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2019-C-Lc 13, 1-9 -samedi 29e semaine ordinaire- habiter la lumière et non le noir

Année C : samedi de la 29e semaine ordinaire (litco29s.19)  

Lc 13, 1-9 ; Rm 8, 1-11 : ne nous habituons pas au pessimisme.

La stérilité est dans notre propre regard. Rendre nos regards moins stériles, ça dynamise une journée. Nous avons toujours quelque chose à corriger dans nos regards, dans notre façon de penser, d’agir, de vivre entre nous. Nos regards sont remplis d’impatience comme celui du propriétaire de la vigne.

Dans son exhortation La joie de l’évangile,  le pape rappelle que le temps est supérieur à l’espace (EG, no 222). Donner la priorité au temps, écrit-il, c’est s’occuper d’initier des processus plutôt que de posséder des espaces (EG, no 223). Le propriétaire n’est pas de cet avis. Il recherche la culture de son bien-être, ne pense qu’a lui, incapable d’initier un processus de sensibilité au figuier. Il veut le posséder. Son «tout de suite» lui donne l’illusion de posséder. Il ne sait ni désirer ni attendre.  

Le vigneron, lui, est loin d’être indifférent devant l'infertilité du figuier. Il porte même sur lui un regard charitable. Il le voit déjà porter un beau fruit qu’il ne peut maintenant tenir entre ses mains. Son regard ne s’arrête pas sur le fruit qu’il ne possède pas, mais sur celui qu’il désire.  Le vigneron n’est que désir, ouverture. Il sait attendre et consacrer temps et travail parce qu’il connaît son figuier. Laissez-le encore cette année (v.8).  

Ce mois missionnaire nous invite à porter un autre regard que celui du propriétaire sur notre société. Son «tout de suite» ne voit que des branches mortes, qu’une société où les plus faibles […] empêchent la «machine» de fonctionner (Pape François, 31/5/19). Même s’il ne comprend pas pourquoi le figuier est stérile, il soupçonne qu’il ne souffre pas d’une maladie mortelle. Il a seulement besoin de plus d’attention. De temps. Rien n’est irrécupérable.

Notre regard est celui du propriétaire quand il est incapable de se transformer en hôpital de campagne devant les blessés tombés sur le bord du chemin. Quand il oublie que nous avons eu besoin de la patience du vigneron pour être aujourd’hui ce que nous sommes, que nous avons bénéficié de sa compassion, de son temps consacré à nous relever (cf. Lc 10, 25-37). Ne nous plaçons pas trop vite du côté du figuier en pleine santé.

Nous sommes en permanence en état d’effondrement et de redressement à la fois. En nous, rien n’est stable. Pour porter du fruit, ça prend du temps. Ça prend une parole parlante; une parole qui me parle, me redresse, me réveille. Alors que le propriétaire ne voit que des tours ébranlés, qu’une planète en perdition, le vigneron, lui, voit un beau travail devant lui : redonner vie à des cœurs meurtris, blessés, découragés, déprimés et à une terre en besoin d’oxygène, de répit  expansionniste  pour contrer sa pollution.  

Le figuier stérile est celui qui vit pour lui-même, rassasié et tranquille, bercé par son confort, bâtissant des greniers plus grands (cf. Lc 12, 18-19), selon la chair (Ga 5, 17), dit Paul, incapable de voir le pauvre Lazare tout couvert d’ulcères [et qui] aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table (Lc 16, 20-21).  

Le figuier qui porte fruit, c’est celui qui vit [de] l’Esprit qui habite en lui (Rm 8, 9). Il a le visage des travailleurs humanitaires cherchant les radeaux à la dérive sur la mer, des Dorothy Day, citées par le pape François au Congrès américain, des Peter Maurin, son mentor, un véritable François d’Assise, des Etty Hillesum de ce monde, qui consacrent temps et santé pour prendre particulièrement soin des figuiers en péril de mort annoncée si rien ne se fait pour eux.

Le vigneron nous transmet une image à contempler : celle de Jésus qui regarde avec fébrilité ce que d’autres voient comme un investissement perdu. Toute stérilité cache une grande vitalité. Le plus important est de voir la lumière dans l’apparente sècheresse; de voir la vie dans ce qui a des allures de mort.

Voulons-nous, oui ou non, demandait le pape dans son homélie à Washington en 2015, que la résignation soit le moteur de notre vie ? Voulons-nous, oui ou non, que l’accoutumance s’empare de nos vies ? Le vigneron Jésus nous dit : regarde la misère de mon peuple (Ex 3,7). Devenons comme lui sensibles à la misère réelle autour de nous. Entrons dans la compassion de Dieu, devenons instrument de cette compassion. Incarnons-la dans nos vies et nous serons à notre tour ce vigneron qui dit : laissez-le encore cette année. AMEN.  

 

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Mardi, 1 octobre, 2019

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