Année A : Dimanche 19e semaine ordinaire (litao19d.11)
Matthieu 14, 22-33 : n'ayez pas peur !
N'ayez pas peur! Cette invitation est devenue célèbre depuis que Jean-Paul II l'a prononcée au jour inaugural de son pontificat et qui s'adressait à son peuple vivant à l'époque, derrière le rideau de fer. Jésus, nous rapporte les évangélistes, l'a souvent utilisée aussi. Et quand les évangélistes reprennent à plusieurs reprises cette même parole, cela signifie qu'elle annonce quelque chose d'important. Ce qui est important pour Jésus - et cela devrait nous rassurer- c'est que la peur fait partie intégrale de tout chemin de foi.
N'ayez pas peur ! C'est la parole que Jésus adressait à ses disciples qui avaient du mal à reprendre leur souffle après la Transfiguration de Jésus sur la montagne. C'est celle que Jésus, le Ressuscité, a répété à chacune de ses apparitions pascales. N'ayez pas peur, c'est moi. C'est parce qu'il avait peur pour sa vie que le prophète Élie dans la première lecture, s'est enfui pour se terrer sur le mont Horeb. Même s'il se savait rejeté, Paul (deuxième lecture) continue à proclamer aux Romains l’amour qu’il leur porte au nom de Jésus. C'est celle que Jésus adresse ce matin aux disciples paniqués par la mer déchaînée et par l'apparition d'un fantôme marchant vers eux à la levée du jour. Ce n'est pas un reproche mais plutôt une invitation à lui faire confiance.
N’ayez pas peur ! Un cri à entendre aujourd'hui comme hier.
Et, pour nous, cette insistance de Jésus à inviter ses apôtres, ces colonnes de l’Église, à cesser d'avoir peur, a quelque chose de rassurant et même d’émouvant. Eux aussi, tout Apôtres qu’ils fussent, témoins de tant de miracles et de merveilles, eux aussi ont eu peur. Ils ont hésité, ils ont douté, ils ont fui, comme nous. Mais ils sont toujours revenus. Et voilà bien la marque propre des vrais disciples de Jésus. Ils ne sont ni meilleurs, ni plus courageux, ni plus solides que nous, mais ils ont gardé la foi à travers toutes les épreuves, les difficultés et les échecs de toutes sortes dont celui de la mort scandaleuse de Jésus.
Ce matin, la Parole de Dieu nous permet de comprendre que nous n’avons pas à avoir honte de nos peurs. De nos peurs d'affirmer notre foi, de nos hésitations à parler de Jésus à nos jeunes, de nos craintes à se faire passer pour vieux-jeu. Un jour, nous aussi, si nous demeurons fidèlement attachés à Jésus, sans que nous sachions trop comment ni pourquoi, nos peurs, nos craintes deviendront le tremplin de notre foi. Elles nous forceront, comme le fit l’apôtre Pierre, à tendre la main vers Jésus, à crier vers Lui et à saisir sa main. Si Pierre n’avait pas osé cette folie de plonger dans sa peur, jamais il n’aurait fait l’expérience que c’est Jésus, et Jésus seul, qui peut nous sauver du gouffre des eaux et des tempêtes de cette vie.
L'attitude de Pierre indique que nos peurs nous poussent à crier vers Jésus. Lui qui a été le premier à promettre qu'il ne renierait pas le Christ (Mt 26, 35); lui qui a rejeté la Passion que lui annonçait Jésus -cela ne t'arriveras pas (Mt 16, 22) ; lui qui a refusé que Jésus lui lave les pieds (Jn 13, 8); malgré toutes ses failles et grâce à elles, il a crié au secours. Il nous invite ce matin, quand les tempêtes grondent, quand des vents contraires soufflent, à regarder Jésus. C'est son regard fixé sur Jésus, qui lui a fait vaincre tous les obstacles, tou-tes ses peurs, tous ses doutes. C'est quand il a regardé la tempête et non le Christ qu'il a commencé à sombrer.
Chrétiens, n’ayons pas peur de nos tempêtes. Elles sont la garantie de la réussite. N'ayons pas peur de notre foi fragile qui mûrit et grandit dans les tempêtes. Quand nous sommes dans un de ces moments d’épreuves qu’apporte toute vie, entendons Jésus nous redire ce qu'il a exprimé à Pierre : j’ai prié pour toi afin que ta foi ne disparaisse pas (Lc 22, 31). N’ayons pas peur de marcher avec foi sur la mer agitée vers Jésus. Sans la foi, nous ne pourrons pas survivre. Sans la foi notre monde serait vide (Élie Wiesel).En nous, cette foi est comme la marée. Tantôt elle monte jusqu’à nous avec force. Tantôt elle se retire, silencieuse et tranquille.
Pour conclure, ces mots Charles de Foucauld : Dieu se sert souvent des vents contraires (de nos hésitations, de nos peurs), pour nous amener à bon port. AMEN.
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