Année A : samedi de la 30e semaine ordinaire (litao30s.20)
Lc 14, 1.7-11 ; Ph 1, 18b-26 : où est la première place ?
Nous gagnerions à nous faire à l’idée que la meilleure place n’est pas nécessairement la première place. Dans une salle de cinéma, la meilleure place n’est pas celle près de la toile de projection. Les cinéphiles disent que la meilleure place est généralement au centre de l’auditorium. Aussi, dans un avion, la meilleure place n’est pas celle en avant près de la cabine du pilote; ce n'est pas celle près d’un hublot où la climatisation trop forte peut déranger et non celle près de l’allée où on risque de devoir se lever chaque fois que quelqu’un veut se dégourdir les jambes. Observez où sont les sièges d’affaires. Généralement à l’arrière.
Ici, quelle est la meilleure place pour m’entendre ? Pour mieux participer à la célébration ? À vous voir, je pourrais conclure que la meilleure place n’est pas la première, en avant. C’est celle en arrière au fond. La meilleure place, il n’y a pas qu’une seule réponse possible.
Du temps de Jésus, les avions n’existaient pas, les salles de théâtre non plus. Alors la question se posait : qu’elle était la meilleure place pour avoir accès à lui ? Pour sentir qu’il nous porte attention ? Pour dire la joie d’avoir pu enfin rencontrer Jésus ?
À nous qui voulons être proches de Jésus et qui désirons vivre dans sa proximité, capables de sentir battre son cœur, de toucher la profondeur de son regard, quelle est la meilleure place pour nous sentir honorés par lui ? Dans une image très forte, Jésus décrit le chemin qu’il tire de ses observations sur la manière d’agir autour de lui.
Le message est fort : l’honneur d’être près de Jésus se trouve dans la reconnaissance du service rendu aux autres. La première place est réservée à ceux pour qui l’écologie des autres est prioritaire. Monte plus haut. Il est étonnant de voir des princes d’évangélisation[1] se faire servir et qui ne vivent que pour être servis. Désirer monter plus haut sans service est un signe que l’on se tient loin de l’évangile du service.
Jésus réserve une place d’honneur à sa table, une place près de lui, à ceux qui s’arrêtent sur la route pour soulager le poids des écrasés par des situations inhumaines. Le grand mouvement Avaaz[2] qui regroupe des millions d’abonnés dressait en juin dernier une liste impressionnante d’invités à monter plus haut.
Trois exemples :
- 130,000 personnes ont fait un don pour financer des millions de repas pour des gens dans le besoin à l’occasion de la pandémie.
- 2,3 millions de personnes ont soutenu l'appel du chef de l'ONU en faveur d'un cessez-le-feu mondial pour permettre la lutte contre le Covid et le Conseil de sécurité l'a adopté!
- Durant la pandémie, Eloisa a créé un réseau de femmes à Peniche (Portugal) qui a cousu des milliers de masques pour les travailleurs de première ligne et les familles vulnérables.
C’est à ceux qui le rencontrent dans le vaste temple du monde (vous le verrez dans vos Galilées (cf. Mt 28, 7), que Jésus réserve une place d’honneur à sa table. Il y a de plus en plus d’églises vides, observons-nous. Voyons-nous que le nombre des travailleurs d’évangile s’accroît ? Nombreux sont les invités à monter plus haut parce qu'ils se dépensent pour les autres.
Jésus humanise la vie en brisant des critères de bonne conduite très respectables, mais qui filtrent une résistance à construire une terre humaine et fraternelle que Jésus appelle son royaume.
Jésus réserve une place de choix aux bâtisseurs d’une fraternité universelle, d’une solidarité sans frontière de langue, de religion, de race et qui se tiennent dans le temple du monde. Il n’a pas où reposer la tête (cf. Mt 8, 20). Jésus n’a pas désiré une société plus religieuse. Il a œuvré à bâtir une société plus fraternelle. Jésus n’est pas tombé dans la globalisation de l’indifférence.
Faisons nôtre la passion de Paul qui vient d’affirmer- et c’est là la première place- pour moi vivre c’est le Christ. Pour moi, vivre pleinement, c'est vivre en Christ, comme Jésus. Ma seule raison d’être, c’est lui. AMEM.
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