2025-C- Présentation de Jésus au temple.
Lc 2, 22-40 : un itinérant comme modèle
Première observation : Je remarque un détail dans la description de Luc. Ce ne sont pas les prêtres qui accueillent Jésus, alors que la scène se passe au Temple, mais un juste et religieux (Syméon) et une prophétesse (Anne). Ce sont des gens du « dehors », des priants ordinaires, des gens pieux, des chercheurs de Dieu qui n’ont aucune responsabilité officielle, qui ne détiennent aucun mandat. La bonne nouvelle est annoncée par des gens simples : les bergers, les hors-la-loi, souvent par des gens loin des synagogues, des temples. Luc nous fait voir que les responsables de la religion sont rébarbatifs à reconnaître Jésus. Ils sont méfiants.
Deuxième observation : Luc, dès le début de son évangile, nous montre que Jésus est cause de division. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui pourra rester debout lorsqu’il se montrera ? (Ma 3, 2). Il envisage et anticipe que Jésus connaîtra une vie houleuse. Un glaive transpercera ton cœur. Partout où il passe, il engendre de l’incrédulité. Qui est-il ce fils de Joseph et de Marie ? Pour qui se prend-il ? Jésus n’exigeait aucun certificat de bonne conduite pour s’approcher des gens. Sa liberté d’action inquiétait les tenants d’une conduite légaliste. Jésus ne cachait pas les pailles dans l’œil, mais il osait la bienveillance (Lytta Basset) qui annonçait une vie livrée à la mort (Lc 3, 22). Jésus énervait les chefs religieux. Il renverse les puissants (Lc 1, 52) chante Marie.
Troisième observation : Jésus ne reste pas dans le temple. Il retourne à Nazareth, loin de Jérusalem, comme pour indiquer que ce n’est pas seulement dans le temple, mais sur les places publiques que se rencontre Jésus. Le semeur sortit pour semer (Lc 8,5). Jésus part à la recherche de la brebis égarée (Lc 15,1). Il sort de la maison pour courir vers son fils qui revient de loin (Lc 15,28). Il visite malades et prisonniers (Mt 25, 31-35). Je vous envoie comme le Père m’a envoyé (Jn 20).
Ces trois observations indiquent un Jésus en mode mouvement. Il a quitté son ciel pour venir habiter chez nous. Il a quitté sa ville natale pour respecter la loi et se présenter au Temple. Il a quitté le Temple pour retourner à Nazareth. Jésus est un marcheur. Il ne tient pas en place. Il est un itinérant sans résidence officielle. Il marche non pour enseigner une philosophie, une idéologie, mais pour nous indiquer une « voie », une route à parcourir et la route s’apprend en marchant.
Que retenir de cette présentation de Jésus au Temple ? Je vous suggère une piste. Être des marcheurs d’espérance. Nous savons que, pour rester en bonne santé, les médecins nous conseillent de bouger, de marcher. Pour rencontrer Jésus, il faut se déplacer. Syméon et Anne malgré leur âge avancé, poussé par quelque chose de fort en eux, sous l’action de l’Esprit saint, se sont déplacés. Ils ont vu la beauté faite chair. Ils ont vu que dans la petitesse, dans la fragilité d’un enfant nouveau-né se cachent de grandes choses. Dans un élan mystique, Jean de la croix reconnaît que la vision de cette beauté me tue.
Et nous, que voient nos yeux ? Quand nous voyons quelque chose qui nous frappe, beau ou mauvais, nous en gardons un souvenir. Nous n’avons jamais fini de voir se réaliser cette beauté qui transfigure de Jésus. Nous n’avons jamais fini de voir le salut. L'œil n'a jamais fini de voir ni l'oreille d'entendre (Ecc1,7). Nous n’avons jamais fini de faire nôtres les paroles de Syméon : maintenant, mes yeux ont vu ton salut. Des paroles de guérison. Nous sommes des gens guéris de manière intérieure ou extérieure.
Reconnaissons-le, à notre âge, nous avons de la difficulté d’être vraiment ouverts à quelque chose de nouveau. Nous regrettons beaucoup le passé qui ne reviendra pas. Un psychologue a écrit que notre passé nous colle à la peau comme du Velcro alors que voir quelque chose de nouveau et profond glisse sur nous comme du téflon.
Luc nous lance un message très fort : nous n’avons jamais fini de voir comme Syméon quelque chose de neuf sur Dieu. Nous n’avons jamais fini de guérir nos regards pour voir le salut.
Je vous laisse ces mots d’un hymne liturgique : ouvre mes yeux Seigneur aux merveilles de ton amour, je suis l’aveugle sur le chemin, guérie moi je veux te voir.
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