Année A: Lundi 4e semaine du Carême (litac04l.11)
Jn 4, 43-54 : ton fils vit
Parole du Seigneur, vient de nous dire Isaïe. Va ton fils est vivant, vient d'affirmer Jésus. Ce sont des paroles qui engendrent, créent un ciel nouveau, une terre nouvelle et qui invitent à ne plus nous souvenir du passé (Is 65, 17). Il n’est pas évident pour ce fonctionnaire royal, païen, de recevoir ces paroles comme accomplissant ce qu'elles disent, lui qui s'était déplacé pour supplier Jésus de descendre guérir son fils. Ce n’est pas évident quand la foi de ce fonctionnaire semblait subordonnée à des signes et des prodiges. Ce n’est pas encore évident d'autant plus qu'une lecture rapide nous donne l'impression que Jésus voulait se débarrasser de ce fonction na ire.
Pourtant, tout l'évangile est traversé par la mise à l'épreuve que Jésus demande comme preuve pour authentifier que sa Parole réalise ce qu'Il dit. Ce qu'elle dit. Cet homme attendait un geste d'éclat. Jésus lui offre plutôt une parole à croire. Ton fils est vivant. Hier, nous entendions une autre parole : Va te laver à la piscine. Et au puits de Jacob, il a déclaré : Je le suis, moi qui te parle. Avouons-le, ce sont des paroles qui dépassent l'entendement, des paroles-épreuves, des paroles-vie. Le fonctionnaire demandait la guérison de son fils. Il s'entend dire qu'il est vivant. Vivre, c'est plus qu'être guéri. Vivre, c'est porter en nous les stigmates de la résurrection.
Parce que cet homme est allé plus loin que d'entendre cette parole; parce que cet homme l'a reçue comme source d'eau vive; parce qu'il fut ému de toute l'attention compatissante et chaleureuse de Jésus; parce qu'il a dépassé sa première réaction de déception devant l'attitude provocatrice de Jésus - il vous faut des signes, des prodiges; parce qu'il crut à la parole que Jésus lui avait dite et [qu'] il partit, sa vie fut transformée. Sa foi l'a sauvé. C'est exactement la même attitude qu'eut Abraham, nous rapporte la Genèse, qui crut en la parole de Dieu (qui lui demandait de quitter son pays) et partit comme le Seigneur le lui avait dit (Gn 12, 4).
Tout au long des dimanches de ce Carême, la liturgie nous présente la foi comme épreuve, qui grandit dans l'épreuve. Hier (4e dimanche), c'était celle de l'aveugle devenu voyant qui a dû affronter l'épreuve des opposants, vous ne comprenez pas? Il m'a guéri et qui déclara à Jésus: je crois, Seigneur. Le 3e dimanche nous présentait cette femme, samaritaine, qui suite à une simple demande à boire, entreprit une intense, intime et pénétrante conversation de foi avec son unique Époux venu l'épouser, non sens au préalable l'avoir dépouillée (quelle épreuve!) de ses nombreux maris. Au 2e dimanche, c'est l'épreuve de la foi de Pierre qui, en descendant de la montagne du Thabor, ne voyant plus que Jésus seul, dût affronter la montagne du Calvaire. Et le 1er dimanche nous présentait l'épreuve de la tentation que Jésus a repoussée parce qu'il était en adoration devant son Père. Cette page décrit l'itinéraire de la maturation de la foi qui passe par l'épreuve.
Saintetés, cet évangile, véritable chemin de foi, il faut longuement en faire aujourd'hui notre lectio divina. Nous n'aurons jamais fini de découvrir, de redécouvrir comment la Parole de Dieu nous fait vivre. Jésus n'est pas venu prendre notre humanité simplement pour nous redonner notre beauté première, ce qui serait déjà éblouissant. Il est venu nous faire vivre de sa vie divine, nous sortir de nos congélations, de nos tombeaux comme nous le verrons dans l'évangile de dimanche prochain. À quoi nous servirait d'entendre Jésus s'écrier Lazare viens dehors (Jn 11, 43), si nous n'entendions pas ces paroles comme adressées à chacune d'entre nous?
Elle est vivante cette Parole, celle de Jésus, (cf. He 4, 12) qui possède la vie même du Père. Elle est vivante et vivifiante cette Parole qui appelle Lazare hors du tombeau. Elle est vivante cette Parole qui, proclamée à l'extérieur, est vécue intérieurement avec profondeur. Elle est vivante cette parole qui se décrit comme le chemin et la vie (Jn 14, 6).
À votre contemplation : Seigneur, viens vite. Viens vite nous faire entendre cette bonne nouvelle : nous sommes des ressuscités. Viens à nouveau, ne te fatigues pas de nous faire entendre que nous sommes des «renés» de ta Parole. Gardons-la, méditons-la, contemplons-la pour l'annoncer, pour la faire entendre à notre tour à tous ceux et celles qui ont besoin d'être guéris : Va, ton fils est vivant. AMEN.
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