Année C : Mardi de la 33e semaine ordinaire (litco33m.16)
Luc 19, 1-10 : Zachée, comment voir Jésus ?
Comment « voir » Jésus ? C’est la question de tout le monde. Comment « voir» dans le sens de connaître, de s’approcher de Jésus quand on est réputé ou classé membre de l’État islamique ou Daech, dirions-nous aujourd’hui ? Zachée, c’est l’itinéraire de chaque croyant. Qui aujourd’hui n’est pas ce Zachée qui a besoin d’être libéré de son emprise sur les biens de la terre, de son souci d’accroître son ego, son paraître ?
Pour goûter cet évangile, laissons-nous surprendre pour les innombrables surprises qui jaillissent à chaque phrase du texte. Première surprise : Zachée, coupé des autres, enfermé dans ses avoirs et toujours soucieux comme le riche d’agrandir ses greniers (cf. Lc 12, 13-21), court grimper dans un arbre.
Lui, petit monsieur vivant, dit Lytta Basset, un fort sentiment d’infériorité et de mésestime de lui-même (in Oser la bienveillance, p. 322), va se cacher dans les feuillages d’un arbre, le sycomore, qui est un symbole de protection, de sécurité. Il se cache dans un arbre parce qu'il se sentait regardé de travers par la foule. Jésus, lui, parce qu'il ne le voit pas comme un drogué de l’argent, mais comme un humain assoiffé de dépassement, s'invite chez lui. Étonnant pour Zachée, il ne s’arrête pas à son passé. Il entrevoit seulement que son cœur tout recroquevillé est capable de s’ouvrir aux autres.
Autre surprise, il s’entend appeler par son nom et surtout, il réalise que malgré le poids de sa réputation, Jésus ne passe pas outre comme ce prêtre et ce lévite (Cf. Lc 10, 25-37). Plus que s’inviter chez lui, Jésus lui dit, surprise incroyable, il faut que j’aille dans ta maison. Non pas: je veux, mais il faut. Ce il faut, cache que quelque chose de plus fort semble pousser Jésus vers Zachée. Ce quelque chose, c'est la bienveillance de Jésus.
Zachée est tellement heureux, ébranlé intérieurement par ce il faut, qu’il change du tout pour le tout. Renversement à 180 degrés. Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. Lui, le pauvre même s’il a tout, le pauvre d’amis, le pauvre de joie, ajoute à sa joie déjà très grande de recevoir Jésus, celle de s’entendre dire aujourd’hui: le salut est arrivé à cette maison. Dire cela à un Daech (Zachée), c'est la pure folie de Jésus. N'est-il pas venu nous dire qu'il est fou de nous !
Zachée voulait voir qui était Jésus et il l’a vu. Non seulement il a vu Jésus comme Seigneur, mais il voit les torts que son comportement autoréférentiel, pour citer le pape François, a pu causer aux autres. Le il faut a été accueilli comme un geste de bienveillance à son endroit et l’a poussé à se décentrer de lui-même. Je rends le quadruple à toute personne que j’ai lésée.
Voyant qui était Jésus, Zachée a commencé à voir qui il était lui-même. Voilà le beau renversement de cette rencontre. Il a commencé à vivre debout et non plus écrasé par sa réputation, délivré de la honte qui l’étouffait. Il sort de son tombeau et se sent ressuscité. Revivre. Tout cela s’est produit en lui sans le moindre reproche de la part de Jésus. Sans la moindre condamnation.
Zachée nous dit qu’accueillir Jésus, c’est être sauvé de soi-même. Son itinéraire de transformation de lui-même en homme ouvert aux autres, est l’expérience que chacun éprouve quand il rencontre vraiment Jésus. Merveilleuse rencontre !
Question : suis-je aujourd’hui transformé par ce Jésus qui habite en moi comme le fut Zachée ou suis-je davantage accaparé par mes avoirs, que soucieux des autres ? L’apocalypse, ce livre plutôt difficile à comprendre, vient de nous dire: je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien [...] alors, je te le conseille, achète chez moi [...] un remède pour l’appliquer sur tes yeux afin que tu voies. Ce remède, c’est rencontrer Jésus et l'entendre nous dire avec bienveillance: il faut que j’aille demeurer dans ta maison. AMEN.
Commentaires
Nous Vons chacun ce grand
Soumis par Harold le lun, 11/14/2016 - 20:13Nous Vons chacun ce grand besoin de recevoir ce Christ qui ne juge pas et qui ose s'inviter chez soi. Merci pour votre belle réflexion.
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