Année A : Lundi 31e semaine ordinaire (litao31l.08)
Lc 14, 12-14 Qui inviter à diner ?
Philippiens 2, 1-4 ayez les mêmes sentiments
Nous pouvons prononcer les paroles les plus sublimes sur l’accueil, mais si ces paroles ne sont que des belles paroles, si elles ne sont pas confirmées par des « œuvres », nous en défigurons la beauté. Nous pouvons désirer pour tous une table modestement nourrissante mais si c’est à la condition que cela ne nous brime en rien, ne nous prive en rien, nous défigurons la beauté. Ce ne sont pas les mots que nous prononçons, même les plus beaux et accompagnés de surcroît d’une musique envoûteuse, qui donnent de la hauteur à nos vies. Ce sont nos vies qui confirment la beauté de nos gestes. Elles disent ce que nous contemplons.
Quand la Parole de Dieu devient des mots extérieurs à nous, nous cessons d’être emportés par leur beauté, transfigurés par elle. Nous la défigurons et avec elle, Dieu. Si nos vies ne sont pas transfigurées par la beauté des mots, si nous n’apportons pas, ne transmettons pas la joie que nous avons d’écouter ces mots « quand tu donnes un déjeuner, invite des pauvres, des aveugles, des mendiants », si nous n’ajoutons pas de la gratuité à nos gestes, si la vie n’est pas plus belle à cause de nous, si les autres ne sont pas plus heureux, comment voulez-vous, saintes femmes, qu’ils sachent que Dieu est en nous?
Notre foi n’est une foi faite de belles paroles « à quoi cela sert-il à quelqu’un de dire j’ai la foi s’il n’a pas les œuvres » (Jc2, 15). La Parole de Dieu – cette Parole qui vient de rassembler en Synode des Pères du monde entier - n’est pas un simple texte à lire et relire. C’est Quelqu’un dont l’insertion dans le temps se fait à travers nous. Sans nous, la Parole est absente. Sans nous, ce beau texte de ce matin qui parle de la gratuité, ne sera ni lu ni entendu autour de nous. Sans nous, la Parole de Dieu devient irréelle, inexistante pour nos contemporains. Nous sommes pour l’ensemble de nos concitoyens, la « seule Parole de Dieu » qu’ils se permettent de lire dans leur journée.
Si nous ne sommes pas, ne vivons pas, ne parlons pas comme des « Paroles de Dieu », si nous désirons la sainteté à condition qu’elle ne nous oblige pas nous désencombrer de nos « moi », nous ne rendrons pas Dieu sensible à notre entourage. Nous ne le transmettrons pas non plus. Ici, comme famille apostolique, il faut nous travailler sans cesse pour demeurer des « exégèses vivantes de la Parole de Dieu » (Benoît XV1 aux Cisterciens Octobre 2008).
Mère Marie Rose n’a pas eu mal au cœur de s’asseoir à la table des petits sans rien attendre d’eux en retour. Elle est devenue dans tout le sens du terme une grande évangélisatrice en acte avant de l’être en paroles. Notre foi ne sera jamais réduite à une Parole ni à une lecture quotidienne de la Parole, ni à une célébration eucharistique. Elle ne sera jamais un simple mot, un simple Nom, fut-il celui de Dieu, ne sera jamais un symbole placé sur le mur de nos maisons ou une chaîne à notre cou, c’est une manière de vivre. Une manière d’être.
Voilà ce que saint Paul vient de nous confirmer dans la 1re lecture « s’il est vrai que dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, on s’encourage, alors ayez les mêmes dispositions, les mêmes sentiments » que ceux de Jésus. Et Paul ajoute- ce sont des paroles de Dieu - « que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même » (Phil 2,2). Nous ne comprendrons jamais toute la libération, toute la grandeur d’âme, mais aussi toute la beauté, toute la dignité qu’il y a à vivre « libre de soi », non coller à soi-même.
Saintes femmes, la Parole de Dieu est essentielle pour connaître le Dieu de Jésus-Christ. Cette connaissance ouvre sur une naissance qui nous transforme en forme de Dieu. Nous n’avons pas à créer une nouvelle manière de vivre, nous avons à la révéler comme l’a fait Martin Porres qui mena un e vie d’une telle pauvreté que de son vivant on le regardait comme un saint tant il montrait dans sa vie le Dieu révélé en Jésus.
À votre contemplation, cette page est un combat entre les honneurs et le service; entre la cité de Dieu et la cité du « moi » ou de Satan, entre ce qu’Augustin appelle « l’amour terrestre de soi-même, jusqu’au mépris de Dieu, et l’amour céleste de Dieu, jusqu’au mépris de soi-même ». Loué sois Dieu pour cette belle Parole qu’il vient de nous faire entendre. AMEN
Ajouter un commentaire