Année B : samedi du temps de Noël (litbn05s.23)2 jours 30 dec.
Lc 2, 36-40 : présentation de Jésus au temple
Ce geste des parents de Jésus est beaucoup plus qu’un geste respectueux de la tradition de présenter au temple leur premier. Ce geste, respectueux de la loi, est en lui-même une petite merveille. Il est la révélation de quelque chose de merveilleux, de quelque chose qui nous dépasse. Il ouvre sur l’émerveillement qui est au cœur de toute expérience de priants.
Ce geste du temple humanise Jésus et nous plonge au cœur de la foi chrétienne. Trop longtemps, l’humain Jésus a été sous-estimé, voire nier au profit de sa divinité plus facilement proclamée que son humanité, affirme le théologien espagnol récemment décédé, Jose Maria Castillo.
Noël, ce mot devenu discriminatoire selon la commission des droits de la personne, est un événement historique qui nous permet de saisir la divinité de Jésus dans son humanité. Dieu est humanisé en Jésus de Nazareth et le Transcendant devient présent dans l’immanence. Jésus ne s’incarne pas dans le religieux ou le sacré, mais dans l’humain, ce qui conduit à lutter contre toutes les formes de déshumanisation dans le monde… Nous ne pouvons rencontrer Dieu qu’à travers notre humanité (Jose Maria Castillo).
Ce geste nous oblige à nous arrêter sur un tout petit mot, peut-être le plus important de la théologie chrétienne, et le Verbe s’est fait chair (Jn 1, 14). Non seulement un Dieu proche de nous, mais humain comme nous « et » Dieu « et » homme. Nous ne pouvons pas connaître Dieu. Nul ne l’a jamais vu. Jésus, l’humain Jésus, nous le fait connaître. Ce petit mot et nous permet de percevoir dans notre quotidien des indications du divin. Dieu s’est fait humain, du côté de l’humain. Il est à notre portée.
La priorité de Jésus n’est pas d’abord de reconnaître l’existence du péché dans les cœurs, mais bien de voir du divin dans les humains. Il n’est pas venu « sauver » les pratiques religieuses de son temps, mais nous libérer de notre inhumanité. Et le Verbe fait chair. Jésus est venu nous dire cela. C’est d’une importance vitale pour notre foi. Jésus s’est uni à nous pour que nous puissions nous unir à Lui[1]. Syméon a rencontré le Dieu de sa foi en tenant dans ses bras l’enfant, l’humain Jésus. Anne se tenait dans le temple tous les jours, mais c’est en voyant de ses yeux l’enfant qu’elle exulta de joie.
Ce petit mot « et » devrait attirer notre attention. C’est un mot bénédiction qui nous donne à pressentir à travers des petites choses ordinaires de la vie, comme pour Anne d’aller au temple, comme pour Syméon de tenir l’enfant, le commencement de quelque chose qui nous dépasse. Il ouvre sur un moment d’étonnement radial qui est plus qu’une émotion temporaire. Il nous fait entrer dans le mystère, nous fait comprendre que l’enfant est plus que ce que nous voyons. J’ai vu de mes propres yeux ton salut (Lc 2, 30). Ce geste des parents de Jésus initie un voyage de transformation (Jung) vers l’intérieur.
La façon dont nous comprenons ce petit mot « et » détermine ce que nous voyons. Ce que nous sommes. Ce que nous voyons est un reflet de notre monde intérieur. Notre regard ressemble souvent à un régulateur de vitesse. Nous passons vite à autre chose. Nous voyons sans rien voir. Pour éviter de regarder sans voir, Claire suggère de le regarder passionnément. De regarder intensément ce petit mot « et ».
Cette paix qu’a éprouvée Syméon sera la nôtre si nous portons dans nos bras l’humanité blessée. Ce chant de louange qui a retenti dans le cœur d’Anne, nous l’expérimentons chaque fois que nos yeux voient quelque chose de beau percé dans l’inhumanité de nos comportements.
À vous maintenant et ce sont mes souhaits, d’être l’enfant que vous contemplez, la parole que vous écoutez, le visage humain de Dieu que vous chantez et vous diffuserez cette paix tant attendue, recherchée, désirée. AMEN.
[1] Pape François, extrait de la lettre apostolique Admirabile Signum.
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