Année A : mercredi de la 6e semaine du Temps Pascal-
Jn 16, 12-15 ; Ac 17, 15.22 – 18, 1 : annoncer un Dieu inconnu.
Cette page des Actes relatant l’arrivée de Paul à Athènes elle est très actuelle. Il se sait un étranger venant d’une autre culture et parlant une autre langue. Une grande question l’habite : comment une parole venant de Jérusalem peut-elle s’insérer dans une culture étrangère ? Comment lui, étranger, parlant une langue étrangère peut-il irriguer, infuser l’évangile dans la culture de l’Aréopage?
Les Actes rapportent que Paul avait un sens aigu de l’enculturation comme chemin pour enraciner la Parole. Il a d’abord fréquenté les Athéniens, les a écoutés, a adopté leur manière de vivre, apprivoisé leur culture et leur sagesse. Sa première attitude ne fut pas de faire de beaux discours sur Dieu, des discours apologétiques. Il n’avait aucune intention de conquérir ce peuple par des paroles enveloppées d’un art oratoire séduisant ni de recourir à des formules doctrinales. Il s’est mêlé à la foule de l'agora et du marché pour comprendre leur sensibilité. Il observe qu’ils passaient leur temps à écouter et rechercher les dernières nouveautés. Son écoute de la culture athénienne lui fit reconnaître leur ouverture à un dieu inconnu.
Paul ne voulait aucunement promouvoir un programme politique ou dicter une réorganisation de la société. Sa visée est toute simple : ouvrir des cœurs à l’Évangile pour que prenne forme lentement une communauté nouvelle formée de Grecs, de païens, de cultures différentes, vivant d’un seul cœur et d’une seule âme (cf. Ac 4, 32).
La foule de l’aréopage écoutait cet étranger avec la sagesse qui était la leur. Mais, à un moment précis, le peuple l’interrompt en lui disant : sur cela, nous t'écouterons une autre fois. Ils refusaient de croire en la résurrection. Paul a accompagné les Athéniens jusqu'au seuil du mystère. Malgré l’échec apparent, Paul n’a pas couru en vain (Ga 2,2). Il a semé une Parole de vie.
Paul était tourmenté au plus profond de lui-même sur la façon d’annoncer Jésus ; ceci est encore très actuel. Les aréopages de notre monde exigent que nous prenions le même chemin. Paul avait le souci de ne pas se séparer de la culture athénienne. Il ne s’est pas imposé aux Athéniens.
Dans l’évangile, c’est la même attitude qui habite Jésus. Il veut éviter toute rupture entre lui et le peuple, entre sa culture divine et notre culture terrestre. Il souhaite établir la même proximité entre lui et nous comme entre le Père et lui. Jésus veut que son Père soit présent au milieu de nous et qu’il n’y ait pas de mur entre nous et entre lui et son Père.
Jésus s’est «inculturé» parmi nous. Il s’est dévêtu de ses vêtements divins pour s’enfoncer dans une culture rébarbative à son projet. Il a plongé, tête première, dans notre humanité. Il n’a pas lésiné sur les moyens : annonce à Marie et à Joseph, naissance en plein air dans une étable, vie cachée à Nazareth, exode sans endroit où reposer sa tête, mort ignoble, apparition à ses disciples. Tout cela pour se faire proche de nous, l’un de nous, le Dieu avec nous.
Le message est clair. Jésus décrit les attitudes à développer si nous voulons le faire connaître. Avant de nous dire SALUT, de nous annoncer le projet de Père, de nous faire connaître sa bonté, Jésus s’est «inculturé», jusqu’à descendre dans la profondeur de la mort, pour nous remonter avec lui vers le Père. Chez les Athéniens, Paul a pris ce chemin fait d’avancement et de recul, de succès et d’échecs.
Aujourd’hui, un mouvement contraire s’observe. Des chrétiens préfèrent construire des murs pour se protéger, c’est le communautarisme. Jésus préfère construire des ponts. Il préfère des chrétiens en marche, en chemin, donc en état de mouvement permanent vers l’autre. La peur ne sera jamais une attitude chrétienne. Sommes-nous en chemin ou recherchons-nous la sécurité d’une société dite chrétienne ?
Paul indique le chemin capable d’offrir un «système immunitaire» contre ce virus d’une société où domine la haine, le populisme ou un communautarisme mortel. Quand nous perdons ce chemin qu’est la parole de Dieu et son vivre ensemble sans exclure personne, nous devenons des chrétiens, une communauté, une Église en mode arrêt, sans fécondité parce que la foi n’est plus un chemin, seulement un héritage. Soyons audacieux; allons dans toutes les Galilée pour, comme croyants ou non-croyants, trouver celui que nous cherchons, qui marche avec nous et qui discute avec nous pour nous expliquer lui-même sa Parole. AMEN.
Autres réflexions sur le même passage :
Commentaires
Bonjour,
Soumis par Diane Lévesque le dim, 05/17/2020 - 06:31Bonjour,
Je vais passer à l'action et voir tous les textes-réflextions sur le passage.
Merci
Ajouter un commentaire