Année B: Dimanche 16e semaine ORDINAIRE (litbo16d.12)
Mc 6, 30-34 : Dieu notre repos.
Qu'est-ce que le repos? Ma question étonne. Elle occupe pourtant tout l'espace de nos textes ce matin. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. Vers des eaux tranquilles, [il] me fait revivre (Ps 22). Venez à l'écart, reposez vous un peu (Mc 6, 31). Venez à moi, dit l'évangéliste Matthieu, vous tous qui ployez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos (Mt 11, 28).
Pour plusieurs, le repos se trouve dans le divertissement, pour citer Pascal, qui se présente comme une sorte d'échappée anesthésiante hors d'un quotidien devenu étouffant. Pour d'autres, le repos consiste, pour un temps, à délester du travail, à s'évader dans la nature. Les agences de voyages ne proposent-elles pas des vacances nature ? D'autres espèrent seulement pouvoir vivre quelques heures sans soucis, sans inquiétudes en arrêtant leur cinéma intérieur qui fait tant de ravage.
Mais les textes laissent entendre que le repos n'est pas dans le changement d'activité ou encore dans le passage à un rythme de vie au ralenti. Il se trouve enraciné en nous. Il est inaltérable, indélébile parce que nous avons l'ADN de Dieu en nous. Inaltérable parce que nos vies sont dans leur essence même sabbat. Inaltérable, et qui dure plus que le temps dit des vacances, parce que Dieu est ton être, dit l'auteur anonyme du Nuage de l'Inconnaissance. Il ajoute et non toi le sien. Dieu est le fond de ce que nous sommes. Dieu n'est que repos quand nous cessons de le percevoir comme vivant à l'extérieur de nous. Si nous nous tournons vers l'intérieur et ne trouvons que du vacarme, c'est que nous n'avons pas atteint le fond de nos profondeurs où Dieu habite.
À l'origine, nous n'étions que repos en Lui. Que Sabbat en lui. Le venez à l'écart nous rappelle nos origines. En nous, enfouie en nous, il y a une terre pacifique, une terre paradisiaque que nous avons mise à la porte en préférant notre moi au Sien. L'auteur Fabrice Hadjadj, dans son livre Le paradis à la porte, affirme que nous préférons vivre le paradis de nos enfers parce que nous sommes incapables de nous reposer dans la beauté de nos origines. Le théologien Joseph Moingt affirme que parce que nous sommes incapables de nous laisser déranger par la joie de croire (François Varillon), par la beauté de la foi qui clame que Dieu est en nous, celui qui m'aime, mon Père et moi viendront en lui et ferons en lui notre demeure (Jn), nous optons pour une vie, une religion toute extérieure, toute centrée sur la parure extérieure.
L'appel au repos, venez à l'écart, est un appel à nous donner une vie intérieure de grande qualité. Un appel à passer du temps avec notre être qui est l'être de Dieu. Nous sommes des créatures créées pour contempler cela, pour contempler la beauté de ce paradis en nous. Dit autrement, c'est dans notre union à Dieu que nous trouvons le repos. C'est l'intimité avec Jésus qui est notre vrai repos. Notre manque d'intériorité, nos vies qui se déroulent souvent superficiellement, nos manques de contemplation nous privent de discerner que le vrai repos, celui qui répond à notre identité profonde, se trouve en Dieu. Le vrai repos se trouve dans la contemplation de cette demeure de Dieu qui est en nous, et qui est un véritable petit paradis. Thérèse d'Avila, dans son livre des demeures, affirme que souvent nous nous contentons de visiter ce château de l'extérieur.
Mais, entrer dans ce repos prend du temps, beaucoup de temps. Il nous faut, comme l'araignée dont un fil de la toile qu'elle avait tissée soigneusement a été rompue par le vent, ne pas paniquer devant la tâche ardue de retisser le fil de la merveille que nous sommes en tant que paradis de Dieu. Laissons Jésus, le berger, réparer lui-même la toile que nous sommes. Laissons le pasteur Jésus balayer sa maison qu'est notre être profond jusqu'à ce qu'il retrouve la pièce de monnaie qu'il avait perdue. Entendons Paul nous dire : C'est lui le Christ qui est notre paix...la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Et l'hymne se termine par des mots impossibles à bien comprendre tant ils nous ramènent au mystère de nos origines : nous avons accès auprès du Père. Il est notre repos. La première lecture nous disait : Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis, je les ramènerai dans leurs prairies. Elles n’auront plus ni crainte ni terreur, et aucune n’ira se perdre ! (Jér 23,3s)
Entendons Jésus nous dire tout au long de cette eucharistie: Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur (Mt 11, 28s).AMEN.
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