Année C: treizième dimanche ordinaire (litco13d.160
Luc 9, 51-62 : qu'est-ce que ça donne à Jésus ?
Ma question est surprenante. Elle n'est que très rarement posée de cette façon. Qu'est-ce que ça rapporte à Jésus de le suivre ? Dit autrement, quel intérêt Jésus a-t-il de nous demander sans relâche de le suivre ? Pourquoi Jésus s’entoure-t-il de disciples ? Retire-t-il un bienfait de nous voir le suivre?
Pourtant, court tout au long de l'évangile un appel que nous entendons ce matin à nouveau: suis-moi. Comment expliquer un tel désir et un tel empressement de Jésus de nous associer à son projet de cons-truire ce qu'il appelle son Royaume alors qu'il sait pertinemment que nous lui causerons beaucoup de problèmes ?
Allons plus loin, Jésus ne manque pas d'audace en ajoutant, à chaque fois qu'il appelle quelqu'un à le sui-vre, que le fils de l'homme doit être rejeté par les anciens, être mis à mort. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi, sera mon serviteur (Jn 12, 26). Jésus ne joue pas à cachette. Il ne nous fait pas des «à croire», ni ne s'engage à ce que tout soit très beau. Jésus, très honnête, n'est pas un vendeur de rêve. Il est très réaliste quand avec courage [il prend] la route de Jérusalem.
Je repose ma question autrement ? Quel avantage avons-nous de suivre quelqu'un dont la seule exigence est de prendre sa croix ? Sommes-nous empressés de maintenir le coup de foudre, l'enthousiasme de suivre Jésus sans regarder en arrière, sans d'abord faire mes adieux aux gens de ma maison ? Devant les rigueurs de la route, devant les demandes répétées et très exigeantes qu'on ne peut utiliser comme pré-texte pour le suivre la satisfaction de notre égoïsme, comme le signifie Paul aux Galates (Gal 5,13) dans la seconde lecture, le risque est grand de désirer revenir à nos marmites. En arrière.
Jésus appelle, mais la lune de miel est souvent de courte durée. Le divorce est très souvent envisagé comme solution tant notre enthousiasme en prend pour son rhume selon une belle expression d'ici.
Ma réponse à ma question, vous la connaissez: ça ne donne rien à Jésus. Alors pourquoi insiste-t-il tant à s'entourer d'une équipe dont il sait qu'elle se divisera à son sujet, dont il sait que certains se disputeront la première place près de lui.
Jésus n'est pas venu nous apporter quelque chose de matériel. Jésus n'appelle pas pour offrir un emploi bien rémunéré. Il ne nous offre pas un plan de carrière qui nous fera prendre de l'échelon ou une recette pour nous donner une plus grande renommée. Alors pourquoi tant d'insistance à nous appeler à sa suite ? Jésus veut nous associer à son projet de construire une maison neuve, l'évangile dit un royaume, dans laquelle nous pourrions comme humain être et vivre heureux.
Nos réponses peuvent prendre différents chemins. Mais toutes nos réponses se résument par son désir de nous voir vivre comme Lui. De nous voir des coassociés à son plan de construction de cette nouvelle maison. Jésus veut nous avoir avec lui, comme il se plait d'être avec nous. Dieu avec nous, dit-on. Jésus nous veut, nous choisit, nous appelle pour entrer dans son intimité. Nous sommes participants de sa divinité ( 2 Pi 1, 4).
Nous regardons beaucoup du côté des exigences quand il s'agit de suivre Jésus. Exigence de conversion, de changement; exigence de n'avoir pas deux tuniques, de tout laisser. La liste semble interminable. Sachons qu'il veut que nous menions une vie de louange et gloire comme l'intuitionne Élisabeth de la Trinité, morte très jeune. Une vie où Dieu est mon bonheur et ma joie (Ps).
Je termine. Notre identité la plus profonde, et c'est l'inouï de l'appel de Jésus, est que nous devenions habités par la joie. Je n'ai pas d'autre bonheur que toi. Tu m'apprends le chemin de la vie, devant ta face, débordement de joie. Avec joie, devenons des petites merveilleuses eucharistiques. AMEN.
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