Année B- mercredi 27e semaine ordinaire (litbo27me.21)
Lc 11, 1-4 ; Jon 4, 1-11 : ne pas s’apercevoir que l’on prie.
Demandez à ceux auxquels Dieu donne une oraison contemplative de vous dire à quoi ils pensent quand ils prient. C’est la question que posait l’un des précurseurs de Thérèse d’Avila, Bernardin de Loredo . Ici, disciples de Claire d’Assise, donneriez-vous la réponse que donnait ce convers franciscain : ils vous répondront qu’ils ne pensent à rien […] qu’ils sont tout simplement présent à Dieu qui est là et cela leur suffit. Bien avant lui, Évagre le Pontife écrit, et je suis incapable d’y ajouter ma signature : tant que tu t’apercevras que tu pries, c’est que tu ne pries pas encore.
Être présent à Dieu qui est là, ne pas s’apercevoir que l’on prie. C’est à cette hauteur que Jésus nous invite en nous enseignant à prier. Il ne nous demande pas de comprendre le Père, c’est impossible. Il nous demande de l’expérimenter sans nous rendre compte, sans s’apercevoir qu’on l’expérimente. Le Père ne peut être compris. Toutes nos idées sur Lui, même notre intelligence la plus vive, ne peuvent rien pour comprendre la hauteur où Jésus nous élève en nous apprenant à prier.
Nous trouvons dans cette prière le sommet de la manière de prier de Jésus, le centre de sa vie. Jésus nous apprend à devenir priant non en se faisait des idées sur le Père, seulement en étant « sans idée » devant le Père. Jésus profile un chemin pour vivre la joie d’être comme lui dans le Père. Cette prière nous plonge dans une attitude de quiétude, pour citer Thérèse d’Avila ou de simplement de Le regarder comme vous y invite Claire.
Vous l’avez compris, Jésus ne nous propose pas une promenade confortable, mais plutôt de combattre le vrai combat (Cf. 1 Tm 6,12). Jonas en sait quelque chose, lui qui voulait fuir la réalité. Le danger de prier pour faire sa prière, de prier comme des perroquets, bla-bla, bla-bla répète souvent le pape, est très réel. Faites attention à ce que la liturgie et la prière communautaire ne deviennent pas une célébration de nous-mêmes […] pour se regarder dans le miroir .
Il ne s’agit pas de prier en passant. Le vrai combat est de transformer chaque instant de notre vie en signe que nous vivons ce que nous prions. Laissez la prière de Jésus prendre toute la place, celle de nos idées sur lui, celle de Le préférer plus que de se préférer, est un combat jamais entièrement gagné. Jésus a laissé toute la place à son Père. Cela ne l’a pas dédouané de sa proximité avec les gens de son temps.
Je termine par une question : qui est-ce qui prie vraiment parmi nous ? La prière apporte une grande paix, mais elle passe par le chemin d’un combat intérieur qui semble ne jamais se terminer. Prier n’est pas une chose facile. AMEN.
Ajouter un commentaire