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2018-B-Lc 11,27-28 -samedi 27e semaine- ontologiquement fraternel

2018-B- samedi de la 27e semaine ordinaire (litbo27s.18)    

Lc 11,27-28 ; Ga 3,22-29 : ontologiquement fraternel     

Qui fait partie de la parenté de Jésus ? Bien des parents à observer leur fils agir comme Jésus, se poseraient des questions sur la santé mentale d’un fils si extraordinaire, voire si extravagant. Et nous, quel regard portons-nous sur ce fils ?

C’est celui d’une double fraternité. Il y a celle de sang qui nous identifie à un père, une mère,  à une famille. Il y a  une  autre fraternité  qui n’exclut personne. Elle est dite universelle. Charles de Foucauld se présente comme frère universel. Sans rejeter les siens, Jésus s’identifie à la seconde fraternité, celle qui est toujours à construire, jamais réalisée. 

Cette fraternité a guidé l’action de Mère Térésa, d’un Martin Luther King, d’un Nelson Mandala et tant d’autres. Cette fraternité que priorise Jésus est tellement prioritaire que la Ligue des Droits de l'Homme organise chaque année un concours de "Poèmes pour la Fraternité". On y découvre de petits joyaux dus à des enfants que saint Jean n’hésiterait pas à y reconnaître comme ces signes nombreux qui ne sont pas écrits dans ce livre.

 Jésus prône une attitude d’ouverture aux autres, attitude qui cherche à nous enrichir de nos différences, à mieux nous comprendre, nous respecter aussi. Une vie en harmonie, le royaume que souhaite Jésus, réside dans ces mots qui sont plus qu’une devise, mais le sommet de la bonne nouvelle : égalité, liberté, fraternité.

Une existence pacifique ne peut pas se dérouler sous le signe de l’écrasement de l’autre. Le rejet des autres rend impossible la vie en société et engendre une insécurité fondamentale. Le déni de la fraternité conduit à des actes de violences inouïes.  Le psalmiste chante la beauté du lien fraternel: voyez qu’il est bon et doux d’habiter en frères tous ensemble! (Ps 132, 1).

 

Mais de quoi parle Jésus au juste ? Ce n’est ni une émotion, ni un «hobby». C’est une injonction-citoyen. C’est un commandement-évangile. Nous sommes consubstantiellement frères de sang et frères planétaires. Nous appartenons tous au Christ (Ga 3, 29). Jacques Attali  donne cette définition: la fraternité, c’est se réjouir de la réussite de l’autre.

L’histoire de la fraternité s'ouvre sur un acte fratricide, celui de Caïn. Puis vient le récit de la tour de Babel, récit d’une fausse fraternité. Songeons au Rwanda. Il suffisait de dire que les Tutsis n’étaient pas des hommes pour qu’il soit légitime de les tuer. Songeons à ce mouvement mondial dit «populisme», véritable ghetto qui promeut  fermeture aux autres et autoprotectionnisme.

La fraternité universelle reste à faire.  Le philosophe musulman Abdennour Bidar[1], dans Plaidoyer pour la fraternité, écrit après les attentats de Paris : nous en avons assez des prêchi-prêcha (p.61). Comment pouvons-nous prétendre vouloir vivre ensemble si nous n’essayons pas de trouver ensemble un sacré partageable (p. 62) Il faut réapprendre, dit-il, cette règle d’or de l’humanisme qui invite à lutter pour et non contre (p. 21). Ne fais pas à autrui tout le mal que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, mais plutôt fais à autrui tout le bien que tu aimerais qu’on te fasse (p. 79). Au début de son livre, il lance tout un défi : spiritualisons nos vies par l’entrée en fraternité universelle (p. 12). Voilà le défi que nous suggère sa réponse.

L’histoire rapporte un évènement qui a beaucoup marqué les jeunes dominicains revenants en Espagne après la découverte de l’Amérique. Ils sont allés voir le plus grand théologien de l’époque, Francisco de Vitoria, et lui ont demandé : pourquoi ne pouvons-nous pas faire des miracles, comme les Apôtres ? Si nous en faisions, les Indiens nous écouteraient, ils croiraient en l’évangile, et tout serait plus simple. Alors pourquoi Dieu ne nous donne-t-il pas ce pouvoir ? Vitoria répondit simplement : vivez la vie commune, vivez ensemble sans vous diviser, et ce sera un véritable miracle, qui convertira les Indiens. Quelle mission vous avez ! AMEN.



[1] Plaidoyer pour la fraternité, Albin Michel, 2015.

 

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Date: 
Lundi, 1 octobre, 2018

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