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2023-A-Jn 11, 45-57- samedi de la 5e semaine CARÊME-tu te dois à autrui (levinas)

Année A : samedi de la 5e semaine du CARÊME (litac05s.23) 1 avril

Jn 11, 45-57 : tu te dois à autrui (Levinas).

Jamais personne, écrit Ernest Renan en choquant les pontifes religieux de son époque du X1X siècle, autant que Jésus n’a fait prédominer dans sa vie l’intérêt de l’humanité sur les vanités mondaines. Il n’en est pas né de plus grand que Jésus. C’est avec ce renversement complet de perspective que nous entrons dans cette semaine sainte.

Du début à la fin des écrits évangéliques court cette certitude que Jésus est mort d’une manière infamante. Celui qui a été pendu au bois est maudit par Dieu (cf. Dt 21,22-23) parce qu’il initie à un nouveau monde qu’il appelle son royaume, caractérisé par la pratique de la fraternité. Jésus a fait équipe (le mot est du pape François visitant les autochtones au Canada), a marché avec les maganés de son temps. Il est venu ouvrir des chemins de résurrection aux maganés.

Il est pour eux une planche de salut. Son message, qu’il martèle à chaque arrêt le long de la route, est quelque chose de révolutionnaire. Jésus offre à tout le monde, sans distinction de son rang social, une fraternité inédite. Il n’appelle pas à sortir de la religion de son temps ni à devenir fondateur d’une nouvelle religion, mais à entrer en communion avec la Vie, à vivre en harmonie dans la maison commune, en communion des différences.

Jésus initie une culture salutaire pour une humanité toute repliée sur elle-même. Il n’est pas contrarié par nos échecs, nos fautes. Plus il rencontre des blessures, plus cela l’éveille à prendre soin des blessés, à s’investir corps et âme à promouvoir du neuf, à faire toutes choses nouvelles (cf. Ap 21,5). Il a sacrifié sa vie à offrir un chemin pour naître, vivre autrement. Jésus veut sauver l’humain. Il a prêché le Règne de Dieu non pas à des personnes religieuses sélectionnées, mais à des populations diverses qui affluaient de partout[1]

Son passage chez les siens est une véritable naissance d’en haut (cf. Jn 3, 3). Une véritable libération. Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau (entendre d’une religion écrasante), moi, je vous procurerai le repos (cf. Mt 11, 28). C’est son chemin pour réveiller la résurrection dans les cœurs blessés, inquiets.

C’est cette aventure de communion avec son peuple qui a conduit les chefs religieux à chercher à le tuer. Son acharnement à sortir l’homme nouveau de la coquille de l’homme ancien[2] dérange, perturbe, questionne les hommes de la religion du temps. Jésus est sacrifié aux plus hauts intérêts, ceux de la religion et ceux de l’État.  Avons-nous trahi la portée de son message ?

Nous entrons dans une semaine révélation d’un nouveau visage de Dieu, visage qui nous attire en manifestant un amour inconditionnel pour nous. Nous entrons dans le sacrement du frère qui nous ressuscitera avec Jésus. Ce sacrement passe par la folie d’une générosité qui déborde et qui nous déroute. Folie d’un pardon originel du père qui court au-devant du fils prodigue et le couvre de baisers. Folie d’un amour déraisonnable qui va jusqu’à écrire sur le sol plutôt que de condamner la pécheresse. Folie d’un amour où Dieu nous précède en humanité. Folie qui peut se résumer ainsi : tu te dois à autrui (Levinas). Être chrétien, nous dira les évènements de cette semaine sainte, n’est rien d’autre que d’être homme en prenant la responsabilité du destin de l’humanité (Joseph Moingt).  

En conclusion, ces mots de François Cheng : un jour, l'un d'entre nous s'est levé, il est allé vers l'absolu de la vie, il a pris sur lui toutes les douleurs du monde en donnant sa vie, en sorte que même les plus humiliés et les plus suppliciés peuvent, dans leur nuit complète, s'identifier à lui, et trouver réconfort en lui […], il a montré au monde que l'amour absolu est possible, qu’un amour "fort comme la mort" [est] capable de dire de ses propres bourreaux : Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font[3]. AMEN.

 

Évangile: 
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Date: 
Lundi, 27 mars, 2023

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