Année C: mardi de la 26e semaine ordinaire (litco26m.16)
Luc 9, 51-56 : la violence n’est pas le plan de Dieu
Mais Jésus les réprimanda. Arrivé à un moment décisif de son ministère, montant à Jérusalem, Jésus refusa d’approuver le geste de destruction entrevue par les non moindres des apôtres, Jacques et Jean, qu’il avait envoyé en avant de lui.
Ces derniers, se sentant offusqués de ne pouvoir réaliser le mandat explicite de préparer le passage de Jésus en Samarie, leur animosité monte d’un cran. Ils réagissent immédiatement au refus des Samaritains. Ils y voient un manque d’égards outrageant à l’endroit de Jésus. Très enthousiastes, ils appellent sur eux la foudre. Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ?
Tout autre est l’attitude de Jésus. La violence, leur dit-il, est d’une autre époque. Et, dit Luc, ils partirent pour un autre village. La réponse de Jésus aux fils de Zébédée (cf. Mc 10, 35), les fils du tonnerre (cf. Mc 3, 17), prêts à maudire, est sans appel. Il leur donne une bonne leçon de sa manière d’agir. Il n’est pas venu habiter chez nous pour agir comme les fils de ce monde (cf. Lc 16, 8) en supprimant opposants et adversaires.
Jésus refuse leur attitude d’hostilité et de vengeance. Il refuse d’être un semeur de division. Plutôt que d’accroître les oppositions à sa personne, Jésus préfère prendre un autre chemin. Il recherche non pas la guerre, mais la paix. Plutôt que d’accélérer l’enfermement des samaritains sur eux-mêmes, Jésus préfère les en sortir. Ce que je désire, n’est-ce pas, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive (Éz 18, 23).
En refusant d’approuver ses disciples, Jésus indique un chemin d’évangélisation. Il réclame pour les samaritains la liberté de l’accueillir ou de le rejeter. Il refuse à ses disciples de le présenter sous une fausse image, celle d’un messie tout puissant venu restaurer un peuple en perte d’autonomie. Il refuse qu’on utilise son nom, son saint nom, pour justifier la violence, la haine ou son intérêt personnel (Zénith, 7/8/16). Il souhaite être perçu comme un simple habitant de Nazareth payant ses dîmes à César.
L’attitude de Jésus est toujours actuelle. Que de fausses images avons-nous de Dieu ! Certains veulent le cantonner à l’espace limité de leurs désirs et de leurs propres convictions. D’autres le réduisent à une fausse idole et utilisent son nom pour justifier et promouvoir la violence. Pour d’autres, Dieu est un refuge psychologique, rassurant dans les moments difficiles. D’autres préfèrent une foi repliée sur elle-même, imperméable à la force de l’amour miséricordieux du Père. Certains, enfin, se complaisent dans un rapport purement intimiste avec Jésus, refusant l’élan missionnaire capable de changer le monde et l’Histoire.
Devant l’insouciance et la grande ignorance de Dieu, Vincent de Paul, dont nous faisons mémoire aujourd’hui, a inauguré un grand mouvement qui dure encore aujourd’hui, celui des prêtres de saint Vincent de Paul et des filles de la Charité. Il a voulu aider Dieu en aidant les plus démunis. Pour lui, on ne quitte pas Dieu quand on œuvre près des pauvres.
Dans ce monde qui rejette Dieu ou plus exactement une image de Dieu, qu’il est difficile pour tout évangélisateur de garder cette attitude de compassion et de bienveillance. Que de retenue il faut pour ne pas ajouter de l’huile sur le feu des conflits, voire des violences au nom de Dieu.
Puisse Jésus ce matin, nous reprendre vivement lorsque nous souhaitons, comme Jacques et Jean, punir ceux qui rejettent Jésus. Devant les détracteurs de la foi, que Monsieur Vincent nous indique son chemin, celui de la charité. AMEN.
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