2022-C-Mt 20, 1-16 -mercredi de la 20e semaine ORDINAIRE- pour une synodalité de communion

Année C : mercredi de la 20^e semaine ORDINAIRE(litco20me.22)  

Mt 20, 1-16 : pour une synodalité de communion  

Quand je lis ce passage, je ne peux qu’y voir une grande actualité. Le mouvement synodal actuel soulève les mêmes objections que ceux des ouvriers de la première heure. Nous avons travaillé toute la journée et tu offres le même salaire, le même ciel, à ceux et celles dehors qui, au terme de leur vie, sont invités à s’asseoir à ta table éternelle.

Les ouvriers de la dernière heure rencontrent le refus de ceux de la première heure de marcher ensemble. Les artisans du début refusent de vivre d’un seul cœur et d’une seule âme (cf. Ac 4, 32). Ils refusent le projet de voir les derniers venus de mettre les mains à la pâte. Ils veulent la première place, se voient les architectes reconnus de la vigne, érigent un bureau de douane pour mieux contrôler les nouveaux arrivés, les étrangers. Il n’y a rien de plus dangereux que de penser tout contrôler comme le laissent entrevoir les travailleurs du début du jour.

Le défi des ouvriers de la première heure est de ne pas perdre leur enthousiasme, de tomber dans la routine, la tiédeur, de développer une attitude de fermeture aux nouveaux venus. Ils tombent dans le protectionnisme, le « restaurationnisme », le consumérisme qui bâillonne toute nouveauté. Ils refusent, appuyés sur leur expérience de travailleurs de la première heure, de garder une pensée incomplète[1], pour citer le pape. Il ajoute, je suis allergique aux pensées qui sont déjà complètes et fermées.

Dans toute entreprise, c’est un marcher ensemble, dirigeants et ouvriers, qui ouvrent sur  de meilleures pistes d’avenir. Et si les meilleures pistes venaient des ouvriers de la fin du jour ! Les disciples de la première heure n’ont pas besoin d’être plus forts pour résoudre les défis du progrès. Ils ont seulement besoin de communion, d’ouverture à d’autres idées, d’autres visions.

 Les ouvriers de la dernière heure ne sont pas les bienvenus à la vigne. Eux de la périphérie, dont parle le Pape, sont « boudés ». Et ça continue aujourd’hui. Songeons au débat sur la communion accordée ou non aux personnes divorcées et remariées civilement. Beaucoup s’indignent de les voir participer à l’eucharistie et oublient de se demander s’ils sont dignes d’y participer. Récemment, des groupes ayant participé aux consultations synodales ont vu leur mémoire refuser au niveau national par ceux de la première heure[2].

Ce que n’ont pas compris les ouvriers du lever du jour, c’est que l’ouverture aux derniers, la « communion » aux « petits derniers » seront toujours nécessaires pour la pérennité de toute entreprise. Il y a une indissolubilité inviolable entre les premiers et les derniers. C’est la conversion à la communion, à marcher ensemble qui est la garantie pour donner à la vigne Église l’assurance qu’aucune tempête ne viendra la détruire.

À bien lire leurs réactions en profondeur, il faut en conclure que ce n’est pas l’arrivée des ouvriers de la dernière heure qui fait peur, c’est de marcher avec eux, de communier à leur enthousiasme, de porter attention à leur regard pour ensemble faire progresser la vigne. La communion demande un passage du « je » au « nous », un passage dans lequel le « je » dois mourir pour ressusciter[3]. 

À votre contemplation, la fécondité consiste à ne pas travailler seul, à devenir « nous ». Nous sommes féconds si nous « communions », travaillons ensemble. Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères (1 Jn 3,14). Si nous semblons manquer de vitalité, c'est peut-être précisément parce que nous n'acceptons pas de passer de la mort à la vie à travers un processus de communion fraternelle. Relisons attentivement cette parabole. Elle appelle à la fécondité qui consiste à ne pas rester seul, seulement devenir un nous. AMEN.