barsotti). Y-a-t-il plus beau que cela ?
Devant cette montée de Jésus, son Oui et son Amen, notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante de plus sombre des labyrinthes (Christiane Singer, atteinte d'un cancer foudroyant).
Alors que pour plusieurs la vie se résume à cette recherche de l'ego, l'ego, l'ego (J.D. Salinger, Franny et Zooey, Laffont, 1985, pp.45,46), quelqu'un déclare que sa vie personne ne la prend mais qu'il la donne, qu'il est venu pour que nous ayons la vie (Jn 10, 10). Y-a-t-il plus beau que cela ?
C'est l'émerveillement de Paul à contempler ce beau geste du Je suis qui lui a fait s'écrier : loin de moi la pensée de me glorifier ailleurs que dans la croix de mon Seigneur Jésus-Christ (Ga 6, 14).Puisse ce cri-prière devenir le nôtre. AMEN.
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