Année C: Samedi, 4e semaine ordinaire (litco04s.16)
Marc 6 : 30-34 : venez à l'écart; les martyrs Miki et compagnons
Venez à l'écart. Attention, c'est une invitation dangereuse. Très risquée. Ce matin, c'est un appel à vivre un vrai exode. Si nous prenons au sérieux cette invitation, nous n'en sortirons pas indemnes. Jésus nous propose de sortir d'une existence tout extérieure pour entreprendre une vie immergée en lui, avec courage et générosité. Notre personne, notre histoire, nos attitudes et notre style de vie, tout alors sera changé.
En nous appelant à lui sur la haute montagne de sa divinité, en nous invitant à entrer dans le lieu où il habite avec le Père, Jésus nous dit son intention de nous transformer selon son cœur. Il nous dit son souhait de nous faire lui. De former en nous un cœur nouveau, un cœur de chair semblable au sien.
Venez à l'écart : le silence est le chemin pour voir nos vieux coeurs de pierre remplacer en coeurs capables de sentir, de penser et d’aimer comme Dieu lui-même. Ce qui est dangereux sur la montagne, à l'écart, c'est d'entendre le souffle léger de son Esprit. C'est d'être ébranlé par une brise légère (1 R 19, 12). Ici, sommes-nous des ébranlés perpétuels ?
À l'écart, nous pouvons mieux percevoir cette voix qui désire nous faire don de son propre cœur pour que nous puissions mener une vie comme la sienne, selon le saint évangile, une vie à aimer comme il nous a aimés : vous aussi, aimez-vous les uns les autres (Jn 13, 34). À être parfaits comme il nous le demande : soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt 5, 48).
À l'écart, en nous rendant plus disponibles à sa voix, en n'ayant rien d'autre à regarder que son Visage, l'artisan Jésus peut plus librement nous façonner à son image. Claire d'Assise précisera: regarde-le jusqu'en être transformé. Elle aurait pu citer à Agnès ce proverbe qu'elle connaissait sans doute : repose-toi sur le Seigneur de tout ton coeur, ne t'appuie pas sur ton propre entendement; en toutes tes démarches, reconnais-le et il aplanira tes sentiers (Pr 3, 3-6).
À l'écart, pour apprendre à nous appuyer sur le Seigneur et non sur notre propre entendement. C'est le vrai défi, celui de l'abandon à un autre. Difficile à relever parce que nous désirons tout dominer, tout contrôler ce qui nous arrive. Quand nous ne pouvons pas dominer les autres, les contrôler et les maitriser, il peut arriver que nous soyons angoissés. Le proverbe disait et c'est le point crucial: reconnais-le, il aplanira les sentiers. Pour passer de soi et l'autre, de notre entendement au sien, un chemin incontournable est à prendre: reconnais-le. Regarde-le dans le miroir de sa Croix.
Comment se vit ici cet appel à l'écart ? Au silence ? À la clôture ? À se tenir sur la montagne ? Comment se vit ce style de vie ? Ici, nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Nous ne cherchons pas à devenir meilleurs que les autres, mais seulement à le regarder, le reconnaître parce que nous savons que nous sommes des regardés, des reconnus. Dieu nous contemple avant que nous le contemplions. Il a jeté les yeux sur son humble servante. Une phrase à se dire, à se redire, que chaque chrétien répétera jusqu'à la fin des temps.
À l'écart, Jésus introduit dans nos veines une attirance pour sa personne. Attirance tellement forte qu'elle nous pousse à rayonner sa personne jusqu'à porter l'Évangile, jusqu'à être des épiphanies de Dieu comme l'ont fait Paul Miki et ses compagnons. C'est parce que leur relation à Jésus était fondée sur le roc de leur foi, née de leur temps d'intimité avec lui, que ces martyrs du Japon, du haut de leur croix, chantèrent un psaume de louange au Seigneur.
Comme l'exprime l'information annonçant la présentation de la 3e lettre à l'occasion de l'année de la vie consacrée, nous sommes tous des appelés pour reconnaître le mystère de grâce qui nous nourrit, nous passionne et nous transfigure. AMEN.
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