Année C : dimanche de la 2e semaine du Carême (litcc02d.22)
Lc 9, 28b-36- Il est bon d’être ici.
Tous les jours nous vivons ou pouvons vivre des moments de transfiguration. Quand nous prenons un enfant nouveau-né dans nos bras, nous sommes transfigurés de joie, d’émerveillement. Quand nous recevons la visite d’un membre de nos familles, nous sommes transfigurés de joie. L’amour de deux jeunes amoureux produit des scènes d’illumination.
Cela s’est produit pour Marie à l’Annonciation, mon âme exalte le Seigneur. Pour le vieillard Syméon prenant l’enfant dans le Temple, maintenant j'ai vu de mes yeux le salut. Ce fut aussi l’expérience de Paul sur la route de Damas, celle de François d’Assise embrassant le lépreux. Ce qu’a vécu Jésus sur la montagne nous est accessible. La transfiguration n’est pas une scène réservée à des privilégiés, Pierre, Jean et Jacques. Toute vraie prière nous transfigure. Toute vraie prière produit une grande paix en nous.
Pour Jésus, c’est quelque chose de semblable qui se produit. Il était, dit le texte, en prière. Nous passons à côté du sens de ce rendez-vous sur la montagne, si nous n’y voyons pas qu’il s’agit pour Jésus d’un moment clé, d’un moment fort, d’un tournant dans sa vie. Jésus en priant expérimente qu’il est dans le Père et que le Père est en lui, qu’il est fils bien-aimé du Père.
Ce passage sur le Thabor ne présente pas un « autre Jésus ». En entendant une voix venant du ciel (2 P 1,18), Jésus prend conscience de son identité. De sa mission aussi. Il découvre qu’il est le chemin, la vérité et la Vie. Un psaume (4) anticipe ce rendez-vous : il nous fait voir le bonheur… son visage s’illumine pour nous.
Jésus, le fils de Joseph et de Marie, expérimente son être profond. Il vit une profonde et marquante rencontre, une expérience mystique, transformante, bouleversante avec son Père. C’est un moment intense qui le marquera pour le reste de sa vie. Jésus vit dans tout son corps qu’il est aimé par quelqu’un. Qu’il est le fils bien-aimé. Pour un bref instant, Jésus éprouve une grande intimité avec le Dieu de sa foi. Le Thabor est une rencontre-sommet dans sa recherche de communion avec son Père qui connaîtra des phases « dormantes » comme l’atteste son cri pourquoi m’as-tu abandonné.
Des témoins attestent que Jésus n’est pas sous l’effet d’une drogue, qu’il n’est pas médicamenté ni dans une phase ecstasy. Nous avons entendu nous-mêmes cette voix qui venait du ciel lorsque nous étions avec lui sur la montagne (2P.1, 17-18).
Cette transformation de Jésus est la nôtre si nous nous laissons inviter par Jésus, acceptons de gravir la montagne et entrons dans une intense prière avec le Dieu de notre foi.
Premier mot à retenir : Jésus prit avec lui. Jésus prend la décision de nous appeler vers lui. C’est Jésus qui nous appelle à lui par notre nom. Il nous prend la main. Quand nous nous sentons désorientés devant les événements du monde, de notre Église, il nous prend avec lui, nous touche de sa main. Le poète Patrice de la Tour-du-Pin écrit : criez-le, mais criez-le, il fait céleste par-devant. !
Deuxième mot : gravir la montagne. La route de Jésus n’est pas en descente, elle est en montée. La lumière de la transfiguration n’arrive pas dans la plaine, mais suite à une marche fatigante. Une foi tranquille n’est pas la foi. C’est une foi lazy-boy. Pour expérimenter le Père, il faut donc quitter les plaines de la médiocrité et les descentes du confort. Il faut laisser ses habitudes rassurantes pour vivre un exode. Il faut sans cesse sortir de soi-même et monter à sa suite. Sortir comme Abraham (première lecture).
Troisième mot : prier. Pendant qu’il priait, Jésus fut saisi par la certitude d’être aimé du Père. La transfiguration de Jésus nait de sa prière. Ainsi en est-il pour nous. Écoutez-le (v. 35). La prière est vivante en nous si elle éclaire nos ténèbres, rallume la joie, nous relance sur la mission d’être lumière du monde.
Et l’évangile s’achève par ces mots : Jésus descendit de la montagne. Ce que la prière nous fait vivre se poursuit, doit se poursuivre dans notre quotidien. AMEN.
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