Année B : samedi de la 9e semaine ordinaire (litbo09s.18)
Lc 2, 41-51 ; Is 61,9-22 : heureuses escapades !
La demeure du Fils de Dieu, ce n’est pas d’abord le corps de Marie, mais son Cœur, vient de nous dire l’oraison de ce jour, qui se termine par des mots très forts, pour devenir le temple de sa gloire. L’oraison du huit décembre précise que Dieu a préparé à son fils une demeure vraiment digne de lui. Saint Augustin percevait très bien l’importance à donner à ce cœur : Marie a conçu d’abord son fils dans la foi avant de le concevoir en sa chair.
C’est dans son cœur que Marie a gardé l’aventure de son retour de Jérusalem. C’est dans son cœur qu’elle a reçu l’annonce de Syméon: un glaive lui transpercera le cœur (cf. Lc 2, 35). C’est dans son cœur qu’elle a entendu son fils lui dire que sa mère, ce sont ceux qui font les volontés de son Père (cf. Lc 8, 21). C’est avec un cœur broyé de douleur qu’elle accompagne son fils sur le chemin du Calvaire jusqu’à la Croix et qu’elle le reçut inerte dans ses bras. Luc nous dit au moins par deux fois (Lc 2, 19 et 51) qu’elle conservait et méditait dans son cœur les paroles de son fils. C’est dans son cœur inquiet qu’elle a reçu les paroles de son fils dans le temple: ne saviez-vous pas?
Cette question de Jésus est la nôtre en ce lendemain de la fête du Cœur de Jésus. Ne savons-nous pas qu’il y a interchangeabilité entre le cœur de Jésus et celui de Marie ? Qu’il y a interchangeabilité entre Notre-Dame des douleurs et la Croix glorieuse, entre le cœur contemplatif de Marie et celui de Jésus pour sa mère. Le cœur de Marie irrigue celui de l’Église, le nôtre. Notre devenir, notre avenir passe par notre capacité d’entrer dans son cœur pour rejoindre celui de son fils.
Qu’il est grand ce cœur de Marie qui a formé le corps de son fils, l’a nourri de son sang! Personne autre que Marie ne peut dire en se tenant au pied de la croix: voici l’os de mes os, la chair de ma chair (cinéaste Mel Gibson).
Nous sommes des appelés à devenir des cœurs de Marie, et je reprends la finale de l’oraison, à devenir le temple de sa gloire. Marie nous apprend à parler, questionner et exprimer ce que nous vivons quand Jésus semble fuguer de nos vies. Elle nous accompagne dans ce mandat divin de devenir le temple de sa gloire. Marie, la tout humaine, la très humaine, la très sainte nous indique tout ce qui se trouve dans le cœur de son Fils puisque son propre cœur n’existe que dans le cœur de son Fils, parce qu’elle ne parle que du cœur de son Fils.
Le cœur de Jésus se laisse voir dans le cœur de sa mère envahie par la douleur d’avoir perdu son fils. Le parcours de Marie ne fut pas celui d’un fleuve limpide. Que l’on songe à la naissance de Jésus alors qu’elle est en route pour accomplir la loi ou encore à ce départ imprévisible vers l’Égypte sans savoir comment ils seront accueillis là-bas. Luc, ce matin, rapporte le retour angoissant de leur pèlerinage à Jérusalem.
Il en est de même pour chacun de nous dans notre cheminement au quotidien. Ainsi il nous arrive de perdre Jésus de vue quand les événements qui se présentent à nous ne sont pas toujours limpides. Nous avons comme Marie du mal à comprendre pourquoi il nous fait cela. Ne cessons pas comme Marie d’exprimer à Jésus nos fortes émotions quand il s’éloigne de nous. Pourquoi nous fais-tu cela ? Remettons-nous en marche, questionnons notre entourage et gardons dans nos cœurs l’espérance de le retrouver. Notre avenir, notre devenir est de ne jamais quitter Jésus, quoi qu’il arrive.
À votre contemplation : Marie nous aide à entrer dans le cœur de son fils, à contempler avec profondeur son grand cœur. Sa vie est identique à celle de son fils. Seul ce visage, écrit saint Bernard, peut te disposer à voir le Christ. Bénissons Dieu, ce matin, pour toutes les mères, pour toutes les femmes qui portent l’Évangile dans leur cœur à la manière de Marie et qui le donnent à leur proche. AMEN.
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