Année A : samedi de la 2e semaine AVENT (litaa02s.16)
Matthieu 17, 10-13 : veux-tu être Noël ?
En nous approchant de Noël, la liturgie ne veut pas nous faire prendre un faux tournant. Elle ne veut pas nous faire vivre une fausse joie. Elle nous fait déjà entrevoir l'Après-Noël, ce jour où Jésus connaîtra le même sort que les prophètes et que Jean-Baptiste. De même, le Fils de l'homme va souffrir par eux (Mt 17,12). Il va être livré aux mains des hommes (Lc 9, 44). Voici l'agneau de Dieu (Jn 1, 29). Jésus n'a pas été épargné par la souffrance.
Pour Jésus, ne pas souffrir et être absent des souffrances du monde, c'est ne pas se faire proche de nous. Le Dieu de Jésus n'est pas un Dieu despotique, distant. Il est un Dieu avec nous. La naissance de Jésus serait incomplète, Jésus n'aurait pas été parfaitement semblable à nous, s'il s'était refusé à choisir le chemin le plus misérable, celui de la souffrance.
Sans ce souffrir par eux, sans la croix, nous perdons la capacité de contempler les grandes et belles choses du mystère de Noël. Dieu s'est anéanti pour offrir à nos vies par sa souffrance, un nouvel horizon : redonner à l'humain toute sa dignité. Claire d'Assise écrivait à Agnès: nous, humains, sommes plus grands que le ciel parce que Dieu vient demeurer en nous (3LAg). Nous devenons par grâce, ce que Dieu est par nature (Maître Eckhart) .
En ce temps préparatoire à Noël, retentit en moi avec une force dérangeante, ces mots que l'auteur de l'apocalypse adresse à l'Église de Laodicée qui pense être riche et que l'on retrouve à toutes les époques. Je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien (Ap 3, 17). L'auteur ajoute : tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable et pauvre (Ap 3, 17).
Le grand défi de notre temps est d'être ni froid ni tiède (Ap 3, 15) devant le mystère de Noël pour entendre l'appel et la voix de celui qui frappe à la porte et qui vient prendre son repas avec moi (cf. Ap 3, 20). Cette voix n'est ni celle d'Élie, ni celle de Jean-Baptiste, mais elle connaîtra le même sort qu'eux.
Pour entendre cette voix qui est, dans son message, différente des voix du monde, cette voix venue souffrir avec nous et pour nous, il faut passer d'une vie sans consistance, et d'une petite vie bien tranquille, renfermée dans nos greniers et dans nos hôtels, en une vie transformée en feu. Avons-nous une parole, une vie intérieure transformée en feu, en une parole [qui] brûle comme une torche (Sirac 48, 1) ? Quand tout est toujours tranquille en nous, tiède, alors il n'y a pas de Dieu (Pape François, homélie 15/11/16).
Pour entendre le bruissement de Jésus, qui n'est pas semblable à tous les bruissements du monde, il faut passer en mode contemplation. Sans elle, sans ces petits moments d'oraison, ces petits «branchements» sur Dieu, les bruits de Noël risquent d'étouffer le bruit ténu de celui qui frappe à la porte.
Pour se faire entendre, pour souhaiter se faire inviter à nos fêtes, Jésus nous dit, comme il a dit à Zachée : invite-moi chez toi. Mieux, il faut que j'aille chez toi (Lc 19, 5). Non pas « je veux», mais «il faut». Ce « il faut» a fait descendre Zachée vers Jésus. Ce «il faut» cache quelque chose de très beau, la bienveillance de Jésus à son endroit. Ce «il faut» entendu par Zachée, fut son Noël.
À votre contemplation : Invite-moi chez toi. Ne pas reconnaître le moment où Dieu nous visite (cf. Lc 19, 41-44), voilà le drame de tous les temps, de notre temps, notre drame. Que le Seigneur nous donne de reconnaître le temps où nous avons été visités, où nous sommes visités et où nous serons visités. Ce sera le commencement d'une histoire nouvelle, d'une histoire en marche vers une vie redoutable, celle transformée en don de soi, en véritable prophète de Dieu pour notre temps. AMEN.
Commentaires
Magnifique, merci!
Soumis par marie le ven, 12/09/2016 - 20:17Magnifique, merci!
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