Année A : mercredi de la 4e semaine ordinaire (litao02me.20)
Mc 6, 1-6 : montrer Dieu
Dieu a tant aimé le monde (Jn 3, 16). Il a aimé les siens ; il les a aimés jusqu'à la fin (Jn 13, 1). Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jn 15, 13). Voilà la beauté de toute vie. La beauté de Jésus. À Nazareth, cette beauté n’a pas été reconnue alors que Jésus surprend ses concitoyens. Son attitude soulève la question de son identité.
L’empressement de Jésus à rendre vivant, plein de vie, ceux et celles qu’Il rencontre sur son chemin ajoute à sa beauté. Il regarde avec une telle profondeur la samaritaine qu’elle devient une disciple-missionnaire de Jésus (cf. Jn 4, 1-42). Jésus demanda à Zachée de descendre de son perchoir ; et Zachée remonta dans l’estime de ses concitoyens en leur remettant la moitié de ses biens (cf. Luc 19, 1-10). Jésus ne rougit pas d’avoir un collaborateur, Lévi, qui a un métier honteux et qui mène une vie sans conscience et dont le cœur est dépourvu de toute compassion (cf. Mc 2, 13-17 ; Lc 5, 27-32 ; Mt 9, 9,13). Il va à la rencontre de cet homme paralytique de trente-huit ans qui gît à côté de la piscine de Bethzatha, attendant en vain que quelqu’un l’aide à descendre dans l’eau (cf. Jn 5, 1-9). Le point d’orgue fut cette canonisation d’un larron dont la vie ne fut pas en harmonie avec celle d’une vie humaine de service, de justice, de respect des autres. Il fut le premier et le seul saint canonisé par Jésus.
Jésus rend la beauté aux personnalités laides, la profondeur aux volatiles; il apporte l'espoir aux désespérés, la vie aux sans vie. Il offre ce qui est inadmissible dans une culture hébraïque, l’accès à Dieu sans condition. Il prend le temps, en pratique, il n’a fait que cela durant sa courte vie, de relever ceux qui tombent sur la route, de sortir à la recherche des disparus dans les dépotoirs du monde.
Les contemporains de Jésus ne sont pas tout enthousiasme devant leur concitoyen sans histoire généalogique honorable si on se fonde sur Matthieu et venant d’un lieu si peu reluisant, Nazareth. Ils sont peu ouverts à son rêve d’un vivre ensemble autrement que sous le contrôle de la loi. Ce citoyen Jésus au style singulier, presque provocateur, ne possède aucun titre, n’a pas étudié dans les écoles rabbiniques reconnues, ne possède aucun mandat pastoral délivré en bonne et due forme par des chefs religieux reconnus.
En entrant dans la synagogue de son village natal et en commençant à enseigner, les auditeurs connaissent tellement ce fils de Joseph depuis son enfance qu’ils ne l’écoutent pas. Pour eux, Jésus n’est qu’un voisin parmi d’autres. D’où leur questionnement sur le guérisseur, le poète du royaume, le maître en sagesse. Marc nous dit qu’ils étaient déconcertés face à Jésus. Plus que de parler de Dieu, Jésus leur disait dans la synagogue: Je suis descendu du ciel (Jn 6,41). Mon origine vient du ciel. Réaction normale : ils commencèrent à murmurer. Ils sont scandalisés et ils trébuchent devant sa mystérieuse identité. Dès qu’il déclare qu’aujourd’hui s’accomplit ce que vous venez d’entendre (cf. Lc 4, 21), Jésus, dit-on, vient de les perdre. Ça ne fait pas sérieux.
Jésus n’est pas un prêtre du Temple, occupé à protéger et à promouvoir la religion, ni un maître reconnu de la Loi. Il ne défend pas la Torah de Moïse. Il affirme sur toutes les places publiques, avec assurance, presque avec désinvolture, que la religion est au service de l’homme et non l’inverse. Les paysans de Galilée découvrent à travers ses gestes de guérison et à travers ses paroles de feu, l’action d’un prophète poussé par l’Esprit de Dieu.
Ce qui soulève l’ire, autant des chefs religieux que des chefs civils, est que ce simple citoyen Jésus a un grand défaut : il est attentif à tout le monde et pas seulement à ceux de sa maisonnée, à ceux allant à la synagogue ou à ses coreligionnaires. Il tient un langage facile à comprendre par monsieur-madame tout le monde. Raison suffisante pour l’éliminer parce que ce citoyen ordinaire bouscule tous les schémas sociaux du temps et qu’il est une menace pour maintenir un environnement de paix.
La réaction des auditeurs dans la synagogue est la nôtre : comment un simple humain peut-il se déclarer Dieu? Chacun de nous a une image de Dieu qui conditionne notre vie. Le reconnaître humain nous oblige à devenir pleinement humain et à notre tour, à montrer Dieu en qui nous croyons. AMEN.
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