Année B : samedi de la 33e semaine du temps ordinaire (litbo33s.24)
Lc 20, 27-40 : et si nous avions un pistomètre ?
Constatons un fait. Cette femme qui s’interroge avec qui elle passera son éternité, elle qui a vécu avec sept maris, ne rejoint plus grand monde aujourd’hui. Si le thermomètre indique la température, un pistomètre (Kierkegaard) s’il existait, indiquerait le degré de notre foi en la résurrection. Cette page nous plonge au cœur du défi de la foi.
À travers cette femme, la vie change de visage. Une femme comme celle de matin de Pâques refuse d’être silencieuse sur les questions qu’elle se pose. Son questionnement sur sa relation avec l’un ou l’autre de ses maris dans l’au-delà ouvre sur une découverte fascinante, sur une conscience nouvelle que Paul identifie dans sa lettre aux Galates (3.26) qu’il n’y a plus ni hommes ni femmes. Nous sommes tous un en Jésus-Christ. Cohéritiers de la résurrection (Rm 8,17). Nous sommes enfants de Dieu et enfants de la résurrection (Lc 20,36).
Il n’est pas question de prolongement de la vie. Il est question d’une vie inimaginable, impossible à saisir, parce que construite sur ce qui ne meurt pas : de vraies relations entre nous et avec Dieu. Au commencement était la relation. Il n’y a pas de vie là où l’on prétend appartenir seulement à soi-même et de vivre sur des îles séparées. Si nous vivons seulement pour nous-mêmes, nous sommes déjà des morts-vivants. Ce n’est pas en s'isolant que l’homme se valorise lui-même, mais en se mettant en relation avec les autres et avec Dieu (document final synodal #34)
Le questionnement de cette femme éveille au divin qui est en nous. Il ouvre sur un commencement d’une espèce de vie nouvelle. Aussi longtemps que nous évacuons de notre psyché cette vie, nous sommes, écrit Ilia Deli franciscaine d’une grande érudition, des coquilles vides à la recherche de notre fondement de sens le plus profond.
Cette femme nous fait voir et comprendre qu’en chacun de nous, en chaque personne humaine, croyant ou non, se vit plus qu’une vie humaine. Elle donne de la profondeur à toute forme de vie.
Nous vivons tous, simultanément, une vie qui est divine, éternelle, infinie ; une vie qui infuse un souffle de vie à notre vie que la foi nous permet d’entrevoir. Dieu est plus près de nous que nous ne pouvons l’être de nous-mêmes (Augustin). En lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être (Ac 17,28). Nous chantons à Laudes, tu es venu dans notre nuit tourner vers l’aube nos chemins...Que lève sur terre ton Royaume.
Deux mots à retenir de ce questionnement : admiration et contemplation de quelque chose de divin en nous, d’immortel en nous. La lecture disait tantôt qu’un souffle de vie venu de Dieu entre en eux. Une voix forte disait montez jusqu’ici (Ap 11, 11-12). Nous ne vivons pas simplement une vie terrestre, ni seulement une vie humaine. Nous aspirons à plus qu’au bonheur. Le simple bien-être ne suffit pas.
Nous aspirons à quelque chose qui nous dépasse qu’on appelle la transcendance. Nous vivons une vie remplie par Dieu, une vie dans l’abondance (Jn 10.10). Notre vie d’ici-bas est déjà éternelle et cela devrait nous remplir d’une joie inaltérable. Rien ne peut nous séparer de cette vie qui jaillit déjà en nous. Nous sommes déjà ressuscités faisait remarquer à son interlocuteur qui l’interrogeait s’il avait peur le mort, Christian de Chergé, prieur des sept moines trappistes assassinés en Algérie.
Je reprends en terminant mon pistomètre et je vérifie la profondeur de ma foi en la résurrection. AMEN.
Ajouter un commentaire