2025-C- Mercredi de la 30e semaine ORDINAIRE (Litco30me.25) 29 octobre
Lc 13, 23-30 : porte étroite
Tous, tous, tous. Il y a de la place pour tous, tous, tous, lançait aux jeunes depuis Lisbonne le pape François. Il n’a rien inventé. On viendra des quatre points cardinaux à prendre place au festin (Lc 13, 30). Il veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tm2, 4). N’imaginons pas cette porte étroite comme une porte fermée.
C’est nous qui sommes trop gros pour y passer. Trop gros de nos « moi » ; trop gros de nos possessions ; trop gros de nos désirs de domination sur les autres ; trop gros de nos intérêts mesquins (Fratelli tutti, # 166), de nos insatisfactions, etc. Nous aimons beaucoup grimper, avoir du pouvoir, de l’argent, de la renommée, d’être à l’aise. Nous faisons souvent sentir aux autres nos désirs de pouvoir (pape François). La bonne nouvelle de l’Évangile offre un autre regard.
Jésus présente une porte libératrice de nos pesanteurs. Nous sommes constamment sur le chemin de notre pesanteur (Maurice Zundel). Platon observait déjà que tout homme est par nature ami de lui-même. Plus l’autre prend de l’importance, plus notre grosseur en prend moins. Il s’agit d’exister un peu moins pour que l’autre existe un peu plus. Tous les jours nous de-mandons au Père de nous délivrer du Mal, de nous libérer de nos pesanteurs.
La porte fermée ressemble à celle du riche confortablement installé chez lui, insensible aux demandes de Lazare (Lc 16, 19-31). Il est tellement plus facile de garder fermer son cœur, sa porte que de l’ouvrir aux autres.
La porte fermée refuse d’entendre la question de toutes les époques : qu’as-tu fait de ton frère (Gn 4, 10) ? Cette question n’est pas théorique. Nous la vivons tous les jours. Accomplir des actes religieux, observer des préceptes religieux qui ne transforment pas nos vies, c’est ris-quer de recevoir cette vive réaction de Jésus : Si tu n’aimes pas ton frère que tu vois, comment peux-tu dire que tu aimes Dieu que tu ne vois pas (1 Jn 4, 20) ? Je ne vous connais pas. Éloi-gnez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice (Lc 13, 20). Jésus questionne la sécuri-té des croyants (Léon X1V).
La porte fermée et nous vivons ce déchirement aujourd’hui, promeut le populisme, voire la haine des migrants, des gens venus d’ailleurs. Les tenants de ce chemin ne voient qu’un étranger. Ils nient l’existence de l’autre qui n’est pas quelqu’un à aimer, mais à haïr. Ils bâtis-sent un monde « sans autrui » (Jean Lavoué). Pour eux, l’autre ne mérite pas le respect. Il est « quelque chose » à exploiter, à écarter de nos chemins.
La porte fermée est le nouveau nom de l’individualisme et du totalitarisme. Quand nous utili-sons Jésus pour promouvoir sa cause, c’est un détournement de l’esprit de l’évangile. Jésus refuse toute forme d’exclusion. Toute fermeture aux autres engendre des tensions et sape la fraternité.
La porte étroite est celle où il n’y a plus ni juif ni païen (Gal 3, 8). Elle engendre un monde nouveau, une « foi nouvelle » non une croyance en des dogmes, mais une rencontre où il est plus facile d’être bon. Seul le cœur peut accueillir et donner une patrie aux sans pays (Guardini). Il ne s’agit pas seulement de vivre les uns à côté des autres, en paix côte à côte. Il s’agit plus que d’une coexistence pacifique, plus que de se regarder « yeux dans les yeux ». Il s’agit d’être Eglise La porte étroite de l’évangile est un passage pour décrocher de son « moi » afin de bâtir une fraternité réelle. Une fraternité de la table où règne l’unité dans la di-versité. Elle ouvre sur un hameau de solidarité en acte, sur un jardin où toutes les cultures se rencontrent et s’épanouissement.
Pour vous maintenant une belle porte, la porte de la foi, celle d’une vie livrée pour nous.
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