Année C: 5e dimanche du CARÊME (LITCC05D.13)
Jn 8, 1-11 Une page qui porte la signature de notre Église.
On amène à Jésus une femme prise en flagrant délit d'adultère. Et si cette femme représentait l'Église, souillée par les scandales, trainées par terre, montrée du doigt ? Si cette femme était vous et moi ? Si cette page était écrite pour moi ? Nous sommes des amants de Jésus. Nous sommes aussi des traites. Cette page de Jean n'a pas vieillie d'un brin. Elle porte la signature de notre quotidien. Celle de notre Église aussi. De notre communauté.
Tout au long de la Bible, nous lisons l'histoire de relations difficiles entre Dieu et son peuple. Les prophètes ne cessent de dénoncer les trahisons d'un peuple à la nuque raide, d'un peuple «adultère».
L'Église, vous en conviendrez, c'est l’épouse que le Christ voulait se présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée (Ep 5,27). C'est aussi pour reprendre l'accusation portée par les scribes, l'adultère prise en flagrant délit d'infidélité que tous les médias de la planète d'en faire la une de leurs journaux. Ce regard-là est de loin priorisé aujourd'hui.
Hier, c'était la femme qui doit être lapidée dit-on à Jésus. Aujourd'hui on présente à Jésus son Église. Est-ce un piège pour savoir de quelle côté il penche : va-t-il la condamner ou chercher à prendre partie pour elle ? Que va-t-il faire ?
Remarquons d'abord que Jésus reconnaît la gravité de l'acte posé. Il reconnait les faits. Les accusations sont vraies, authentiques. Mais est-ce une raison suffisante pour porter un jugement ? Jésus refuse le piège de porter un jugement moral. Il refuse de s'enfermer à tout jamais dans une attitude punitive. Il perçoit seulement que ce comportement qu'il n'approuve pas, est une chance extraordinaire d'un nouveau commencement. Jésus n'embarque pas dans le jeu des vautours aux prédictions de malheur !
Paul vient de nous dire la même chose. Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela comme moi-même j’ai été saisi. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avenir, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. La première lecture va dans le même sens: ne vous souvenez plus du passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ?
Cette course dont parle Paul est aussi la nôtre. Ce monde nouveau existe déjà. Nous marchons au quotidien vers cette puissance de la résurrection. Nous désirons au quotidien faire autrement, vivre autrement, être une Église en cheminement, en chemin,comme le rappelait le pape François dans sa première homélie. Jésus n'a pas laissé un code d'expulsion. Il n'a écrit aucun code de condamnation sur le sol. Il a simplement invité à nous regarder avant de condamner : que celui qui est sans faute lui lance la première pierre. Quel beau retournement !
On attendait de lui une affirmation. Quand il se redresse, il n’y a plus devant lui qu’une femme seule, qui n’ose pas lever la tête. Alors il lui dit avec tendresse qui est n'est pas une attitude de faiblesse rappelait François dans son homélie inaugurant son ministère d'évêque de Rome, personne ne t’a condamnée ? Moi non plus. Alors va, et ne pèche plus !
Ce renversement de perspectives se veut stimulant. Aussi chacun doit se repenser, non pas tant du dehors, selon des codes, mais du dedans. Jésus propose un regard qui relève et permet un nouveau commencement plutôt qu'un regard qui tue. Je fais toute chose nouvelle.
Précédemment, c'était l'évangile de dimanche dernier, il invitait Lazare à sortir dehors, à sortir de son tombeau, à le délier. Aujourd'hui, dans notre évangile, il se refuse à lier à jamais et dit à la femme Déliez-la et laissez-la aller ! (Jn 11,43-45). Quel beau programme à se donner pour la semaine sainte! AMEN.
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