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2022-C-Mt 6,1-6.16-18 - mercredi des cendres- vive le carême imparfait !

Année C : mercredi des cendres (litcc00me.22)      

Mt 6,1-6.16-18 ; 2 Co 5, 20 – 6, 2; Jl 2, 12-18 :  vive le carême imparfait !

Qui ne connait pas le mot carême ou le mot Ramadan ? Dans une société où l’injonction majeure est, faites-vous plaisir, ces deux mots ont peu de chance d’être entendus. Le masque, cette mesure sanitaire obligée actuellement, si contestée aussi, était pourtant le vêtement priorisé de nos carêmes, un élément de notre costume du carême. Il   ne fallait pas sortir sans notre masque.

Que l’on songe aux résolutions d’être un non-fumeur, de faire tel ou tel sacrifice, de ne pas manquer la messe, de bien faire ses Pâques, d’être « parfait » tout en se permettant un petit « laisser aller » le dimanche ! Toute notre éducation visait à « paraître bien », à vivre sur notre trente-six pendant quarante jours, à pratiquer une religion de « maquillage ». Le carême n’est pas un spectacle de performance. Ce n’est pas un mot négatif. Pourtant, pour ceux qui veulent progresser toujours plus vers Dieu (règle Saint Benoit), aller toujours plus de l’avant, son sens profond est positif. 

Positif, parce que le mot carême nous maintient en mode itinérance, en état de marche, fait de progrès et de recul. Nous marchons vers celui qui est devant nous. Notre foi sera toujours en avant de nous et non derrière nous. Je vous précède en Galilée. Nous ne possédons pas Dieu, nous le cherchons. Notre foi nous maintient en mode pascal. 

Nous commençons un temps axé sur l’essentiel. Ce temps vise non pas à discourir sur les structures, la gouvernance ecclésiale, synodale que nous souhaitons et qui a besoin d’être renouvelée ni à se crisper sur ce réel problème. Ce temps nous interroge à savoir si nous sommes signes et porteurs de cet itinérant par excellence que fut Jésus. Peut-on affirmer de nous que nous sommes des ambassadeurs à qui l’on pourrait supplier : reste avec nous, Seigneur ?

Le temps qui s’ouvre n’est pas pour devenir parfait. C’est impossible. Il nous questionne sur comment se porte nos imperfections. Nous ne sommes pas des anges. Ce qui nous est naturel, c’est de nous relâcher (Thérèse d’Avila). Il faut souffrir, dit François de Sales, notre propre imperfection pour avoir la perfection. Je ne veux pas dire qu’il ne faille pas se mettre du côté de la perfection, mais il ne faut pas désirer d’y arriver en un jour […] Il faut, pour bien cheminer, nous appliquer à bien faire le chemin que nous avons le plus près de nous et dès la première journée […] Notre imperfection nous accompagne jusqu’au cercueil.

La perfection, dit Thérèse de Lisieux, est facile parce qu'elle consiste à reconnaître son imperfection et de s'abandonner à la miséricorde de Dieu. Dans sa catéchèse (13 avril 2016), le pape François observe que l’Église, c’est-à-dire chacun de nous, n’est pas une communauté de parfaits, mais de disciples en chemin, qui suivent le Seigneur, car ils se reconnaissent pécheurs et ayant besoin de son pardon.

Dans les mots d’aujourd’hui, le mot carême se traduit : réfléchir, se questionner, se remettre en question, donner le meilleur de soi-même pour rester avec le Seigneur, même si le résultat n’est pas celui que nous souhaiterions. Ne percevons pas ce temps pour convertir les autres. Il est pour nous et pour notre salut, pour utiliser une expression liturgique.

Nous entrons dans le temps de l’authenticité. Les lectures des prochains quarante jours nous feront entendre que nous ne serons jamais parfaits. Qu’il n’y a rien de parfait. Nous aimerions tellement une société parfaite, une religion parfaite, une Église moins imparfaite. Un tel désir n’est que pure illusion, génératrice d’amertume. Autant s’y faire tout de suite : il n’y a pas d’institutions politiques et religieuses parfaites. Il n’y a pas de sociétés parfaites, de vies parfaites. Il n’y a pas d’Église parfaite. Il n’y a que de l’à-peu-près parfait, que de l’approximatif, de l’incomplet, de l’inachevé. Tous les jours amènent son lot de contrariétés, de déceptions, d’imperfections. Chaque vie a son « grain de carbonate ».

Mais ce n’est pas grave. C’est cela la condition humaine. C’est cela la vie. Il faut l’accepter comme telle. Une fois passée l’inévitable et frustrante désillusion apparaît un rayon du soleil pascal qui perce un nuage noir, fait voir germer une rose sur les décombres, le bien surgir du mal, la vie qui surmonte le désespoir de toujours recommencer.

Malgré nos bonnes intentions, il serait plus sage, plus juste, plus réaliste, plus sain de se dire enlevons nos masques. Remercions le Covid de nous faire toucher du doigt ce qu’est un vrai carême qui ne sera jamais de masquer nos imperfections. Acceptons de vivre imparfaitement ce carême. Rien n’est plus parfait que l’imparfait. Proclamons : vive la vie imparfaite. Vive le carême imparfait. C’est cela vivre un « saint » carême. Ce serait faiblesse de notre part si nous habillons les autres de toutes les imperfections imaginables et inimaginables et de se croire meilleurs alors que nous sommes tous en marche-recherche vers Jésus. AMEN.

  

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Date: 
Dimanche, 20 février, 2022

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Merci pour cette imperfection vécue et je ne peux le recevoir qu'en lui demandant pardon, de croire en Lui,en ce qu'Il soit vrai car j'ai besoin de VRAI.

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