Année C : mercredi de la 1re semaine du CARÊME (litc01me.22)
Il est question d’annonce. Il est question de Jésus. Les gens ne se contentent pas de belles paroles de Jésus, ils veulent des signes. Quand Jésus annonce aux gens que les mauvais ne sont pas mauvais à jamais, c’est tellement inédit qu’il n’est pas croyable. Cela va à l’encontre de la pensée religieuse pour qui les mauvais garderont à jamais leur réputation. Songeons à l’homme tourmenté par un esprit impur (Cf. Lc 4, 31-37) et tant d’autres. Jésus porte sur les gens un regard non défaitiste. Il développe une science de la victoire sur le mal. Il voit que l’humain peut devenir meilleur.
Le « miracle » demandé par la foule est d’entendre une autre parole que celle du discours habituel. Quand Jésus leur offre de voir une ouverture sur autre chose, il s’attire de la méfiance. Qui est-il ? C’est dans ce contexte-là que Jésus donne le signe de Jonas. Subtilement, il leur présente quelqu’un qui a changé son image de Dieu et qui a aussi contribué à tout un peuple de changer leur image de Dieu. Il présente quelqu’un qui s’est avoué vaincu par ce « Dieu différent » et sa joie fut de voir un peuple changer de direction.
Jonas ne voulait pas que Dieu change d’avis au sujet de Ninive. Il lui semblait impossible que Dieu soit si miséricordieux envers une population aux mœurs dépravées. Corrompues. Sous la description imagée de son aventure non historique en haute mer et de l’ouverture de la bouche de la baleine, Jésus présente un Jonas « sortit » de son aveuglement sur Dieu. Il change de direction et se met à annoncer un « Dieu différent ». Un Dieu qui « ressuscite » un peuple.
Étonnement, le peuple aussi change son regard. Il s’ouvre à la miséricorde de Dieu. Jonas annonce la résurrection à un peuple dont les mœurs semblaient collées à leur peau. Jean de la Croix répète que Dieu demeure dans tous les cœurs même du plus grand pécheur du monde.
Et voilà bien le signe demandé : voir un « Dieu différent ». Jésus présente au peuple un « Dieu différent », ce Dieu inconnu, dont parle Paul aux Athéniens (Cf. Ac 17, 23). Dans une société rigide, étouffante, au lieu d’une religion qui condamne tout, Jésus introduit un esprit d’ouverture, un brin d’air frais. La foule voit s’ouvrir devant eux un chemin nouveau. Les chefs religieux, eux, s’en méfient jusqu’à rechercher sa mort.
Ce matin et c’est le sens profond de ce temps du carême, qui est ce « Dieu différent » pour nous ? Mieux encore, sommes-nous des convertis à ce « Dieu différent » ? Sommes-nous signe de ce « Dieu différent » jusqu’à devenir des Jonas, jusqu’à changer de Dieu comme lui ? Portons-nous le même regard que Jésus ? Sommes-nous une Église convertie à ce « Dieu différent » qui accueille les adultères, les prostitués, les collecteurs d’impôts, les engolfés[1], les homosexuels et tant d’autres aux mœurs « légères »? Ne nous méritons pas d’entendre vous avez des yeux et vous ne voyez pas (Cf. Mc 8, 18).
Ce qui caractérise le plus Jésus, c’est qu’il redonne de la dignité. Il apporte à chacun la possibilité de bonheur qu’il soit un bon pratiquant ou pas. Jésus ne se laisse pas annexe par une caste de gens pieux, religieux et vertueux qui se pensent meilleurs que les autres. Il ne récompense pas les bons pour leur bonne manière de vivre et ne punit pas les méchants pour leur inhumanisme. Ce « Dieu différent » et pour qu’il soit différent, prend du temps à s’enraciner en nous, dans notre Église. Le pape François exprime à des jeunes le chemin pour expérimenter ce « Dieu différent ».
Les plus belles choses se font avec le temps et, si quelque chose ne te réussit pas à la première tentative, n’aie pas peur de tenter encore et encore, et encore. N’aie pas peur de te tromper ! Nous pouvons nous tromper mille fois, mais ne commettons pas l’erreur de nous arrêter, parce qu’il y a des choses qui ne réussissent pas à la première tentative. La pire erreur serait d’abandonner, en raison de l’angoisse, d’abandonner les rêves et la détermination pour un pays meilleur[2]. Amen.
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