Année A : mercredi de la 17e semaine ordinaire (litao17me.20)
Jn 11, 19-27 ; 1 Jn4, 7-16 : Jésus, défenseur des femmes.
Nous connaissons bien ce passage. Il est généralement lu lors d’une célébration de funérailles. Si tu avais été là. Dans ce reproche amical de Marthe, on devine qu’une grande amitié existe entre elle et Jésus. Et l’amitié n’est jamais à sens unique. Chaque fois qu’il en avait l’occasion, Jésus s’arrêtait chez cette famille pour une pause-rencontre. C’est là que Marie versa sur ses pieds un parfum de grande valeur (cf. Jn 12, 3). On peut imaginer que cela lui fait du bien de s’arrêter dans une maison où il n’aura pas à subir de l’opposition. Jésus aimait Marthe et sa sœur ainsi que Lazare (Jn 11, 5).
Il existait entre Jésus et cette famille une grande amitié réciproque. Et quand l’amitié est authentique, profonde, il est plus que normal de se parler à cœur ouvert, de se confier mutuellement nos attentes. Marthe confie donc à Jésus sa déception de ne pas avoir été là, laissant entendre qu’il aurait pu le guérir. Moment suprême, Jésus lui retourne son amitié en lui révélant, à elle, une femme, sans aucune ambiguïté son origine divine. Je suis la résurrection et la vie. C’est à une autre femme, aussi, une samaritaine, et la scène est fascinante, que Jésus exprima qu’il est le sauveur attendu. Je le suis, moi, qui te parle (cf. Jn 4, 26). C’est à des femmes que Jésus exprimait clairement qui il était. C’est à une femme qu’il a demandé d’aller dire à des hommes enfermés dans leur peur qu’il est vivant.
Par de telles déclarations et attitudes, Jésus démontre qu’il ne réduit pas la femme à l’exécution des tâches ménagères. Il brise une convention sociale qui les voyait seulement pour mettre des enfants au monde. Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis dans son cœur l’adultère (cf. Mt 5, 28-29). Il scandalisait les rabbins parce qu’il laissait des femmes l’accompagner sur les routes (cf. Lc 8, 3).
Il n’y a chez Jésus ni animosité ni méfiance à leur égard. On n’entend jamais dire d’elles des expressions méprisantes comme il le fait pour les hommes en les traitant d’hypocrites et de sépulcres blanchis. Jésus ne les surprotège pas. Il n’a que du respect et de la compassion pour elles. Pour lui, la grandeur et la dignité de la femme comme celles de l’homme naissent de leur capacité à écouter sa parole et à y adhérer. Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observe (cf. Lc 11, 28).
En relisant ce passage de Jean, nous pouvons porter notre attention sur la révélation de l’identité de Jésus. Il ne faut pas passer sous silence que ce passage atteste qu’il était aussi le défenseur des femmes[1]. Jésus porte sur les femmes un regard différent et celles-ci lui rendent bien en l’écoutant avec émerveillement, en l’accompagnant jusqu’à la croix. Elles étaient là avec Marie, sa mère, au pied de la croix (cf. Jn 19, 25-27).
À elles s’adressent ces mots du Cantique des cantiques : tu as ravi mon cœur, ma sœur, ma fiancée, tu as ravi mon cœur d’un seul de tes regards (cf. Ct 4,9). Cette phrase résume toute la mystique de Jésus face aux femmes, la nôtre face à Jésus. Le cœur de Jésus est ravi par l’accueil des femmes. Le cœur des femmes reprend vie par le regard de Jésus. Mystère de réciprocité, fruit de l’amitié avec Jésus et de Jésus avec elles.
Ne l’oublions pas, cette déclaration je suis la résurrection et la vie s’est réalisée pour les femmes, bien avant la résurrection de Jésus au matin de Pâques. Elle a le goût d’un vin nouveau dans des outres neuves (cf. Mc 2, 22). Elle n’est pas un nouveau code de lois pour régler la vie de tous les jours. Elle est un élan, une perspective nouvelle, pour vivre avec un cœur nouveau, pour rendre nos cœurs semblables au sien comme l’exprime un hymne traditionnel. Voilà le royaume que Jésus annonçait.
La seule chose nécessaire (cf. Lc 20,42) que Jésus n’a jamais définie et qui est interprétée de plusieurs manières, n’est-elle pas la promotion autant de la dignité, l’égalité entre hommes et femmes? C’est cela qu’atteste la déclaration de Jésus à Marthe : je suis la résurrection et la vie pour tout le monde. Dieu a envoyé son fils (première lecture) pour tout le monde. Il a aimé tout le monde pour que nous soyons, pour tout le monde, un chemin qui ressuscite et redonne la vie. AMEN.
[1] Voir Pagola, Jose Antonio, Jésus, approche historique, Cerf, 2019, surtout le chapitre 8.
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