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2021-B-Jn 1, 19-28- samedi après Noël- se donner une parole vivante

Année B- samedi après Noel (litbn01s.21)      

Jn 1, 19-28 ; 1 Jn 2, 22-28 : se donner une parole parlante.

Étonnant. Nous sommes durant le temps de Noël. Pas une seule fois, dans le passage de l’évangile que nous venons d’entendre, le nom de Jésus est prononcé. Sa présence n’est même pas évoquée et semble totalement absente. Les regards des prêtres et des lévites se portent sur quelqu’un qui attire les foules et qui n’a aucun mandat pour prêcher. Qui est-il ? Jean suscite leur curiosité en même temps qu’il les inquiète parce qu'on parle beaucoup de lui et de son baptême d'un nouveau genre. La liturgie oriente nos regards sur un autre pour nous indiquer subtilement quelle est notre identité chrétienne.

Au-delà des apparences, une autre réalité émerge, notre identité. Question complexe[1]. Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Nous sommes plus qu’une carte d’identité, celle que nous demandent les policiers, par exemple. Nous sommes prisonniers d’une culture de l'égo, qui exclut le «nous».  Définir mon «moi», qui suis-je? est dans notre biologie profonde.  Nous cherchons tous à être reconnus. 

Aux questions sur son identité, Jean refuse de répondre. Il ne se définit pas par lui-même, mais par un autre, au service duquel il a été envoyé: je suis la voix qui crie dans le désert: aplanissez le chemin du Seigneur.  Lorsque les pharisiens lui demandent de justifier le fait qu’il baptise, il les renvoie de nouveau à cet autre: au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. Il ajoute, pour bien montrer à tous ceux qui l’interrogent que ce qui compte, ce n’est pas ce qu’il fait: c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de défaire la courroie de sa sandale.

Jean-Baptiste n’ouvre pas seulement la voie à celui qui vient derrière lui, à Jésus le Messie. Il ouvre le chemin d’un véritable humanisme et de notre vocation de chrétiens. À une époque où chacun revendique, souvent avec violence et parfois même avec mépris, d’être reconnu, d’être écouté, d’être compris, Jean propose un tout autre chemin. Il rappelle que notre existence n’est ni pour se complaire en nous-mêmes ni pour se mirer dans notre propre moi ni pour affirmer une personnalité de façade (cf. Mt 21, 28-32). Nous existons, nous vivons, nous travaillons,  pour que notre «je» devienne un «autre», pour citer Maurice Zundel.

Et cet autre, Jean a de la difficulté à le définir. La question angoissée qu’il pose à Jésus par l’intermédiaire de ses disciples est d’une étonnante actualité: es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? Jean est précurseur d’un Dieu inconnu, qu’il méconnait, et dont les gestes et les paroles viendront parfois contredire ce qu’il avait cru devoir annoncer. Jean renonce à se définir lui-même. Il renonce aussi à définir Jésus.

Il accepte le signe que Jésus lui donne comme réponse à son questionnement. Dites à Jean ce que vous soyez. Jésus invite Jean à voir qu’il se préoccupe des gens délaissés et perçus comme des gens qu’on ne veut pas voir ni avoir autour de soi.  Il  partage avec lui son rêve : établir un monde plus juste où règnent égalité et fraternité. 

À Jean-Baptiste, Jésus se présente comme une «parole parlante», une parole incarnée dans le réel du quotidien, une «parole accompagnement» qui partage les préoccupations des gens. Il se voit un solidaire favorisant la voie de la subsidiarité[2].  En écoutant les besoins des gens, en se faisant proche de leur vécu, il se fait solidaire de leur situation. Il souffre avec eux. Se bat avec eux. Sa devise : tous doivent être écoutés. Que demeure en vous ce que vous avez entendu  (lecture). 

À nous qui passons le plus clair de notre temps dans de stériles combats pour nous affirmer, nous imposer, pour conquérir et défendre notre petite place, Jean-Baptiste indique une autre voie : notre identité, et cela brise tous les canons de ce monde où il faut s’affirmer pour exister, nous vient d’ailleurs, d’un autre. 

Jésus est le Fils du Père. Jean est modèle d’effacement. Et nous devenons comme Jean une voie, un chemin  qui ouvre sur un mouvement mondial d’une terre fraternelle. Le pape vient de nous dire que la fraternité est l’essence même de la naissance de Jésus. AMEN.

Autre réflexion sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/1998-c-jn-1-19-28-vendredi-apres-noel-quelquun-connaitre

 

Évangile: 
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Pérode: 
Date: 
Samedi, 26 décembre, 2020

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