Année C : Lundi 4e semaine du Carême (litcc04l.10)
Jn 4, 43-54 la puissance de la Parole
Autant dans la première lecture que dans l’Évangile, la parole de Dieu apparaît réaliser ce qu’elle dit. Devant nos yeux, la puissance de la Parole. Dieu dit: Je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle! Jésus dit Va, ton fils vit. Pour Dieu créateur comme pour Jésus rédempteur, la Parole suffit pour créer et recréer. Le Père comme le Fils doivent être crus sur parole. C’est notre foi qui leur rend gloire.
Le peuple écoutant Isaïe n’avait aucun moyen sinon de croire que ce que leur annonçait le prophète se réaliserait : je vais créer une telle nouvelle. Tout semblait autour d’eux tellement comme avant. Le fonctionnaire royal n’avait lui aussi aucune certitude, aucun moyen de vérifier à distance que la Parole de Jésus s’accomplissait. L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit. Et sur la route du retour, il apprit l’heureuse nouvelle que la fièvre avait quitté l'enfant à l'heure même où Jésus parlait.
Dans la première lecture, Dieu, créateur, promet la nouveauté, une nouveauté telle, qu’on ne se rappellera plus le passé. Une nouveauté si puissante, si transformante que le peuple connaître un temps d’allégresse et de joie. On n’y entendra plus de cris ni de pleurs. Toute vie de remords, de blessures, de rancunes, sera éliminée. Comme si cela n’était pas suffisant, le texte en rajoute : Cette nouveauté de la Parole créatrice est si bienfaisante qu’elle fait émerger de la vie dans la vie – le plus jeune mourra centenaire -.
Dans l’Évangile, un étranger, un fonctionnaire païen, voit s’introduire de la vie dans la vie de son fils parce qu’il a osé croire en la puissance de la parole de Jésus : va ton fils est vivant. S’il était inquiet de son fils, il ne s’inquiétait pas de la capacité de Jésus à agir. Puissante cette parole parce qu’elle agit à distance. Puissante aussi cette parole – et c’est ce qui séduisaient les foules – parce qu’elle était agissant : elle réalisait ce qu’elle disait. Puissante est cette parole parce que cet étranger qui ne connaissait de Jésus que sa renommée sans nécessairement Le connaître vraiment, intuitionnait que dans sa personne, il était le salut de Dieu, cette Parole efficace et vivante, plus affilée qu’un glaive à deux tranchants (He4, 12). Ildétectait que Jésus était au commencement auprès du Dieu, éternelle avec lui (Jn1, 11), Dieu, né de Dieu, engendré non pas créé.
Puissante aussi cette parole parce qu’elle révélait avec beaucoup de subtilité à cet étranger, le destin, l’heure de Jésus. Dans sa réponse, Jésus laisse déjà voir son heure. C’était vers la troisième heure que Jésus lui avait dit : va ton fils est vivant. C’est l’heure de sa mort en croix. Nous dirions aujourd’hui que Jésus ne craignait pas de mettre de la profondeur, de la substance, dans le dialogue religieux.
Puissante cette Parole parce qu’elle exprimait haut et fort une solidarité en acte avec tous ceux et celles qu’écrase le malheur. Jésus Il dégageait un souci réel d’être médecin des malades. Venez à moi vous tous qui peinez sous le fardeau, et Moi je vous soulagerai (Mt11, 28). Jésus pouvait bien faire des miracles. Il pouvait bien séduire tant il parlait avec autorité, mais c’est sa compassion qui faisait courir les foules. Sans cette compassion, Jésus n’était rien. Il risquait de devenir une cymbale qui fait du bruit.
Ce que Jean nous montre du début à la fin de son évangile, c’est un Jésus enraciné, fondée sur la compassion (Ep 3, 17) cette compassion qui ajoutait comme une touche divine à sa manière de vivre. Elle couronnait, achevait en lui la beauté du Père. Elle était au commencement, au terme, au cœur de son action. Elle donnait de la puissance à sa parole. L’un des quatre évangélistes cisterciens, Gilbert de Hoyland, ajoutait qu’elle embaumait aussi suavement que le pur amour venant de son cœur.
À nous de croire en cette Parole. Dieu n’a pas besoin de nous pour accomplir ses merveilles, mais il a besoin de nous voir émerveiller, tout éveillés dans notre foi, pour chanter les merveilles de Dieu qui aujourd’hui se réalise en nous et pour nous dans cette eucharistie. AMEN
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