Année B : Vendredi de la 4e semaine du carême (litbc04v.06)
Jn7, 2.10.14, 25-30 La fête de l’Envoyé
« Chercher Jésus » c’est quelque chose de bien. Mais déjà au 2e siècle, Origène ajoutait que d’autres cherchent Jésus pour le faire mourir. « Quiconque cherche trouve » (Mt 7,8) « Ils cherchaient à le saisir, mais personne ne portait la main sur lui car on avait peur du peuple ». Trouver Jésus pour en vivre. Le trouver pour le faire périr.
Nous entrons dans le temps de la «fête de l’Envoyé» du Père. Dans le temps du «juste attiré dans un piège parce qu’il nous contrarie (1er lect)», d’un « Dieu qui se livre à notre merci (Joseph Moingt », qui s’en remet à notre bon vouloir, à notre discrétion. «Soumettons-le à des tourments; nous saurons ce que vaut sa douceur (1er lect).» «Le monde a de la haine contre moi (Ev).» Devant nos yeux, un Dieu puissamment impuissant devant le mal qui semble prendre le dessus du bon sens qu’est cette fête des tentes.
Dans une construction dramatique, à la manière d’un scénario, Jean oriente nos regards vers la fête du Père. Le Mystère de l’Incarnation marche vers son accomplissement. Jésus marche vers sa fête, celle de sa disgrâce. Plus elle approche, plus Jésus déborde de bienveillance à notre endroit. Il monte vers sa fête «à cause de son grand amour». Jésus, fils bien-aimé du Père, pour nous éviter de tomber en « disgrâce », prend lui-même ce chemin.
Malgré son caractère dramatique, cette page dégage une atmosphère de bonté, de bienveillance de Jésus à notre endroit. Jean évoque cette fête des tentes non pas pour faire miroiter notre sens aigu à ne pas reconnaître l’Envoyé du Père mais comme un signe d’attention, de prédilection de Dieu à nous introduire dans la fête de son Royaume.
Fête de la disgrâce pour Jésus. Fête libératrice pour nous. La question d’hier est celle d’aujourd’hui « où est cet homme » que nous cherchons ? «Cet homme de bien» qui ne regarde pas le mal que nous lui faisons mais seulement son désir de nous voir meilleur. Où est cet «homme qui égare la foule» pour la détourner d’adorer le «serpent d’airain » dans le désert de notre monde pourtant assoiffé d’un meilleur?
Contemplatives, contemplatifs, comme Jésus montant à Jérusalem, notre foi nous livre à la merci, à la risée de notre entourage. Benoît XV1 soulignait vendredi dernier la journée de prière pour les missionnaires assassinés (24 en 2005 et le dernier remonte à la nuit du 17/18 mars dernier aux Indes, le Père Eusebio Ferrao) Ce chemin est celui des bien-aimés du Père, de ceux et celles qui sont proche de Dieu et proche des humains. Marie Gerin-Lajoie, cette femme fondatrice de l'Institut Notre Dame du Bon Conseil (1923), femme engagée morte en 1971, a bien compris cet appel quand elle dit « Oui Seigneur, quand même vous me tueriez, j'espérerais encore en vous (Marie Gérin-Lajoie, de mère en fille la cause des femmes Boréal Espress) Ce chemin, c’est notre croix, toujours concrète, personnelle, inattendue, étrange qu’il faut saisir pour monter vers Pâque.
À votre contemplation ces mots de la liturgie de la fête des tentes : « mon peuple, si tu pouvais m’écouter !» Si nous pouvions écouter ce Fils aimé du Père qui ne recherche pas sa gloire mais dont la gloire est de nous Le faire connaître intimement, peu importe le chemin. Cette gloire de connaître le Père nous est accessible quand nous repoussons – et c’est cela le sens profond du carême - cette « vaine gloire » qui consiste à refuser de « mourir à ce moi pour que vive en moi un autre qui est plus que moi et meilleur pour moi que moi-même » (Thérèse d’Avila, Exclamation XV11,3). Comme hier, cette vaine gloire représente un obstacle permanent au cœur profond, là ou voudrait s’éveiller en nous un chant de gloire, celle du Père qui nous permet maintenant de lui offrir son Fils pour notre plus grande gloire. AMEN
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