2024-C- Dimanche de la Sainte Famille
Lc 2, 41-52 : dire du bien et non du mal
Ce n’est pas un modèle de famille que nous propose cette fête. Les deux synodes sur la famille nous ont montré l’impossibilité de proposer un modèle de famille idéal. Aujourd’hui, il y a une kyrielle de modèles. Le mot famille n’est pas un mot réservé à des personnes qui vivent sous le même toit, à la même adresse et qui sont de même sang. Famille des nations. Famille religieuse. Famille sportive. Famille royale.
Chaque dimanche, nous formons une famille. Le mot famille est souvent remplacé par celui de parenté, de lignée, de maison. On a dit de Joseph qu’il était de la maison de David. Le modèle familial encore inexistant est en avant de nous comme l’est ce que la liturgie appelle le salut du monde. La création sera toujours inachevée.
Quand on parle de la Sainte Famille, on ne fait pas allusion à un modèle, mais à une manière de vivre ensemble. Et cette manière-là est toujours inachevée. Toujours à améliorer. Nous devons apprendre à vivre ensemble tous en frères et sœurs (Ps 132). L'avenir de notre monde comme celui de notre foi dépend de notre réponse à cet appel de bien vivre entre nous. Le souhait je vous souhaite joie et paix du temps des fêtes est en avant de nous.
Dans la famille de Jésus, on se respectait, on s’émerveillait de l’autre, on acceptait sereinement les contrariétés, on priait ensemble. Autant Joseph, Marie que Jésus vivait, le voyez comme ils s’aiment. Tous les jours Jésus et ses parents amélioraient leur relation qui ne furent pas facile. Mon fils, pourquoi nous as-tu fait cela, ton père et moi, nous te cherchions. Pas facile non plus d’entendre un fils dire à sa mère qui est ma mère (Mc 3, 33) ? Pas facile de vivre le drame intérieur de Joseph.
Bref, la Sainte Famille est un atelier de pratique de la beauté de Dieu. Pratiquer Dieu, c’est vivre une relation harmonieuse entre nous, se respecter, se pardonner, s’émerveiller en permanence de l’autre. Avec les années nous perdons notre capacité de nous apprécier, de nous estimer, de nous valoriser. La famille nous ordonne au service de la charité, à vivre d’un seul cœur et qu’une âme (Ac 4, 32). Notre vocation, c’est d’apprendre à vivre ensemble, en mode fraternité, familial. C’est un projet en avant de nous.
La mondialisation nous rapproche les uns des autres, mais ne fait pas de nous des frères et des sœurs. Le Livre de la sagesse écrit : Malheur à celui qui est seul ; s’il vient à tomber, il n’aura personne pour le relever (Qo 4, 7). Nous avons été créés pour vivre en communion. Nous sommes des êtres de communion. La beauté d’être un « je » qui s’ouvre sur un « nous » et d’un « nous » qui renvoie au « je ». Cette beauté d’être fraternel est une bénédiction de Dieu. La vie ensemble peut devenir « rédemptrice » de nos blessures comme elle peut devenir « infernale ». On peut appliquer à toutes les familles, cette observation du pasteur Martin Luther King : nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.
Dans un monde où règne l’éphémère (Gilles Lipovestky) où dans les mots du sociologue Mendel vivent cinquante-quatre millions d’individus sans appartenance, sans enracinements familiaux, sociaux, le temps des convictions est plus que jamais nécessaire et salutaire. Nos convictions : vivre divinement notre condition humaine. La grande révolution apportée par Jésus est de vivre comme lui. Une préface de Noël dit cela. Il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels, capable de vivre entre nous de la vie de la Sainte Famille. Facile ? J’en doute. Le poète Didier Rimaud nous fait chanter dans une hymne : touche mes yeux afin qu’ils voient de quel amour tu me poursuis.
Mes souhaits pour vous, mes souhaits pour chaque membre de vos familles, mes souhaits pour notre monde, c’est de commencer à reconnaître que le Verbe Jésus demeure en nous (1 Jn 3,24) alors nous renaîtrons comme Nicodème malgré notre âge avancé, à une espèce de vie nouvelle, toujours en avant de nous : voyez comme ils s’aiment. Commençons. AMEN.
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