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2023-A-Mt 20, 1-16- mercredi de la 20e semaine ORDINAIRE- un cadeau nocif.

Année A : mercredi de la 20e semaine ORDINAIRE (LITAO20ME.23)

Mt 20, 1-16 : un cadeau plutôt nocif.

Cette parabole des ouvriers de la dernière heure qui reçoivent autant que ceux de la première heure est choquante. Pour nous qui vivons dans une culture de la méritocratie, qui vivons relativement à l’aise, cette parabole est une attaque frontale au gros bon sens. Aucun d’entre nous n’apprécie vraiment cette parabole. Nous méritons juste un peu plus que ceux qui travaillent moins d’heures. Cette réaction se nomme un sentiment de droit. Nous avons des droits acquis.

Matthieu, par cette parabole, appelle à nettoyer notre image toxique d’un Dieu punisseur, juge. Il vient brouiller nos conceptions de la justice. Notre attitude de désapprobation de cette manière d’agir du maître, les derniers seront les premiers (Mt. 20, 16), soulève notre capacité d’élever nos regards.

La lecture de cette parabole fait surgir des questions fondamentales : aimons-nous vraiment Jésus quand il agit de la sorte ? Acceptons-nous vraiment son rêve d’offrir aux moins que rien, les petits derniers de la dernière heure, quelque chose qui leur donnerait toute leur dignité ? Désirons-nous vraiment agir comme le maître de cette parabole ? Cette parabole cache-t-elle une réalité ancrée en nous et moins évangélique : nous préférons nos droits acquis plutôt que de relever, guérir les ouvriers de la dernière heure, ces mal foutus de nos sociétés qui ont le visage de migrants, de travailleurs de nos champs.

La grande surprise de l’évangile de ce matin est que Jésus nous sort de la méritocratie et du droit acquis. L’attitude choquante du maître qui veut que les derniers n’obtiennent pas le salaire qu’ils méritent, mais plus que ce qu’ils méritent était déjà annoncée par Isaïe : voici votre Dieu. Il vient avec une justification. Il vient avec une récompense divine (Is. 35, 4). Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies (Is. 55, 8).

Que comprendre ? Jésus n’est pas un distributeur de mérites. Il change nos regards humains en les élevant à une autre réalité. Pour changer le cœur des gens, Jésus ne punit pas, ne condamne pas, n’emprisonne pas. Il les aime davantage. Cela émerge des quatre évangélistes. Sa réhabilitation passe par son amour inconditionnel.

Le message de cette parabole est déroutant. Si nous vivons de l’évangile, nous agirons différemment. Notre éducation, notre culture a inoculé en nous un virus si puissant qu’il empêche cette attitude de Jésus d’infiltrer nos veines. Nous récompensons ceux qui le méritent et punissons les non méritants.

Un fait demeure et que confirme l’expérience des aumôniers auprès de prisonniers, celle des travailleurs de la rue, c’est le regard souvent sinon toujours non mérité posé sur eux, qui les transforme, les sort de leur situation.  Moins punir, mais aimer plus. Un chemin de guérison de loin le moins fréquenté. Notre attitude est pénale. Plus un crime est grand, plus grande est nécessaire la punition. Il ne s’agit pas de s’opposer à ce système de droit.

Jésus propose aux tenants de son rêve un défi de taille :  pour sortir ces petits derniers, ces propagandistes de fake news, de les éveiller à la pratique du meilleur. Si vous vivez votre religion, dit Dom Camara, vous deviendrez différent. Admettons que cela n’est pas évident. L’amour, non l’amour de son ego, est la seule chose qui transforme le cœur humain.

Je vous offre en conclusion cette prière anonyme trouvée dans un camp d’extermination, sur un papier d’emballage. Seigneur, quand tu reviendras dans ta gloire, ne te souviens pas seulement des hommes de bonne volonté. Souviens-toi également des hommes de mauvaise volonté. Ne te souviens pas de leurs cruautés, de leurs sévices et de leurs violences. Souviens-toi plutôt des fruits que nous avons portés à cause de ce qu’ils ont fait. Souviens-toi de la patience des uns, du courage des autres, de l’humilité, de la fidélité qu’ils ont réveillée en nous. Et fais, Seigneur, que ces fruits que nous avons portés soient, un jour, leur rédemption. Amen.

 

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Date: 
Jeudi, 24 août, 2023

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