Année C : mercredi de la 21e semaine ORDINAIRE(litco21me.22)
Jn 1, 45-51 : dans la splendeur de la nuit.
L’image qui monte en moi quand je rencontre Nathanaël est celle de la nuit. Il était là, songeur, assis sous le figuier à l’ombre de la lumière. Il vivait de ces ténèbres éblouissantes (Julienne de Norwich), ce paradoxe qui pointe vers une réalité commune à tous les chercheurs de Dieu. Ce passage nous fait entrer comme par effraction dans la nuit de Nathanaël, dans son intimité, son rêve de comprendre. Nous y découvrons la splendeur de sa nuit de foi. De toute vie de foi. Il voit tout sans rien voir. Il sait tout sans rien savoir.
Nathanaël n’était pas un ignorant des Écritures comme l’atteste sa réponse : De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? Il lui a suffi d’un appel viens et sa vie bouscula.
Pour le chercheur de Dieu de toutes les époques, (Julienne de Norwich, Jean de la Croix, Mère Térésa) la nuit est une manière de connaître Dieu. Elle brille plus fort que le jour et conduit à une douceur ineffable (Jean de la Croix).
Plutôt que de s’agiter vers la lumière, Nathanaël, et à sa suite tous les mystiques de la nuit, a eu la sagesse de demeurer dans la nuit qui l’a conduit à entendre une invitation de son ami Philippe : viens et tu verras. Quelqu’un nous voit au cœur de nos nuits. Je t’ai vu. L’expérience le démontre, plus nous cherchons la lumière, plus s’assombrit la nuit. Elle est un bien universel que nous connaissons tous même si notre monde semble être pensé par des gens qui n’ont pas connu la nuit.
Les remèdes de nos questionnements de foi se trouvent dans le mystère de la nuit. Nos journées se déroulent entourées de gens qui vivent ou ont mal vécu leur nuit. Sur le chemin de Nathanaël, la nuit est comme un espace fondateur, un espace où il voit une lumière qui brille, un astre à l’horizon, un lampadaire qui éclaire sa route, une allumette qui le fait avancer, surtout quand la densité de l’obscurité est paralysante.
Nathanaël est pour tout croyant une fenêtre sur la lumière. La nuit de ton chemin sera lumière du midi, chante un hymne du carême. Un proverbe flamand affirme que les ténèbres et la nuit sont mères de la réflexion.
Tout au long des récits bibliques, la nuit est révélation de Dieu. Elle comporte aussi de longues périodes de peur, de doute, de solitude que le cierge pascal, pas celui extérieur de la nuit de Pâques, mais celui allumé en nous par le baptême, vient délicatement éclairer.
Ce matin, demandons-nous comment nous vivons nos nuits de foi, nos remises en question qui nous surprennent, les perturbations qui affectent notre Église, ébranlent notre foi.
Je termine par cette réflexion de Mère Térésa que rapportait le Père Cantalamessa, prédicateur de la Maison Pontificale, dans une conférence de l’Avent 2010. Réflexion que nous pouvons signer tant elle nous rejoint dans nos questionnements actuels sur la foi.
Il y a tant de contradictions dans mon âme. Une aspiration à Dieu profonde, si profonde qu’elle fait mal. Une souffrance continue et avec cela, le sentiment de ne pas être voulue par Dieu, d’être rejetée, vide, sans foi, sans amour et sans zèle. Le ciel ne signifie rien pour moi, il m’apparaît comme un lieu vide.
Comme Nathanaël, surprenons-nous d’entendre, je t’ai vu sous le figuier. AMEN.
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